A l’occasion du One Planet Summit organisé par Emmanuel Macron le 12 décembre, Attac France publie un nouveau rapport intitulé « La finance verte est-elle vraiment verte ? ». L’analyse du fonctionnement du marché des obligations vertes montre que ce nouvel instrument financier n’apporte pas assez de garantie et ne permet pas d’exclure le financement de projets qui ne sont pas climato-compatibles. Nous appelons les pouvoirs publics à réguler en urgence le marché et à agir pour rendre l’ensemble du marché obligataire mondial « vert ».
Les financements nécessaires pour mettre en œuvre la transition énergétique mondiale, rendre l’économie mondiale soutenable et faire face aux conséquences des dérèglements climatiques sont colossaux. Ils sont généralement estimés dans une fourchette allant de 2 à 5% du PIB mondial, soit plusieurs milliers de milliards de dollars annuelsi. Estimation qui ne tient pas compte de l’ensemble des Objectifs du développement durable (ODD), adoptés par l’Assemblée générale des Nations-Unies en septembre 2015 : leur réalisation implique de débloquer d’importants financements additionnels pour des secteurs qui en sont faiblement dotés tels que l’accès à l’eau, la protection des populations et de l’environnement ou la santé. Ces besoins interviennent dans un contexte de disette budgétaire et de désengagement progressif des États qui se limitent souvent à renommer « climat » des financements historiquement dévolus à l’aide au développement.
La transition énergétique mondiale implique donc un transfert massif des investissements jusqu’ici orientés vers les secteurs industriels dépendant des énergies fossiles vers des secteurs climato-compatibles tels que les énergies renouvelables ou l’efficacité énergétique. Si l’on en croit les dernières données disponibles, le défi est de taille puisque les investissements dans les énergies renouvelables étaient en baisse de 23 % en 2016, tombant à 242 milliards d’euros, soit leur niveau de 2010ii. Tandis que les investissements dans les énergies fossiles, bien qu’en baisse également, représentaient encore 708 milliards de dollars en 2016, soit 42% de l’ensemble des investissements dans le secteur de l’énergieiii. En 2016, chaque fois que l’économie mondiale a investi un dollar dans les énergies renouvelables, trois dollars l’ont été dans les énergies fossiles.
L’un des principaux défis est donc d’utiliser les leviers politiques, économiques et financiers, qu’ils soient déjà disponibles ou qu’ils faillent les inventer, pour accélérer sans attendre une transition vers des investissements sobres en carbone. « Shifting the trillions » – déplacer les milliers de milliards de dollars – répondent en cœur les promoteurs de la « finance verte » qui explique que la création de nouveaux marchés et outils financiers verts vont permettre de relever ce défi.
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