Par Andréanne Brazeau, agente de communication et logistique chez ENvironnement JEUnesse
Le 6 décembre dernier, Greenpeace International organisait un panel réunissant cinq femmes engagées dans une poursuite climatique contre leur gouvernement. En marge de la 24e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, elle se sont réunies pour parler de leurs actions juridiques pour le climat.
Le panel a d’abord été ouvert par Louise Fournier, de Greenpeace Southeast Asia, qui a créé un guide pour tenir les gouvernements responsables des impacts des changements climatiques. Ensuite, des femmes d’autres pays sont intervenues.
Clodagh Daly a raconté l’histoire de la poursuite en Irlande, qui a mobilisé plus de 5000 personnes et qui exige une révision du plan national d’atténuation des changements climatiques.
Lisa Goeldner, de Greenpeace Germany, a partagé les témoignages de trois familles allemandes affectées par les changements climatiques qui se sont unies contre leur gouvernement fédéral. Cette poursuite a d’ailleurs été entamée alors que l’Allemagne allait rater sa cible de réduction de 8%. En effet, le pays s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40% par rapport aux émissions de 1990 pour 2020. Actuellement, l’Allemagne risque plutôt d’atteindre une réduction de 32%.
Finalement, Catherine Gauthier, directrice générale d’ENvironnement JEUnesse et membre désignée de la poursuite des jeunes québécois(e)s contre le gouvernement canadien, a aussi témoigné. Il s’agit du seul cas d’action collective pour le climat entrepris dans le monde. ENvironnement JEUnesse accuse son gouvernement de ne pas avoir de plan pour atteindre ses cibles de réductions de gaz à effet de serre déjà largement insuffisantes.
Madame Sanna Vannar, présidente de Sáminuorra en Suède, a offert un témoignage particulièrement touchant. Plaignantes dans ce qui a été appelé le People’s Climate Case, sa famille et elle se sont jointes à neuf autres familles à travers à travers le monde pour poursuivre l’Union européenne (UE). Les familles viennent du Portugal, d’Allemagne, de France, d’Italie, de Roumanie, du Kenya, des îles Fidji et de l’Association jeunesse Saminuorra de la communauté Saami en Suède.
C’est le 24 mai 2018 que la demande d’autorisation a été déposée. Les familles sont en attente d’une réponse. La poursuite a pour but de forcer l’UE à adopter des cibles de réduction de GES plus strictes. Les plaignant(e)s proposent une réduction de 50 à 60% en 2030 par rapport aux niveaux de 1990 ou toute autre cible que la cour jugera appropriée.
L’histoire de Sanna Vannar est touchante: faisant partie de la communauté autochtone Sami, elle est aux premières loges des effets des changements climatiques qui se font déjà sentir chez elle dans le nord de la Suède, dans la région arctique. Madame Vannar affirme que sa communauté ressent déjà les impacts des changements climatiques. « Nos étés sont devenus si chauds qu’ils détruisent nos sources d’alimentation. Nos lacs s’assèchent », raconte la jeune femme visiblement inquiète.
Les familles engagées dans ce qui a été appelé le People’s Climate Case demandent à la cour d’assurer la protection de leurs droits à la vie, à la santé, à l’occupation d’un territoire et à la propriété qui sont déjà brimés par les changements climatiques et ne le seront que davantage dans le futur. Le mode de vie traditionnel des Sami repose sur l’élevage de rennes, une espèce qui est présentement en danger. « Plusieurs jeunes de notre communauté souhaitent devenir éleveur(euse)s de rennes, mais ils(elles) n’y voient pas de futur. C’est dû à la menace climatique », explique Madame Vannar.
Les coûts associés par la poursuite sont pris en charge par l’ONG allemande Protect the Planet et l’expertise sur les effets des changements climatiques est assumée par le think tank Climate Analytics.
Plusieurs démarches similaires ont cours à travers le monde, notamment aux Pays-Bas, où le gouvernement s’est vu forcé de se doter d’un plan concret pour atteindre sa cible climatique. Ce gouvernement est légalement tenu de réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 25% d’ici 2020 par rapport aux niveaux de 1990. Des poursuites semblables ont lieu notamment aux États-Unis, en Belgique, en Norvège, en Nouvelle-Zélande, en Suisse, en Colombie et au Royaume-Uni.
Crédit photo: UK Independant
L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles.
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