Au-delà du discours et de la pensée unique, leçon 1
Par Papa Senghor Dondé
Ingénieur en développement local
Spécialiste en gouvernance et financement du développement
Au moment où plusieurs pays africains pesaient être sur le point de gagner la bataille de l’émergence, le monde est frappé en plein fouet par la pandémie du coronavirus appelée covid-19. Originaire de Wuhan, en chine, pays du soleil levant, le virus est apparu en Novembre 2019 et s’est très rapidement propagé dans le monde entier, faisant en l’espace de cinq mois plus d’un million de personnes affectées et près de 11.4071 morts.
Un peu banalisée au début par certaines puissances politiques, la maladie a pris aujourd’hui un enjeu de la plus haute importance faisant sortir beaucoup de salives et couler beaucoup d’encres. Mais en même temps des forces vives de la planète se sont levées pour édifier et planifier des plans de gestion pour la bataille à mener pour contrer la propagation du virus et sauver la terre.
Au Sénégal, force est de constater que beaucoup d’’efforts ont été consentis par l’autorité publique depuis la connaissance de l’existence du virus. Des séries de mesures ont été prises pour organiser la riposte et dresser progressivement des barrières frontales contre ce redoutable et invisible adversaire qui frappe sans distinction de classe sociale, de genre ou de croyance religieuses, et relever le niveau de la riposte. A supposer que ces mesures soient pertinentes comme démarche, sont t’elles pour autant réellement efficaces comme réponses concrètes à une demande multiforme à la fois sanitaire, sociale et économique ?
Quoi qu’il en soit, il est clair que dans bien des cas, les effets de la crise ont rendu quasi vulnérables tous les secteurs d’activités. Les TPE, PME, Sociétés et ONG connaissent actuellement une forte souffrance économique, avec des déséquilibres financiers qui mènent inévitablement vers la régression des activités. Cette tendance constatée vers la régression des activités aura très certainement des effets négatifs sur la vie quotidienne de la majorité des concitoyens ; et les catégories sociales qui étaient déjà vulnérables vont davantage l’être
Mais, il faut savoir qu’à quelque chose, malheur est bon. En effet, cette crise peut-être aussi perçue comme une série d’épisodes porteuses de leçons dont l’enseignement pourrait nous permettre de reconfigurer de façon systématique notre modèle économique et sociale.
Du point de vue économique et sociale, un changement de paradigme semble se dessiner au niveau de l’autorité publique, car depuis l’avènement de la pandémie elle d’efforce à développer des stratégies interventionnistes digne d’une gouvernance solidaire afin de s’adapter à la situation : des politiques d’urgence, de résilience socio-économique multiforme dans l’optique d’atténuer les impacts négatifs de la crise particulièrement le secteur privé et sur le plan social ont été entreprises par l’état. Mais une question se pose aujourd’hui : si la même quantité d’argent qui est investie aujourd’hui par l’état pour faire face à la crise était investie avant pour servir à des investissements sur le capital humain , surtout pour renforcer les capacités scientifiques et technologique du pays, relever le plateau médical, ou encore pour soutenir les secteurs productifs agricole et de transport , pour une autosuffisance alimentaire durables, etc. , est ce que le Sénégal n’aurait pas eu une plus grande capacité de résilience ? Tout l’argent que le Sénégal a pu mobiliser en l’espace d’un mois, mille milliards de Francs CFA, montre que si les autorités gouvernementales avaient eu tout autant la même volonté politique pour faire des investissements conséquents dans les secteurs de la recherche médicale, de l’éducation, de l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire réellement, la capacité de résilience du pays par rapport au covid 19 en serait davantage accrue.
Vers une reconduite des pratiques des acteurs du secteur privé
Selon le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération du Sénégal, dans le journal l’Observateur, le pays table sur trois mois de fortes perturbations de l’activité économique (fin juin), une reprise modérée à partir de juillet et un retour à la normale au dernier trimestre de l’année Mais on est en droit de se poser la question de savoir si cela serait vraiment possible si on sait que la situation actuelle de bon nombre d’entreprises du secteur privées au Sénégal est chaotique et alarmante à la fois.
Etaient-elles réellement préparées à ce choc ? oh que non, car beaucoup de ces entreprises ou sociétés privées ont investi des milliers de dollars sans prendre en considération sérieusement les risques qui peuvent surgir à tout moment et tout bouleverser. A cet effet, il convient de rappeler que les actions de l’entreprise, ou de la société se traduisent pratiquement par la mise en œuvre des activités qui découlent d’un projet ou programme bien défini. Mais en réalité, depuis la conception à la réalisation de ses dits projets programmes plusieurs préalables très essentiels sont souvent négligés. Il s’agit entre autres de l’identification et de la gestion des risques.
