Si, comme prévu, les températures en Colombie augmentent d’environ 2°C d'ici la fin du siècle, ce sont les zones rurales qui sont les plus susceptibles d'être affectées par le changement climatique. En effet, comme l'a montré le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Colombie est fortement exposée aux effets du changement climatique. En effet, la plupart de la population vit dans les Andes surélevées, où les pénuries d’eau et l’instabilité des terres sont déjà une réalité, et sur la côte, où l’augmentation du niveau de la mer et les inondations peuvent affecter les établissements humains et les activités économiques clés. Pire encore, ce sont les paysans colombiens, qui ont déjà subi le poids d’un long conflit avec les FARC, qui risquent d’être les plus durement touchés.
Les régions de l'Amazonie et des Caraïbes notamment, peuvent s'attendre à 10 à 30% de précipitations en moins, tandis que la région andine peut s'attendre à 10 à 30% de plus. Cela va signifier une élévation du niveau de la mer et un dégel des glaciers et massifs enneigés (nevados), tandis que les autres sources d'eau douce diminueront. Ce sont des problèmes potentiellement énormes pour un pays émergent qui lutte pour gérer le développement dans un environnement fragile d'après-conflit.
La Colombie rurale a toujours été affectée par des événements météorologiques extrêmes, mais si le conflit cesse d'être le problème le plus important et l'impact du changement climatique devient plus difficile à ignorer. La Colombie, en tant que membre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a réalisé d'importants progrès dans le domaine de la recherche sur les changements climatiques, fournissant au Système environnemental national (SINA, par son acronyme espagnol) plusieurs stratégies pour prévoir et atténuer les risques, l'utilisation des terres selon des lignes directrices plus durables.
Le SINA donne au pays un système environnemental assez robuste, et il a produit un grand nombre de politiques, de plans et de lois. Celles-ci visent non seulement à protéger l'environnement mais aussi à réduire la production de gaz à effet de serre et à aider les territoires à s'adapter aux événements météorologiques extrêmes. Pour poursuivre ces objectifs, le gouvernement a publié la Politique nationale sur le changement climatique, dont l'objectif principal est d'intégrer la gestion du changement climatique dans les décisions des secteurs public et privé.
Cependant, si la politique semble efficace sur le papier, les stratégies d'adaptation et d'atténuation manquent de mise en œuvre. Les plans territoriaux ne couvrent que la moitié du pays à l'échelle régionale. De plus, ils n’ont pas atteint le niveau local, municipal, où les activités doivent réellement être mises en œuvre. Si les questionnements environnementaux sont une priorité pour les Européens, comme on le voit lors de la plupart des conférences sur le climat qui ont lieu en Europe, il ne faut pas oublier que les pays émergeants mettent eux aussi en place des initiatives pour faire face aux défis du changement climatique, des défis qui sont une réalité pour tous les pays, quel que soit leur niveau de richesse.
Illustration Image: Flavia Carpio, Unsplash, 8 Août 2018
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