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Territoires à énergie positive : un soutien indispensable pour les zones insulaires


Alors que le gouvernement semble hésiter sur la suite à donner aux Territoires à énergie positive (Tepos), de nombreuses initiatives locales se développent dans le cadre de ce dispositif comme autant de preuves de sa pertinence. Les Dom-Tom et l’ensemble des territoires insulaires de manière générale (comme les îles du Ponant par exemple) comptent notamment pleinement sur ce mécanisme d’aides financières pour garantir leur autonomie énergétique, et devenir à terme des territoires d’excellence de la transition énergétique et écologique.

Les Tepos, pour un modèle de développement local plus sobre en énergie

Créés dans le cadre de la loi de transition énergétique, les Tepos pour « Territoires à énergie positive », ont pour mission de devenir autonomes en énergie et de produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment, via la réalisation de travaux d’économies d’énergie et l'augmentation des capacités de production renouvelable. Les collectivités locales s’engagent dans ce cadre, contre subventions de l’Etat ou conditions financières avantageuses, à réduire les besoins en énergie de leurs habitants, des constructions, des activités économiques, des transports, et à adopter à terme un programme d’actions orienté vers un nouveau modèle de développement, plus sobre et plus économe.

Depuis 2014 et l’appel à initiatives du même nom lancé par le ministère de l'environnement de l’époque, plus de 500 territoires lauréats ont été désignés sous l’autorité de Ségolène Royal, portant à 750 millions d'euros l'ensemble des engagements conclus par l'Etat. Un financement important donc qui semble désormais peser sur le budget du nouveau ministère de la Transition écologique et solidaire moins enclin à supporter ces initiatives locales alors que seuls 400 millions d’euros ont été crédités jusqu’à présent. En effet, si le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique, Sébastien Lecornu, a bel et bien annoncé mardi 14 novembre 2017, le déblocage d’une enveloppe exceptionnelle de 75 millions d’euros pour combler une partie du manque de financements, 275 millions d’euros manquent toujours à l’appel et la volonté de Nicolas Hulot de réduire ces financements par un suivi plus stricte des projets, inquiètent les élus locaux. L'association Amorce a notamment fait part de sa « déception » alors que « beaucoup de collectivités ont misé sur ce dispositif », selon son porte-parole Nicolas Garnier. « C'est très mauvais pour la mobilisation des collectivités locales » à l'avenir, explique-t-il à l’AFP, appelant l'Etat à « respecter » l'engagement pris lors de la signature des conventions.

Un dispositif déterminant dans les zones insulaires non interconnectées

Inquiets, les élus locaux des Dom-Tom et autres territoires insulaires non interconnectés au réseau continental le sont encore plus. Car si le programme Tepos est déterminant pour encourager la transition énergétique à l’échelle locale dans l’Hexagone, cela est encore plus vrai dans ces zones insulaires contraintes d’importer encore massivement des ressources fossiles (fioul, charbon, carburants), et dans lesquelles la faible taille des systèmes électriques conjuguée à la non interconnexion des réseaux, induit généralement une plus grande fragilité.

Ces territoires disposent néanmoins d’atouts considérables avec des potentiels de production généralement très élevés en matière d’énergies solaire, éolienne, biomasse ou marines renouvelables, et les collectivités tentent désormais, grâce au soutien de l’Etat obtenu dans le cadre des Tepos et au concours du fournisseur EDF, d’exploiter progressivement ces ressources d’avenir. L'hydraulique et la bagasse assurent déjà par exemple près de 30 % de la production en énergie de l'île de la Réunion qui poursuit sa démarche innovante par l’expérimentation d’un microgrid solaire autonome dans le cirque de Mafate, et regroupe pas moins de quatre Tepos (Communauté Intercommunale des Villes Solidaires, Communauté Intercommunale Réunion Est, Commune de la Possession, Territoire de la Côte Ouest). On retrouve également plus de 14 Tepos en Guadeloupe, quatre en Martinique, huit en Guyane, un à Mayotte et un autre regroupant les îles du Ponant au large des côtes du Finistère et du Morbihan, signe que ce dispositif est aujourd’hui pleinement intégré.

Des Tepos insulaires au service de l’autonomie énergétique

Les fonds obtenus dans le cadre de ces Tepos ont offert de nouvelles opportunités à ces territoires éloignés du continent et leur ont permis d’agir pour leur autonomie énergétique en soutenant le développement des énergies renouvelables bien sûr, mais pas seulement. Outre les énergies vertes, des projets de smartgrids et de microgrids en faveur de l’efficacité énergétique y sont développés et facilitent l’installation de chauffe-eaux solaires, ou de panneaux photovoltaïques chez les professionnels comme chez les particuliers. La Réunion et la Corse par exemple ont largement investi dans les chauffe-eaux solaires ces dernières années, et La Réunion est même devenue le second territoire européen à être le plus équipé en chauffe-eaux solaires (juste derrière Chypre), grâce à une politique régionale largement incitative.

Plus près de la métropole, les îles du Ponant ont déjà réalisé des avancées importantes en matière de transition énergétique. En partenariat avec la région, l’Ademe et la direction Systèmes énergétiques insulaires d’EDF (EDF-SEI), plusieurs actions d’envergure ont été mises en place, comme la distribution d’ampoules LED, la réalisation de travaux d’isolation dans les bâtiments publics, l’aide au remplacement des appareils à froid trop énergivores, ou encore l’incitation financière à la rénovation énergétique des logements. Des poulaillers ont même été distribués aux îliens qui souhaitaient réduire leurs déchets de manière écologique.

Auteur : Philippe Marnier

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