Des spécialistes haïtiens estiment qu'il est possible, dans certaines conditions, de reboiser Haïti, dont la vulnérabilité s'accélère, entre autres, à cause du niveau de déforestation qui dépasse les 98%.
" Le reboisement est possible biologiquement, mais socialement et politiquement il y a des obstacles ", considère l'agronome Yves-André Wainright.
L'ancien ministre de l'environnement a été consulté par AlterPresse à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre la désertification le 17 juin.
Wainright explique que la plupart des terres affectées par la déforestation peuvent être encore régénérées, puisque, dit-il, elles renferment beaucoup de matières organiques.
Dans les villes et les zones rurales, ces matières sont " tellement abondantes " que " si on laisse les terres en repos pendant un certain temps, elles sont capables d'être reboisées par elles-mêmes ", ajoute-il.
Mais, s'empresse-t-il de souligner, pour le moment, il n'y a pas d'alternative économique, tandis que le rendement de l'agriculture est faible, ce qui augmente la pression sur les terres.
La reforestation figure parmi les priorités de l'administration du président Michel Martelly qui a fait de l'environnement un des principaux axes de sa politique.
Le 5 juin dernier, à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, Martelly a visité un projet pilote de reboisement au Morne l'Hôpital, montagne sérieusement dégradée, qui surplombe la capitale.
Martelly a annoncé que, ce jour-là, 800 plantules ont été mises en terre et qu'à partir du mois de septembre prochain 2 millions d'arbres seraient plantées.
L'agronome Yvon Faustin, assistant technique de l'Association des Paysans de Vallue (zone de montagne de l'Ouest), qui est impliqué dans des activités locales de reboisement, exprime également à AlterPresse sa conviction de la possibilité conditionnelle de reboiser Haïti.
" Le reboisement est faisable, comme nous avons réussi à le réaliser à Vallue ", soutient-il. Faustin précise que sur un million d'arbres mis en terre à partir de 1987, 600.000 ont survécu.
" Nous avons un système de surveillance qui fonctionne et les oiseaux aident aussi, en transportant des semences de plusieurs arbres dans la zone ", explique-t-il.
" La question n'est pas d'interdire la coupe des arbres ", souligne-t-il. " Il faut les couper de manière contrôlée ", tout en développant " des activités économiques de substitution ", capables de permettre aux paysans de subvenir à leurs besoins, ajoute-t-il.
" S'il y a de la volonté politique, on peut trouver des résultats ", insiste l'agronome, pour qui le reboisement " ne doit pas être uniquement un slogan politique. "
Au début de juin, plusieurs personnalités ont invité le gouvernement " à laisser de coté les promesses " relatives à l'environnement pour " passer aux actes ".
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