Depuis 2014, l’Etat du Sénégal a entamé une nouvelle phase de réforme dans le secteur de l’hydraulique rurale avec pour objectif de professionnaliser la gestion des services d’eau dans les zones rurales sénégalaises via une délégation de services publics (DSP). Ainsi, le territoire a été découpé en huit zones de délégation, dont quatre ont déjà été confiées à des opérateurs privés.
A travers l’Office des forages ruraux (Ofor), l’Etat sénégalais a ainsi fait le pari d’une gestion déléguée pour une exploitation professionnelle des services d’eau potable en milieu rural. L’objectif étant de fournir aux populations rurales une eau potable de qualité, à des tarifs abordables grâce aux économies d’échelle réalisées.
Des pistes d’amélioration
Des difficultés liées à la mise en œuvre opérationnelle de cette réforme ont cependant été rencontrées. La qualité de service peine à s’améliorer et une étude menée par le Gret et l’Université Gaston Berger de Saint-Louis a mis en évidence le déficit d’information des populations sur les changements induits. Ainsi, 76 % des habitant%u2219e%u2219s interrogé%u2219e%u2219s estiment ne pas avoir été correctement informé%u2219e%u2219s de cette évolution, causant des réticences de la part des populations et des membres d’associations d’usagers d’eau.
L’évaluation de la réforme de l’hydraulique rurale, commandée par le Président Macky Sall en 2020, a permis d’identifier plusieurs recommandations d’amélioration. Parmi elles, les évaluateurs soulignent l’importance du déploiement rapide des dispositifs de régulation et de cadre de dialogue autour de la réforme et des services d’eau en milieu rural, d’ailleurs prévus depuis juillet 2019, mais non instaurés.
Réunion d’échange du Comité local de suivi dans la région de Saint-Louis ©Gret
Un dialogue à renforcer
Le cadre de concertation régional sur l’eau et l’assainissement de la Région de Saint-Louis lancé dans le cadre du programme Aicha, mené avec l’appui du Gret depuis 2012, promeut l’implication de toutes les parties prenantes, et notamment des collectivités territoriales et des usager%u2219e%u2219s dans la gouvernance des services d’eau. Le 25 août dernier, la création expérimentale du premier Comité local de suivi des DSP dans la région de Saint-Louis a été lancée, associant tous les acteurs concernés.
Présidé par le Gouverneur de la région, avec la participation du Directeur général de l’Ofor, des collectivités territoriales, des délégataires et des représentants d’usager%u2219e%u2219s, le dispositif de Comité local de suivi semble nécessaire pour garantir des services performants, durables, répondant aux besoins et priorités exprimées par les populations. Il permet :
L’enjeu est aujourd’hui de faire vivre cette instance de gouvernance partagée d’un service d’eau potable en milieu rural, afin qu’elle démontre sa pertinence à tous les niveaux. Fort de son expérience de gouvernance partagée des services d’eau, le Gret poursuivra son accompagnement aux côtés de l’Ofor et de l’Etat sénégalais.
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