Un article de la professeure Barbara Maher sur The Conversation
L’exposition de long terme à la pollution de l’air peut jouer un rôle dans le déclin cognitif. Photo: Shutterstock
Non seulement la pollution de l’air affecte nos poumons et notre cœur, mais elle pourrait aussi menacer notre intelligence.
Une étude récente publiée en 2018 dans la revue PNAS a révélé que chez des personnes âgées vivant en Chine, une exposition de long terme à la pollution de l’air pouvait entraver les performances cognitives – comme la capacité à prêter attention, à se remémorer des connaissances passées ou à générer de nouvelles informations – dans le cadre de tests verbaux et mathématiques.
À mesure que les personnes vieillissent, le lien entre pollution de l’air et déclin mental se renforce. L’étude a également montré que les hommes et les personnes les moins éduquées étaient particulièrement exposés, pour des raisons que l’on ne connaît pas encore.
Nous avons aussi prouvé de manière convaincante que la pollution de l’air – et spécialement les particules les plus petites, invisibles à l’œil nu – endommagent le cerveau à la fois des humains et des animaux. La pollution liée à la circulation des véhicules est ainsi associée à la démence, au comportement délinquant chez les adolescents, et à un retard de développement du cerveau chez les enfants fréquentant des écoles très polluées.
Une détérioration du cerveau
Chez les animaux, les souris exposées à une pollution de l’air urbain pendant quatre mois ont montré un fonctionnement du cerveau réduit et des réponses inflammatoires dans les principales régions du cerveau. Cela signifie que les tissus de cette zone ont changé en réponse aux stimulations nocives induites par la pollution.
Nous ne savons pas encore quels aspects de ce « cocktail » de particules polluantes – comme la taille, le nombre ou la composition des particules – contribuent le plus à cette détérioration du cerveau. On estime toutefois que les particules nanométriques seraient en cause.
Ces particules présentent une taille 2 000 fois plus petite que le diamètre d’un cheveu humain et peuvent se déplacer dans le corps par le flux sanguin après avoir été inhalées. Elles pourraient même atteindre le cerveau directement via les nerfs olfactifs qui transmettent au cerveau des informations sur l’odeur. Cela laisserait les particules contourner la barrière hématoencéphalique, qui protège normalement le cerveau des éléments nocifs circulant dans le flux sanguin.
Des symptômes typiques d’Alzheimer
Des échantillons de cerveau prélevés post mortem sur des personnes exposées à des niveaux élevés de pollution de l’air, qui vivaient à Mexico City et à Manchester, affichent les symptômes typiques de la maladie d’Alzheimer.