Ces dernières années, la Banque africaine de développement (BAD) n’a eu de cesse de vouloir associer la société civile africaine aux débats ayant trait au développement et à l’avenir de l’Afrique. Le société civile peut – et doit – devenir un partenaire indispensable dans le projet de nourrir l’Afrique, selon de nombreux experts et acteurs du secteur agricole sur le continent.
Jeudi 25 mai 2017, au Palais des congrès et des expositions Mahatmat Mandir à Ahmedabad (Inde), qui accueillait les Assemblées annuelles du Groupe de la BAD, un panel dédié à la société civile dans l’agriculture a retenu l’attention. Unanimes, les participants au débat ont déclaré que le chantier en construction de l’agriculture africaine ne saurait se conduire sans y associer la société civile, à qui il faudrait faire un peu plus de place.
« Pour nourrir l’Afrique, nous aimerions être considérés comme un partenaire », a ainsi plaidé Dorothy Mukhebi, directrice adjointe de l’ONG kenyane Femmes africaines pour la recherche et le développement agricoles (African Women in Agricultural Research and Development, AWARD). Nourrir l’Afrique est d’ailleurs l’une des Cinq grandes priorités de la BAD, inscrites dans son Top5 : « Si des travaux de recherches sont effectués, nous devrions pouvoir donner notre avis, intervenir sur ce qui fonctionne bien ou mal », a poursuivi Dorothy Mukhebi. Selon elle, la société civile en Afrique, qui a un rôle à jouer, a besoin de faire entendre sa voix. « Nous [organisations de la société civile ndlr] devons parler d’une seule voix et voir comment instaurer la confiance avec toutes les parties prenantes dans le développement de l’Afrique ».
« La BAD est résolue à travailler avec la société civile qui évoluait à la marge des débats, mais qui aujourd’hui en est au centre. Le travail que nous faisons ensemble doit être renforcé. Nous devons établir un partenariat gagnant », a dit, en réponse, Sipho Moyo, directrice chargée des grands projets à la BAD.
Madame Moyo a suggéré que chaque partenaire joue son rôle en s’inspirant de l’expérience de l’Inde, qui a accordé une place de choix à sa société civile. Et de faire le lien avec l’implication également requise du secteur privé en Afrique : « En amont, les gouvernements doivent jouer un rôle catalyseur. Ensemble, nous devons impliquer et appuyer les PMI-PME jusqu’à atteindre le niveau que le secteur privé recommande pour s’engager à son tour », a suggéré Sipho Moyo, soulignant au passage que le secteur privé est un chaînon incontournable du développement de l’agriculture sur le continent. « Nous ne réussirons la transformation de l’agriculture africaine que lorsque le secteur privé aura pris sa place », a-t-elle poursuivi.
« La plupart des entreprises africaines sont des PME. Si on ne les aide pas, on ne peut pas progresser », a renchéri Lucy Muchoki, présidente du Consortium panafricain de l’agroalimentaire et de l’agro-industrie au Kenya (Pan African Agribusiness and Agroindustry Consortium, PanAAC). Selon elle, une fois ce pari réussi, les producteurs ne devraient plus avoir de difficultés à s’investir dans le développement agricole de l’Afrique. « Lorsque les agriculteurs savent qu’ils gagnent à s’engager dans un projet, ils s’impliquent. Alors, la société civile doit servir de relais pour leur proposer quelque chose de différent, notamment les aider à tenir compte du changement climatique », a souligné Muchoki.
Au cours des dix dernières années, la BAD a accru le niveau de transparence sur ses activités et sa responsabilité envers ses pays membres et le grand public, en concevant et en engageant de nouvelles politiques et de nouveaux mécanismes à même de l’aider à mieux connaître et tenir compte des aspirations des populations africaines. Le Cadre d’engagement avec les organisations de la société civile (OSC), qui participe de cette vision est précisément conçu pour renforcer la collaboration actuelle de la Banque avec les OSC.
Cette collaboration devrait contribuer à améliorer l’impact et les résultats des programmes conduits par la Banque, à une plus grande pertinence des documents de politique élaborés ainsi qu’à mieux impliquer les OSC dans la gestion axée sur les résultats de développement que doivent privilégier les pays membres régionaux (PMR).
À Ahmedabad, plus de 3 000 délégués, parmi lesquels des chefs d'État et de gouvernement, des ministres des Finances et responsables de banques centrales, sont venus assister aux Assemblées annuelles 2017 de la BAD, aux côtés des représentants des institutions multilatérales de financement du développement, d’agences de développement, du secteur privé, d’organisations non gouvernementales, de la société civile et des médias.
Communiqué de la BAD (947 hits)