Améliorer l’alimentation des enfants et promouvoir la filière laitière locale : c’est l’enjeu du projet Cantines scolait’res lancé par le Gret en 2021 au Burkina Faso, avec le soutien de la fondation Bel et des partenaires du projet Go In.
Mené en partenariat avec la commune de Bobo-Dioulasso, l’initiative Cantines scolait’res a pour objectifs de lutter contre la malnutrition infantile en milieu scolaire par la diversification de l’alimentation et d’étendre la commercialisation des produits laitiers locaux. Sa mise en œuvre est assurée par le Gret, la commune de Bobo-Dioulasso et la coopérative Neema, une structure constituée d’une vingtaine d’unités de transformation laitière.
Sept mini-laiteries membres de la coopérative Neema sont ainsi appuyées dans la mise en place d’un programme de transformation du lait local en yaourts. Ces derniers sont distribués deux fois par semaine à 4 660 enfants âgés de 6 à 12 ans dans sept écoles de Bobo-Dioulasso, une ville située dans le sud-ouest du pays. Au terme d’un diagnostic initial, les équipes des sept unités retenues ont bénéficié d’un renforcement de compétences sur les bonnes pratiques de transformation laitière et la mise en place d’une démarche de qualité. Les distributions, initiées mi-mai, reprendront à la rentrée des classes en septembre.
Distribution de lait dans une école de Bobo-Dioulasso ©Gret
« Nous souhaitons que la distribution de lait puisse s’étendre dans toutes les écoles de la commune de Bobo-Dioulasso. Étant un aliment complet, le lait est nécessaire pour l’évolution physique de l’enfant. Cette distribution pourra donc contribuer au développement des enfants et permettra aussi de booster la production de lait local », déclare, enthousiaste, Adjara Sanou, promotrice de la laiterie Komba Yaourt.
Cette action s’inscrit dans le prolongement du projet Go In, soutenu par l’Union européenne, l’Agence française de développement et le Gouvernement princier de Monaco. En partenariat avec l’interprofession lait et l’Apess, le Gret appuie depuis 2017 les petites exploitations familiales d’élevage à accroître durablement leurs capacités de production, de transformation et d’accès au marché, dans un contexte de forte concurrence avec le lait en poudre importé.
Pour Issouf Coulibaly, coordinateur lait du projet Go In, « L’idée de travailler dans les cantines est née d’un évènement organisé en 2019 à Bobo-Dioulasso pour faire découvrir aux familles les produits laitiers locaux et inciter les collectivités à soutenir le développement de la filière. À cette occasion, le maire a exprimé son intérêt pour un projet innovant, qui permettrait à la fois d’améliorer la qualité de l’enseignement et de contribuer au développement économique du territoire. »
25 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition au Burkina Faso. Les repas dans les cantines étant principalement constitués de niébé et de riz, l’introduction de yaourts permet de diversifier le régime alimentaire des enfants et peut constituer une motivation supplémentaire pour aller à l’école, car ces produits sont très appréciés. La qualité de l’offre de restauration scolaire a en effet un impact important à la fois sur l’alimentation des enfants, leurs capacités d’apprentissage et sur la fréquentation des écoles comme le souligne Sanou Moussa, directeur de l’école Bindougousso D. : « Nous sommes dans une zone périphérique de la ville, les enfants ne vivent pas toujours dans des conditions décentes. Lorsque les élèves savent qu’il y aura une distribution de yaourts, même les grands absentéistes viennent en cours. »
Cette action permet aussi aux enfants de garder le goût du lait local, qui tend à se perdre dans certains pays, où le lait en poudre importé s’impose comme une norme. Cécile Broutin, responsable de programme « Développement agricole et filières agroalimentaires » au sein du Gret explique ainsi : « Les enfants ont un rôle incitatif vis-à-vis des parents et peuvent porter des messages sur les choix de consommation de la famille. Nous prévoyons d’ailleurs de renforcer les connaissances des parents d’élèves et des enseignant·e·s sur la nutrition, pour qu’au terme du projet ils puissent continuer à porter ces messages. »
La mairie de Bobo-Dioulasso a décidé de financer 50 % du budget d’achat des yaourts, ce qui ouvre des perspectives de pérennisation du projet.
Par ailleurs, grâce à un nouveau soutien de la fondation Bel, le projet sera bientôt adapté au nord du Sénégal, dans trois écoles élémentaires du département de Dagana. Deux mini-laiteries partenaires du projet Asstel 3 seront accompagnées pour produire du thiakry fortifié, un produit local à base de lait et de mil, enrichi en fer pour lutter contre l’anémie chez les jeunes enfants.
En savoir plus sur :
L’initiative Cantines scolait’res
Les activités du Gret au Burkina Faso
Les enjeux du développement des filières locales de lait au Sahel
Le contenu de cet article relève de la seule responsabilité du Gret et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant l’avis de l’Agence française de développement, de l’Union européenne, de la Fondation Bel et du gouvernement de la Principauté de Monaco.
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