Selon les premières données officielles recueillies par l’OCDE, l’aide extérieure dispensée par des donneurs publics a atteint 146.6 milliards USD en 2017, soit un léger recul de 0.6 % en termes réels par rapport à 2016, marqué par une diminution des dépenses consacrées aux réfugiés dans les pays donneurs et par une augmentation des apports consacrés aux pays ayant le plus besoin d’aide.
Si l’on exclut le coût des réfugiés dans les pays donneurs, les apports nets d’aide publique au développement (APD) ont augmenté de 1.1 % en termes réels par rapport à 2016 (après correction de l’inflation et des fluctuations de change). L’APD affectée à l’accueil des réfugiés par les pays donneurs a chuté de 13.6 %, pour s’établir à 14.2 milliards USD, sous l’effet d’une baisse des arrivées de réfugiés, en Europe principalement. Les coûts des réfugiés dans les pays donneurs ont représenté 9.7 % des apports net d’APD, contre 11 % en 2016.
L’aide bilatérale (de pays à pays) aux pays les moins avancés a augmenté de 4 % en termes réels, culminant à 26 milliards USD après plusieurs années de baisse. L’aide à l’Afrique en général a augmenté de 3 % pour s’établir à 29 milliards USD ; s’agissant spécifiquement de l’aide à l’Afrique subsaharienne, elle a progressé dans les mêmes proportions pour atteindre 25 milliards USD. L’aide humanitaire a augmenté de 6.1 % en termes réels, passant à 15.5 milliards USD.
En conséquence du léger affaissement de l’aide au développement, le montant total de l’APD provenant des membres du Comité d’aide au développement (CAD) a représenté à peine 0.31 % du revenu national brut (RNB) cumulé de ces pays, en léger retrait par rapport à 0.32% en 2016 et bien en-dessous de l’objectif de 0.7 % minimum fixé par les Nations Unies.
« Il est encourageant de constater que davantage de ressources vont aux pays qui en ont le plus besoin, mais ce n’est pas encore assez. Trop de donneurs restent bien loin de l’objectif de 0.7 %, » a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría, lorsqu’il a présenté les chiffres pour 2017. « Soutenir les pays en développement par le biais de l’APD est le moyen le plus rapide de faire prévaloir la stabilité et la croissance inclusive. Pour ces pays, elle sera essentielle à la réalisation des Objectifs de développement durable. Les pays donneurs devraient mettre à profit la période de croissance économique actuelle pour intensifier leurs efforts, pour augmenter leur niveaux d’aide au développement et assurer que cette aide aille aux pays ayant le plus besoin.»
Une règle du CAD datant de 1988 autorise les pays donneurs à comptabiliser dans l’APD certaines dépenses consacrées aux réfugiés sur leur territoire pendant la première année qui suit leur arrivée. L’Australie, la Corée et le Luxembourg n’ont comptabilisé dans leur APD aucune dépense concernant les réfugiés sur leur territoire en 2017, mais neuf pays ont affecté à ces derniers plus de 10 % de leur APD. Parmi eux, l’Allemagne, la Grèce, l’Islande et l’Italie ont employé plus de 20 % de leur APD à la prise en charge du coût des réfugiés sur leur territoire.
Globalement, en 2017 l’APD nette totale s’est accrue dans 11 pays, les hausses les plus fortes ayant été enregistrées en France, en Italie, au Japon et en Suède. L’APD a baissé dans 18 pays, souvent en raison de la baisse des arrivées de réfugiés, les replis les plus marqués ayant été observés en Australie, en Autriche, en Espagne, en Grèce, en Hongrie, en Norvège, en Slovénie et en Suisse. Parmi les non-membres du CAD qui communiquent à l’organe de l’OCDE des données sur leurs apports d’aide, ce sont les Émirats arabes unis qui ont notifié le rapport APD/RNB le plus élevé en 2017 (1.31 %) et la Turquie arrive en deuxième place (0.95%).
« Il est encourageant de constater que l’APD acheminée vers les pays les moins avancés augmente, et j’appelle les membres du CAD à poursuivre leurs efforts. Nous devrions toujours avoir pour objectif de réserver l’APD à des investissements de long terme dans les pays qui en ont le plus besoin, et bien réfléchir avant de l’utiliser sous forme de prêts en faveur de pays à revenu intermédiaire », a déclaré la Présidente du CAD, Mme Charlotte Petri Gornitzka.
En 2017, cinq membres du CAD – Danemark, Luxembourg, Norvège, Suède et Royaume-Uni – ont atteint l’objectif fixé par les Nations Unies de maintenir l’APD à un niveau égal ou supérieur à 0.7 %. Après avoir atteint l’objectif en 2016, l’Allemagne est repassée en 2017 au-dessous du seuil fixé, rejoignant les 24 autres donneurs du CAD dont le rapport APD/RNB est inférieur à 0.7 %.
L’APD représente plus des deux tiers du financement extérieur affecté aux pays les moins avancés, et le CAD s’emploie à faire en sorte qu’elle soit mieux utilisée comme levier pour mobiliser l’investissement privé et accroître les recettes fiscales intérieures dans les pays pauvres, et contribuer ainsi à la réalisation des objectifs de développement durable fixés par l’ONU.
L’APD est principalement acheminée sous forme de dons, mais le volume de prêts accordés à des pays en développement a cependant augmenté en 2017, de 13 %. Pour certains donneurs, les prêts concessionnels ont représenté plus du quart de l’APD bilatérale.
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