Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale intitulé Beyond the Gap, les pays en développement pourraient atteindre leurs objectifs de développement durable en matière d’infrastructures en y consacrant 4,5 % de leur PIB, tout en limitant le réchauffement climatique à 2 °C. En outre, les infrastructures compatibles avec l’objectif d’élimination totale du carbone n’exigeront pas forcément des investissements plus coûteux que des solutions plus polluantes.
Les chiffres témoignent de l’ampleur du déficit actuel d’infrastructures : 940 millions d’individus privés d’électricité ; 663 millions de personnes sans accès à des points d’eau potable améliorés ; 2,4 milliards d’êtres humains vivant sans installations sanitaires correctes ; 1 milliard d’individus résidant à plus de 2 kilomètres d’une route praticable en toute saison ; et 4 milliards d’habitants sans accès à internet. Sans oublier le nombre incalculable de personnes ne pouvant accéder ni à l’emploi ni à l’éducation, faute de transports adaptés ou de moyens pour les payer.
Jusqu’ici, les estimations des besoins en dépenses d’infrastructure étaient souvent imprécises et incomplètes. Le rapport Beyond the Gap met davantage l’accent sur l’optimisation de ces dépenses que sur leur hausse, en s’appuyant sur des objectifs précis et des calculs pertinents. Il s’appuie sur une approche par scénario et prouve que le volume de dépenses qu’un pays doit consentir dépend de ses ambitions et de son efficacité.
« Nos travaux montrent clairement que les pays en développement peuvent se doter des infrastructures dont ils ont besoin en y consacrant collectivement environ 4,5 % de leur PIB. La bonne nouvelle, c’est que cette préconisation est assez proche du niveau d’investissement actuel d’un grand nombre de pays, souligne Kristalina Georgieva, présidente par intérim du Groupe de la Banque mondiale et directrice générale de la Banque mondiale. En faisant les bons choix, il est possible de bâtir des infrastructures qui contribueront à la réalisation des objectifs mondiaux de réduction des émissions. L’enjeu n’est pas tant de dépenser plus que de privilégier des investissements plus judicieux et résilients. »
Le rapport s’accompagne de la publication d’une nouvelle étude présentant la première série de données cohérentes sur les investissements actuels dans les infrastructures des pays en développement. Selon cette étude, la fourchette de dépenses s’établirait de 3,4 % du PIB à pratiquement 5 %, avec une estimation centrale proche de 4 %.
Cet objectif de dépenses de 4,5 % du PIB correspond à un scénario reposant sur l’hypothèse que les pays adoptent des politiques intégrant les objectifs climatiques de long terme pour éviter de se retrouver plus tard avec de coûteux actifs délaissés ; investissent dans les énergies renouvelables ; conjuguent planification des transports et aménagement du territoire ; développent un réseau ferroviaire attractif pour le fret ; et déploient des solutions technologiques décentralisées (à l’image des mini-réseaux électriques) en milieu rural. Avec des scénarios défendant des ambitions similaires mais sans bénéficier de politiques de soutien, la facture passe du simple au double.
Toute l’originalité de ce travail tient à son cadre d’estimation déductive des dépenses d’infrastructure (si un pays veut atteindre tel objectif, ce qui correspond aux hypothèses de travail, alors cela lui coûtera tant). Le rapport et le site web interactif qui lui est associé offrent également une perspective régionale et sectorielle plus approfondie.
Enfin, soulignent les auteurs, l’amélioration des services ne passe pas seulement par des dépenses en capital supérieures : il est également indispensable d’assurer un apport constant de ressources dédiées à l’entretien et au fonctionnement — ces dépenses supplémentaires représenteraient un surcoût annuel de 2,7 % du PIB.
Communiqué de la Banque Mondiale
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