Le Conseil économique et social (ECOSOC) a clos, cet après-midi, la session 2018 de son segment humanitaire en adoptant sans vote sa résolution annuelle sur le « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies ».
Par ce texte, long de 17 pages, l’ECOSOC encourage les organismes humanitaires des Nations Unies et les autres organisations compétentes à continuer de coopérer étroitement avec les autorités nationales, tout en accentuant la coordination de l’aide humanitaire sur le terrain.
Le rapport du Secrétaire général sur la question souligne qu’en 2017, les besoins humanitaires n’ont jamais été aussi grands du fait des crises humanitaires engendrées par les conflits et les catastrophes naturelles. À la fin de l’année, 135,7 millions de personnes avaient besoin d’une aide humanitaire et les besoins de financement s’élevaient à 23,5 milliards de dollars.
Dans cette résolution qui touche à tous les défis de l’aide humanitaire d’urgence, l’ECOSOC demande au Secrétaire général de faire, dans son prochain rapport, le point des stratégies de financement par anticipation mises en œuvre dans le cadre d’urgences humanitaires.
L’ECOSOC aborde aussi la question des changements climatiques: il engage les États Membres ainsi que les organisations régionales et internationales compétentes à continuer, entre autres, de contribuer à l’adaptation et à l’atténuation de ces changements, et à consolider les dispositifs de réduction des risques de catastrophe et les systèmes d’alerte rapide multirisques.
Plus loin, il exhorte les États à continuer de prévenir les actes de violence sexuelle et sexiste, ainsi que les violations et atteintes commises contre des enfants dans les crises humanitaires, à intervenir et enquêter le cas échéant et à traduire en justice les auteurs de tels actes.
« Nous devons mobiliser l’action politique pour stopper la brutalité infligée à nos enfants », a renchéri le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Jerry Matthews Matjila, délégué de l’Afrique du Sud.
Autre domaine où l’action et la coordination sont nécessaires dans les réponses aux crises humanitaires: l’éducation, « le secteur le moins résilient en situation de crise humanitaire », selon le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock. C’est pourquoi l’ECOSOC réaffirme « le droit à l’éducation pour tous » et l’importance d’assurer la sécurité des établissements scolaires, des conditions propices à l’apprentissage et un enseignement de qualité.
Par ailleurs, l’ECOSOC condamne dans les termes les plus énergiques l’augmentation « alarmante » du nombre de menaces pesant sur la sûreté et la sécurité des membres du personnel humanitaire ou du personnel des Nations Unies et du personnel associé, du nombre de fois où ceux-ci sont délibérément pris pour cibles, et du nombre d’actes terroristes et d’attaques de convois humanitaires.
Il prie également le Coordonnateur des secours d’urgence de continuer à diriger les initiatives visant à renforcer la coordination et l’efficacité de l’aide humanitaire et l’obligation de rendre des comptes dans ce domaine, notamment au moyen d’un dialogue plus approfondi avec les États. Considérant que la responsabilité est un élément à part entière de l’efficacité de l’aide humanitaire, il souligne qu’il faut « responsabiliser davantage les intervenants humanitaires à tous les stades ».
Après l’adoption de la résolution, le Groupe des 77 et la Chine a estimé que ce texte représentait un progrès pour les personnes les plus vulnérables, comme les personnes handicapées ou âgées. Ce groupe aurait cependant souhaité que le texte incite à contribuer d’avantage au Fonds central pour les interventions d’urgence. L’Union européenne a vu un autre point faible: alors que les conflits sont le principal facteur des situations humanitaires, cet élément est passé sous silence. Elle a en outre déploré la régression du texte en ce qui concerne la santé reproductive, rejointe par le Canada, au nom du groupe CANZ.
Le thème de cette session, « Restaurer l’humanité, respecter la dignité humaine et ne laisser personne de côté: travailler ensemble pour réduire les besoins humanitaires, les risques et la vulnérabilité des populations », a nourri le débat général auquel ont participé une cinquantaine de délégations. Trois tables rondes ont été organisées, dont la dernière, ce matin, qui a porté sur le renforcement des capacités locales pour des résultats durables.
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