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Que peuvent les forêts dans la lutte contre la faim ?



  • Alors que près d'un milliard de personnes souffrent de faim chronique dans le monde, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture dans le monde (FAO), met en lumière, dans un document transmis aux médias le 26 octobre dernier, le rôle des forêts dans la lutte contre la faim. Ainsi, selon la FAO, l'exploitation des forêts pour la fourniture de bois et autres produits ligneux ne doit pas occulter leur importante contribution à l'alimentation de nombreuses communautés pauvres dans le monde.

    Pour son sous-directeur général chargé des forêts, M.Eduardo Rjas-Briales, "les forêts et les arbres des exploitations agricoles sont une source directe de nourriture et de revenus en espèces pour plus d'un milliard de personnes parmi les plus pauvres du monde" et "ils fournissent à la fois des aliments de base et des aliments complémentaires". Il note qu'en Inde, plus de 50 millions de personnes dépendent directement des forêts pour leur subsistance et qu'en République démocratique populaire du Laos, les aliments sauvages sont consommés par 80 % de la population sur une base quotidienne. En Afrique de l'Ouest, les femmes utilisent le beurre de karité pour frire les aliments ou pour accompagner les plats cuisinés ; la cueillette et le traitement du karité qui est un ingrédient important dans la fabrication du chocolat et autres confiseries, procurent aux femmes rurales près de 80 % de leurs revenus.

    Les aliments tirés de la forêt et de la faune apportent une contribution modeste mais essentielle au régime alimentaire peu varié et pauvre d'un point de vue nutritionnel des populations rurales pauvres. A titre d'exemple, les feuilles sauvages peuvent être une excellente source de vitamines A et C, de protéines et de micronutriments tels que le calcium et le fer. Par rapport aux fruits, elles sont des ressources particulièrement riches en minéraux et en vitamines et leur apport en calories n'est pas négligeable. Certaines variétés de plantes que l'on trouve dans les forêts sont des racines et tubercules comestibles qui fournissent des glucides et certains minéraux.

    C'est pour ces raisons que le Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF), dont la FAO est un membre actif, soulignant "le potentiel des forêts et des arbres pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle" appelle à "davantage d'attention de la part des décideurs nationaux et régionaux et des agences internationales de développement". Allant dans le même sens, M.Eduardo Rjas-Briales exhorte les gouvernements et leurs partenaires du développement "à accroître leurs investissements en faveur de la gestion forestière durable et de la réhabilitation des terres forestières dégradées".

    Il faut aussi relever que la conservation des forêts devient un atout économique de plus en plus indéniable pour les pays forestiers. En effet, selon M. Emmanuel Ze Meka, Directeur exécutif de l'Organisation internationale des bois tropicaux "les produits alimentaires sont la composante qui connaît le facteur de croissance le plus élevé parmi les produits forestiers non ligneux dans de nombreux pays tropicaux. La valeur ajoutée de la forêt la rend davantage susceptible de demeurer une forêt plutôt que d'être convertie à d'autres usages". Plus de 400 000 agriculteurs au Malawi, en Tanzanie, au Mozambique, en Zambie et au Zimbabwé ayant opté pour une agriculture qui intègre les systèmes de fertilisation grâce aux arbres, ont vu les rendements de leur production alimentaire doubler.

    Quant à la contribution des forêts dans le secteur agricole, outre leur impact direct aux régimes alimentaires en milieu rural, les forêts fournissent des services environnementaux qui favorisent la production agricole durable, service éminemment précieux mais difficile à mesurer. Mme Frances Seymour, Directrice générale du CIFOR souligne ainsi que "alors que pour certains observateurs, la protection accrue des forêts et l'accroissement de la production agricole se neutralisent réciproquement, les forêts fournissent en fait de nombreux services environnementaux notamment ceux liés à la pollinisation, à l'hydrologie et à l'atténuation du climat. Autant de services qui soutiennent la productivité agricole". 

    Malheureusement, dans de nombreux pays en développement, les ressources forestières et fauniques sont de plus en plus menacées par la surexploitation, ce qui entraîne une perte de biodiversité et met en péril la sécurité alimentaire. C'est pour discuter de cette question, et suggérer des nouvelles mesures permettant d'améliorer la gestion durable de la faune dans les pays tropicaux et subtropicaux, que la Convention sur la biodiversité biologique et le Centre de recherche forestière internationale (Cifor), se réuniront en novembre 2011.

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