La Tunisie est le pays du contour méditerranéen le plus touché par le changement climatique. Le stress hydrique en particulier y est particulièrement prononcé et le pays compte parmi les territoires à plus forte pénurie en eau. De l’industrie textile à l’agriculture en passant par la consommation domestique et le tourisme, les besoins en eau se développent rapidement et accroissent la pression sur la rare ressource nationale.
Pour résilier le territoire au changement climatique et notamment à la sécheresse, le projet Reverdir la Tunisie lancé en 2013 favorise un modèle d’agriculture adapté aux changements du climat. Le projet est né d’une initiative citoyenne entre l’Institut supérieur des sciences biologiques appliquées de Tunis (ISSBAT) et des associations écologiques engagées dans les enjeux de l’environnement. L’objectif principal est de faire face au changement climatique en adoptant des techniques agro-écologiques productives et durables permettant de continuer l’exploitation des terres dans le temps et de préserver l’environnement.
Le modèle promeut la création « d’oasis-forêts » et l’utilisation de techniques agricoles traditionnelles d’irrigation sans l’utilisation d’engrais et pesticides chimiques qui appauvrissent les sols. Les oasis-forêts développés sont des mélanges d’arbres fruitiers et forestiers, combiné à un modèle ancestral d’irrigation par jarres. L’introduction d’arbres forestiers entre les arbres fruitiers dans ces oasis doivent notamment permettre d’enrichir les sols en nitrate et phosphore. La création de ce nouvel assemblage spatial vise à lutter contre les impacts du réchauffement et à résilier le territoire face à la dégradation des sols et à l’appauvrissement de la biodiversité. L’intérêt de ce modèle est qu’il permet de développer un système d’irrigation limitant les gaspillages d’eau et ainsi de diminuer la pression sur la ressource, tout en développant le tissu agricole du pays.
Le projet compte aussi développer la conscience environnementale chez les jeunes en mobilisant la jeune génération plus sensible à l’écologie. Ainsi, les projets pilotes menés sont réalisés dans des écoles, collèges et lycées comme à Mareth ou Zarat et à l’ISSBAT pour sensibiliser les élèves et former les étudiants de l’Institut au développement durable. En tout, six oasis-forêts ont été développées avec des établissements scolaires qui en assurent leur suivi. L’implication de l’ISSBAT dans le projet devrait également permettre d’améliorer la performance du modèle par la recherche de l’innovation et de l’étendre à plus grande échelle.
A long terme, les ambitions sont de réhabiliter les sols dégradés, économiser les besoins d’eau, contribuer à garantir la sécurité alimentaire du pays sur le long terme, mieux sensibiliser à l’environnement et protéger la biodiversité.
Source image : Wikimedia Commons License Creative Commons
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