Quatre jours de débats, 13 pages de recommandations, trois « grandes mesures », un Fonds commun: le Forum du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le suivi de financement du développement a terminé ses travaux aujourd’hui, en se félicitant d’un « grand succès ». Le Forum a renforcé les moyens de booster la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, feuille de route financière du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Ministres, vice-ministres, autres représentants d’État, experts des institutions de Bretton Woods et des banques régionales de développement, agences de l’ONU, ONG et société civile ont passé au crible les grandes tendances mondiales après le Programme adopté en 2016 dans la capitale éthiopienne. Ils ont parlé de la mobilisation des ressources intérieures, des secteurs privé et financier, du commerce, de l’innovation scientifique et technologique, du renforcement des capacités, de la coopération au développement, de la crise de la dette, de l’investissement étranger direct (IED) et de l’autonomisation des femmes.
Dans des recommandations étalées sur 13 pages, les ministres et représentants d’État ont pris trois « grandes mesures »: faciliter l’emploi de toutes les sources de financement, notamment le financement innovant, en étant soucieux de la soutenabilité fiscale et de celle de la dette; œuvrer à ce que les mesures prises pour inciter les acteurs des secteurs public et privé favorisent le développement viable à long terme; rendre les cadres financiers nationaux opérationnels pour les projets et filières ayant besoin d’investissement.
« C’est l’argent qui gouverne le monde », avait dit le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Laj%u010Dák, à l’ouverture du Forum, sachant qu’il faut 7 000 milliards de dollars par an pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Pour éviter la « concurrence stérile » entre les agences de l’ONU, la Vice-Secrétaire générale a lancé un « Fonds commun » de 290 millions de dollars par an. Les promesses de contributions s’élèvent déjà à 71 millions de dollars, dont 47 millions pour 2018.
Mme Amina J. Mohammed a rappelé que le Secrétaire général organise une réunion de haut niveau sur le financement du développement en septembre prochain. L’ONU, a-t-elle promis, aidera les pays à négocier des partenariats, à rechercher des financements innovants, à mobiliser leurs ressources intérieures et à renforcer les capacités nécessaires. Avant cela, le Président de l’Assemblée générale avait fixé rendez-vous au 11 juin prochain, pour « connecter l’argent aux priorités du développement et dégager les goulets d’étranglement ».
Si l’Afrique renforçait la mobilisation de ses ressources intérieures de seulement 13%, elle n’aurait plus aucun mal à réaliser le Programme 2030, avait affirmé, au premier jour du Forum, le Haut-Représentant du Fonds pour la paix de l’Union africaine. Parce qu’il manque aujourd’hui à son continent 2 500 milliards de dollars par an, M. Donald Kaberuka a réclamé des améliorations dans le fonctionnement des institutions financières internationales et dans le commerce mondial, fustigeant les relents du protectionnisme.
Les pays doivent s’approprier leur développement, a dit aujourd’hui la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC) qui, avant d’insister sur six autres points, s’est félicitée du « grand succès » du Forum. Mme Marie Chatardova a ensuite souligné la nécessité pour les pays d’améliorer leur système fiscal et de tirer parti de la coopération internationale en la matière, entre autres, dans la lutte contre les flux financiers illicites. Les pays doivent aussi pouvoir explorer toutes les sources de financement et aligner au mieux les incitations au secteur privé et financier avec les objectifs de développement durable. Ils doivent également mettre en place la bonne législation pour exploiter le potentiel de la numérisation de l’économie.
Les financements mixtes, a poursuivi la Présidente, peuvent maximiser l’impact de l’aide publique au développement (APD). Elle a également plaidé pour un système commercial fondé sur des règles, pour des règles et institutions de prévention, de réduction et de réaction aux risques. Elle a estimé que des mécanismes efficaces de restructuration de la dette souveraine, les allègements ciblés et l’utilisation des titres de la dette publique dont les intérêts et le principal sont indexés sur le PIB peuvent promouvoir la viabilité de la dette. Dans nos efforts de développement durable, nous ne devons laisser personne sur le côté, a conclu la Présidente, en fermant les portes du Forum dont la quatrième édition aura lieu du 15 au 18 avril 2019.
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