À l’occasion de la COP23, Hélène Valade, vice-présidente du Collège des Directeurs du Développement Durable et directrice Développement Durable du groupe Suez, revient sur l’avancée des stratégies climat des entreprises membres du C3D.
Depuis la COP 21, et l’annonce des Etats-Unis de sortir de l’Accord de Paris, où en est-on de la mobilisation des entreprises en matière de lutte contre le changement climatique ?
Hélène Valade – Vice-Présidente du C3D, Directrice Développement durable de Suez Environnement : Je ne constate aucun fléchissement de la mobilisation des entreprises membres du C3D sur la dimension climatique, bien au contraire. Aujourd’hui, la tendance est plutôt à l’implémentation des politiques climat au cœur même des stratégies d’entreprise. Au moment de la COP21, les entreprises ont pris des engagements portant à la fois sur la réduction de leurs émissions carbone et sur la part de leurs budgets Recherche & Développement consacrée aux solutions bas-carbone. Depuis, elles ont mis en œuvre les plans d’action qui permettent de les atteindre. A cet égard, le Sommet sur le climat du 12 décembre sera l’occasion de faire le bilan de ces deux dernières années : c’est l’exercice auquel le Medef, en partenariat avec d’autres acteurs tels que le C3D se livrera lors d’un évènement qui aura lieu la veille, le 11 décembre.
L’étude annuelle du Carbon Disclosure Project, rendue public le 24 octobre, confirme que le climat devient stratégique pour les grandes entreprises : 98 % des entreprises de l’échantillon étudié ont placé les responsabilités relatives au changement climatique au niveau du conseil d’administration ou de la direction tandis que 90 % d’entre elles ont mis en place des incitations financières récompensant l’atteinte des objectifs climatiques de l’entreprise. Ces derniers s’inscrivent de plus en plus dans une perspective de temps long : 68 % des entreprises ont des objectifs à l’horizon 2020 et au-delà, contre 55 % en 2016. Il n’en reste pas moins que les efforts doivent redoubler : le CDP souligne en effet que sur les 1 829 entreprises de l’échantillon, seules 1 073 ont répondu à la demande de communication des données. Parmi elles, 7 groupes français obtiennent la note A sur l’engagement climatique : Atos, Kering, Klépierre, L’oréal, Schneider Electric, Sopra Steria et Suez.
Cette inscription de l’enjeu climatique dans la stratégie des entreprises fait l’objet d’attentes de plus en plus concrètes de la part des investisseurs. Elle est par ailleurs fortement encouragée par l’article 173 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, qui élargit les obligations des entreprises en matière de reporting climat et qui, ce faisant les incite à inscrire leur stratégie dans le scénario 2 degrés.
Même si l’on peut regretter que les choses n’aillent pas assez vite, il y a là des signes incontestables d’un mouvement irréversible et le retour en arrière me semble impossible. A cet égard, il est très significatif que de nombreuses entreprises américaines, mais aussi des villes et des Etats se soient mobilisés à la suite de l’annonce du Président américain de se retirer de l’Accord de Paris, et ont clairement fait la preuve de leur volonté de poursuivre leurs stratégies climatiques...
[ODD2030-13], [CdP23-climat]
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