L’Égypte se caractérise par un niveau de tarification de l’électricité relativement bas, du fait de sa vaste politique de subventionnement, de ses faibles importations d’énergie, de ses grandes réserves de gaz naturel et d’une stratégie de développement des énergies renouvelables jusqu’ici concentrée sur l’éolien à grande échelle. En effet, sa capacité atteignait 810 MW en 2016, faisant de l’Égypte la seconde puissance éolienne du continent, derrière l’Afrique du Sud.
En septembre 2014, le ministère égyptien de l’Énergie et de l’Électricité a lancé un programme de tarifs de rachat (feed-in tariff) en faveur des projets solaires photovoltaïques et éoliens afin de stimuler la production des énergies renouvelables dans le pays, en permettant aux producteurs de revendre leur électricité au réseau central dans le cadre d’un Power Purchase Agreement : il s’agit d’un contrat d’achat d’électricité par un fournisseur d’électricité à un producteur indépendant d’électricité, permettant à celui-ci de garantir la rentabilité de son installation en assurant l’écoulement de sa production à un prix fixé à l’avance. De par ce système de subventionnement, l’Égypte espère parvenir à une capacité photovoltaïque de 2300 MW et à une capacité éolienne de 2000 MW. En effet, le pays cherche à diversifier son mix énergétique pour réduire sa dépendance des énergies fossiles, qui comptent encore pour plus de 90% de sa production nationale d’électricité, et satisfaire une demande actuellement supérieure à 32 GW pour une capacité de production de 28 GW. Pour ce faire, le gouvernement s’est fixé pour objectif de faire passer les énergies renouvelables à 20% de sa production électrique d’ici 2020 et à 42% à l’horizon 2035.
Et pourtant, ce n’est qu’en 2017 – à savoir quelques mois avant l’expiration du programme égyptien de Feed-in Tarif (FIT) – que la Commission de régulation de l’énergie (Regulatory Agency) a commencé à prendre des décisions véritablement susceptibles de changer le secteur du photovoltaïque, tout particulièrement, en modifiant le cadre juridique du service de facturation nette. Cette nouvelle règlementation a, d’une part, autorisé le rachat des surplus d’énergie générés par ces installations dites de net metering, de l’autre, fait passer de 500 kW à 20 MW le plafond de ces mêmes installations, et, troisièmement, permis aux clients directement connectés au réseau de transmission électrique de se munir à leur tour d’installations de net metering.
Alors, comment marche le système de net metering égyptien? C’est très simple. Lorsqu’une installation photovoltaïque génère plus d’énergie que requis par les besoins relatifs au site de production, le propriétaire de cette installation a la possibilité d’exporter le surplus d’énergie générée dans le réseau national. L’accord est axé sur une base mensuelle, et dans le cas d’un surplus d’énergie, celui-ci est considéré comme un crédit dont le client pourra se prévaloir au cours des mois suivants. Or, il s’agit de l’un des avantages proposés aux investisseurs dans les installations photovoltaïques, car en cas de persistance de surplus d’énergie produite à la fin de l’année, la compagnie responsable de la fourniture d’électricité sur le réseau central pourra alors racheter ce surplus à un prix équivalant au coût évité pour produire cette même quantité d’énergie dans une centrale appartenant au parc de production national. Ce dernier coût est annuellement calculé par la commission de régulation, qui l’a fixé à 0,714 livre égyptienne par kilowatt (soit 3 centimes d’euro) pour l’année 2017-2018.
Cependant, il faut savoir que ce système de net metering n’est applicable qu’aux seules technologies solaires photovoltaïques et s’il est vrai que la capacité de ces installations ne peut pas dépasser la limite de 20 MW, un même investisseur peut en revanche multiplier les installations. Par ailleurs, les systèmes de production d’énergie renouvelable de net metering d’une capacité allant jusqu’à 500 kW ne sont pas tenus d’obtenir une licence d’exploitation auprès de la commission de régulation. Enfin, ce système de facturation nette ne peut que bénéficier aux propriétaires de petites installations, tels les systèmes photovoltaïques sur toiture, dans la mesure où le coût des technologies photovoltaïques ne cesse de baisser alors que les tarifs de l’électricité au détail connaissent une hausse constante. C’est pourquoi ce système est largement considéré comme l’option la plus efficace pour stimuler le développement des technologies d’énergies renouvelables connectées au réseau.
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