Une définition hâtive d’une notion aussi complexe et recouvrant des réalités très diverses parait périlleuse, mais on peut retenir qu’en gestion de projet, le risque peut désigner toute situation incertaine mesurable ou non, mais qui ne tient compte véritablement que des déviations négatives par rapport aux états finaux considérés. Alors, dans bien des cas, il est à considérer que les risques inhérents à l’entreprise ou à la société existent sous quatre principales catégories et que leurs natures dépendent du projet/programme : les risques du marché, les risques liés à l’achèvement du projet, les risques institutionnels et sociaux, et les risques environnementaux et de forces majeurs. Dans le contexte de cette pandémie coronavirus, c’est le dernier qui nous intéresse surtout. Il s’agit ici du coronavirus qui est une source de risque exogène non prévisible, échappant au contrôle des gestionnaires et qui affecte la santé publique et qui s’impose comme une force majeure, du genre de catastrophes naturels (séismes, ouragan pandémie)
Cependant, le vécu de cette période de crise nous enseigne que pour maintenir son équilibre budgétaire, et continuer à perpétuer les activités, l’entreprise doit insister sur la mise en place d’un plan de gestion des risques et d’y avoir une vision inquisitrice. Le respect de ces quelques étapes permettra à l’entreprise d’assurer la gestion des risques de sortes qu’ils ne puissent pas constituer de barrières pour les projets de l’entreprise en cours. Il s’agit d’identifier les risques, d’évaluer les risques c’est-à dire de les classés selon leur niveau, de définir des solutions pour s’adapter à la situation, de mettre en œuvre les solutions pratiques et réalisable et assurer’ le contrôle de ses solutions. En sus de ces pratiques, il faut comprendre que beaucoup de promoteurs ou entrepreneurs n’ont pas cette capacité de gouverner un projet en présence de turbulence surtout sanitaire. Cette incapacité mène le plus souvent les actions longtemps investis à l’échec.
Par ailleurs, il existe plusieurs mécanismes qui vise à insuffler la gouvernabilité aux investissements et faire face à ces chocs. Parmi ces mécanismes, il s’agit de : multiplier les partenaires, former des équipes de projets pour stimuler la créativité, diversifier surtout les investissements, afin que leurs sources de revenus procurent des réserves à ces investissements, prévoir des clauses « rendez-vous » pour permettre la renégociation des contrats entre les parties, en temps et circonstances opportuns ;
Soutenir la cohésion entre les acteurs dans l’entreprise
Le chef d’entreprise ou de la société se doit de bâtir une culture qui non seulement prend en charge les questions liées à l’urgence et à la résilience ais également portant sur l’intégration, la cohésion, toutes chose dont l’entreprise à besoin en temps de crise pour pouvoir continuer à exister en résistant efficacement. C’est ainsi que l’entreprise pourra à la fois s’assurer du ferme engagement de ses employés et garder un juste équilibre entre les intérêts des partenaires et ceux des fournisseurs, et éviter ainsi qu’ils s’éclipsent en temps de crise.
Bâtir des partenariats à long terme
Les partenariats à long terme entre les promoteurs et les parties externes peuvent sauver les projet/programmes en temps de crise, mais leurs échecs peuvent provoquer leurs désintégrations.
Les contacts sociaux et les engagements envers les communautés locales peuvent contribuer à aider à insuffler les investisseurs une bonne dose de gouvernabilité du projet et ainsi lui permettre de passer à travers la période de turbulence et/ou mieux de les éviter. Ces relations permettent de bâtir des partenariats pour des intérêts communs.
Prévoir des réserves et des fonds de contingences
Cela paraitra difficile pour certaines TPE, PME car les investissements sont justes et bien définis selon des projets/programme. Mais toute fois, une pratique courante pour faire faceà l’augmentation des couts et l’étirement de l’échéancier est de prévoir un fond de contingences. A bien noté que ces fonds peuvent paraitre insuffisants en cas de persistance de la crise. Il est toujours nécessaire de continuer à faire appel aux partenaires financiers bien nantis pour combler le gap et mieux se mettre en réseau.
En réalité, il existe plusieurs manières de faire face aux éventuels chocs exogènes qui peuvent désintégrer les actions des entreprises. La pandémie à coronavirus nous enseigne aujourd’hui que le mot riposte ne devrait pas existait dans le lexique courant des entreprises si les règles minima du jeu ont été respecté. C’est comme dans un jeu d’Echec ou nous nous devons se prémunir de la prévoyance, parce qu’il oblige à anticiper, de la vigilance, parce qu’il exige que l’on observe tout l’échiquier, de la prudence, parce qu’il faut se garder de jouer des coups sans réfléchir ; enfin nus y apprenons la plus importante leçon pour la vie : quand tout semble aller mal, nous ne devons jamais nous décourager, mais toujours espérer que les choses iront mieux, toujours chercher résolument la solution de nos problèmes » Benjamin Franklin (1786, la morale des échecs).