Une recherche menée par Anthony Taylor, écologiste forestier à Ressources naturelles Canada a pu démontré que le réchauffement climatique est susceptible de réduire considérablement la repousse du sapin baumier qui est la pierre angulaire de l’industrie des pâtes et du bois des Maritimes.
Le sapin baumier est l’arbre emblême du Nouveau-Brunswick et il représente environ un cinquième de la forêt acadienne mixte de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. Les rapports forestiers annuels des deux provinces indiquent qu’il représente près d’un tiers de la récolte annuelle de bois tendre, largement utilisé dans le papier hygiénique.
Selon les modèles de réchauffement climatique utilisés pour cette étude, il n’y a que 20 % de chances que les peuplements de sapin baumier se régénèrent naturellement d’ici 2085 dans les forêts de la région. Les chances actuelles de repousse du sapin baumier sous les températures existantes sont d’environ 60 %. Les projections de l’article sont basées sur des comparaisons de la situation des espèces dans près de 20 000 peuplements dans le nord et le sud du Nouveau-Brunswick entre 1981 et 2017.
Selon Anthony Taylor, « cette étude est un élément de preuve, basé sur des données réelles sur le terrain, qui soutient l’idée qu’à mesure que le climat se réchauffe, cela aura un effet négatif sur les espèces dont nous dépendons pour l’approvisionnement en pâtes et bois d’œuvre ».
Selon Lois Corbett, directrice exécutive du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick, « cette étude devrait servir de signal d’alarme aux autorités de réglementation provinciales selon lesquelles les pratiques forestières existantes doivent commencer à changer rapidement compte tenu de la réalité du changement climatique. Cela montre également que l’ancienne façon de gérer les forêts, en particulier les forêts de la Couronne, ne fonctionnera pas à plus long terme. Non seulement le profit des grandes sociétés est en péril, mais la durabilité de la forêt elle-même. »
L’étude de Taylor suggère que la coupe partielle, plutôt que la coupe à blanc, augmente la régénération d’espèces comme le sapin baumier, qui réussissent mieux lorsqu’elles sont ombragées par une canopée d’arbres laissés sur pied. Son travail s’appuie sur une étude de 2017 de Ressources naturelles Canada qui a utilisé des modèles informatiques pour créer la première évaluation régionale de la composition et de la croissance de la forêt acadienne jusqu’à la fin de ce siècle.
La forêt acadienne est soigneusement surveillée dans les cercles forestiers, car il s’agit d’un mélange unique de forêts tempérées, avec des arbres plus chauds comme les érables rouges et les forêts boréales qui comprennent le sapin et l’épinette.
« En supposant que les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent à ce que les climatologues appellent des niveaux de business as usual, les études actuelles et celles de 2017 suggèrent que les forêts connaîtront une augmentation moyenne de la température de 7 °C à la fin du 21e siècle ». Ce réchauffement va réduire considérablement la repousse des principales espèces de résineux dans les Maritimes.
Selon Lois Corbett, « cette étude est un cri pour un grand changement dans la gestion forestière ».
Source : Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick