En conférence de presse [le 15 mai], des personnalités québécoises incluant Normand Baillargeon, Emmanuel Bilodeau, Dominic Champagne, Véronique Côté, Yann Perreault et Éric Pineault aux côtés du Grand Chef Serge ‘Otsi’ Simon du Conseil Mohawk de Kanesatake, représentant du Traité autochtone contre l’expansion des sables bitumineux, ainsi que de nombreux groupes environnementaux, syndicaux, sociaux et citoyens ont dévoilé une déclaration d’opposition contre l’expansion du pipeline de sables bitumineux Trans Mountain de Kinder Morgan.
Cette déclaration intitulée « Ensemble contre l’expansion du pipeline de Kinder Morgan et pour une transition écologique juste » est signée par 120 personnalités et organisations solidaires des Premières Nations, des communautés ainsi que du gouvernement de la Colombie-Britannique qui s’opposent au projet de Kinder Morgan. Les signataires de la déclaration ont également lancé un appel à une mobilisation d’urgence le 27 mai prochain à 13h30 à la Place des Festivals à Montréal pour exiger que Justin Trudeau rejette le projet de Kinder Morgan, refuse de le financer et respecte le droit des Premières Nations et le droit pour la Colombie-Britannique de refuser ce projet dangereux. Les organisations qui le désirent pourront signer la déclaration jusqu’au 27 mai prochain.
Signataire de l’Accord de Paris
La Déclaration rappelle d’ailleurs qu’en tant que « signataire de l’Accord de Paris, le Canada doit s’engager rapidement dans une transition juste et profonde qui réduira significativement notre dépendance aux hydrocarbures, nos émissions de gaz à effet de serre (GES) et créera une économie et des emplois plus écologiques. Cette transition requiert des ressources, une planification et un leadership qui doit venir de tous les paliers de gouvernements.»
Incertitude
Le projet de pipeline de sables bitumineux Trans Mountain de Kinder Morgan est plus que jamais incertain depuis que l’entreprise a interrompu certains travaux en avril. La mobilisation des Premières Nations et de la population, les nombreux recours légaux, la fragilité économique du projet et les actions bien légitimes du gouvernement de la Colombie-Britannique pour protéger l’environnement ont créé une trop grande incertitude pour l’entreprise. Elle a par conséquent établi une échéance au 31 mai pour résoudre la situation.
Le Premier Ministre Justin Trudeau s’est pour sa part porté à la défense de l’entreprise du Texas et a annoncé que son gouvernement prendra les moyens financiers et législatifs pour que ce projet se réalise malgré l’impasse politique dans laquelle il est embourbé.
Droits des peuples autochtones
Les signataires de la déclaration rappellent également que « M. Trudeau a aussi promis de mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, laquelle prévoit que les Premières Nations doivent donner leur consentement libre, préalable et éclairé à des projets sur leurs territoires. Nombreuses Premières Nations en Colombie-Britannique s’opposent farouchement au projet Trans Mountain. 150 Premières Nations au Québec, au Canada et aux États-Unis ont d’ailleurs signé un traité d’alliance contre toute expansion des sables bitumineux et en faveur d’une transition énergétique juste. »
La déclaration est ici et les organisations peuvent la signer d’ici le 27 mai prochain.
Citations des intervenants de la Déclaration:
Dominic Champagne: « À l’heure où la raison scientifique exige que l’on laisse dans le sous-sol 80 % des ressources connues en pétrole, à l’heure où la transition énergétique exige que nous investissions dans un éloignement des combustibles fossiles, il est immoral que le Canada, signataire de l’Accord de Paris, continue de subventionner l’industrie du pétrole mortifère.»
Le Grand Chef Serge ‘Otsi’ Simon du Conseil Mohawk de Kanesatake au nom de 150 Premières Nations au Canada et aux États-Unis qui ont signé le Traité autochtone contre l’expansion des sables bitumineux: « Alors que Kinder Morgan et le gouvernement Trudeau développent leurs stratégies d’ici la date limite du 31 mai, ils devraient tenir compte du fait que les Premières Nations d’est en ouest se tiendront côte à côte avec les Premières Nations de la Colombie-Britannique qui refusent de donner leur consentement au projet» « Le mouvement à l’est qui a stoppé le pipeline de sables bitumineux Énergie Est ne permettra pas à ce même pétrole sale de s’échapper vers l’ouest. »
Véronique Côté: « Soyons solidaires, soyons visionnaires, et rendons notre monde plus habitable. La justice climatique est le principal défi de notre siècle, tout le monde peut et devrait se mobiliser pour défendre notre droit à vivre ensemble sur une planète hospitalière. Prenons position: choisissons les vivants, et laissons les fossiles où ils sont.»
Éric Pineault: « En appuyant financièrement le projet d’expansion Trans Mountain le gouvernement Trudeau aide cette entreprise Texane à construire un pipeline qui contribuera à doubler la production de pétrole issu des sables bitumineux. Cette croissance nous enferme à long terme dans une économie qui dépend du pétrole sale et elle nous empêchera de respecter les engagements climatiques que nous avons pris à Paris. Il n’y a pas de conciliation possible entre une économie qui vise la réduction des émissions de GES et l’expansion de la production de pétrole issu des sables bitumineux. Le gouvernement Trudeau, s’il est sérieux dans son désir de respecter nos cibles de réduction de GES, devrait tout mettre en oeuvre pour appuyer les gouvernements, communautés et Premières Nations ainsi que les entreprises qui peuvent contribuer à la transition écologique, pas celles qui en sont le principal obstacle. »
Anne-Céline Guyon: « Toutes les personnes aujourd’hui présentes ont combattu ou soutenu la lutte contre le projet de pipeline Énergie Est. Il est donc tout naturel de nous réunir à nouveau, d’être ici, ensemble, en solidarité avec nos soeurs et frères de l’ouest pour dire non à Kinder Morgan, non à l’expansion des sables bitumineux. Mais nous sommes aussi ici afin d’exiger du gouvernement Trudeau une vraie politique de transition énergétique, respectueuse des Premières Nations, des communautés et des travailleuses et travailleurs. »
Patrick Bonin, Greenpeace Canada: « Le gouvernement Trudeau renie l’Accord de Paris et perd toute crédibilité dans sa volonté de réconciliation avec les Premières Nations quand il propose de financer et de forcer le passage de ce d’un pipeline alors qu’il n’a pas le consentement des Premières Nations et que le gouvernement de la Colombie-Britannique s’y oppose. Après avoir rejeté le projet de pipeline Énergie Est de TransCanada, la population du Québec ne restera pas les bras croisés alors que Justin Trudeau veut imposer un pipeline à une province, à des communautés et à des Premières Nations qui n’en veulent pas. »
Source: Greenpeace
Crédit photos: Front commun pour la transition énergétique
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