Depuis 2015, l’African Marine Mammal Conservation Organization (AMMCO) développe une application mobile « SIREN » pour réaliser l’inventaire des espèces que l’on retrouve au niveau du marin côtier camerounais et permettre au pêcheur de contribuer à la science. A travers la promotion de cette science citoyenne, les pêcheurs et les communautés locales sont impliqués dans la collecte des données. « Nos pêcheurs passent du temps à la mer et voient des choses qui nous échappent. Ces informations sont capitales pour les pays en développement comme les nôtres où la science n’est pas encore la priorité », fait observer le président d’AMMCO, Dr. Aristide Takoukam Kamla.
L’expert déplore le fait que les espèces et les habitats marins du Cameroun demeurent encore très peu connus tant par les scientifiques que par le grand public. Les efforts de recherche et de protection sont fortement orientés vers les écosystèmes terrestres et les espèces emblématiques telles que les grands singes, éléphants, girafes, lions et bien d’autres. Jusqu’à présent, le Cameroun ne dispose que deux aires marines protégées récemment créées et qui ne bénéficient pour le moment d’aucun plan de gestion, déplore AMMCO.
Les communautés locales généralement considérées comme les premiers gardiens de la ressource, ne sont pas suffisamment impliquées dans le processus de création et de gestion des aires marines protégées, poursuit l’Ong. L’expérience du Sénégal en la matière est une source d’inspiration, avec une gouvernance communautaire mise en place et qui fait preuve d’efficacité dans la préservation des écosystèmes marin et côtier, précise Aissata Dia, biologiste et conseillère en plaidoyer chez Blue Ventures.
Une quarantaine d’espèces de requis et de raies dénombrées
S’il est vrai que très peu d’espèces marines menacées bénéficient d’un statut légal de protection au Cameroun, un inventaire a néanmoins été réalisé sur les espèces de requis et de raies disponibles au pays. Près de 40 espèces de requis et de raies ont été dénombrées parmi lesquelles 11 espèces en danger critique, c’est-à-dire qui ne sont pas protégées dans les eaux sous juridiction nationale alors qu’elles apparaissent dans la liste rouge de l'UICN en tant qu’espèces menacées. C’est le cas par exemple du requin marteau, de l’ange de mer et de raies guitare.
Face à cette vulnérabilité, il est question de mettre en place des stratégies pour protéger ces espèces. Dans cette logique, AMMCO accompagne une organisation partenaire Ntube Awu dans le développement des plans de gestion du nouveau parc national marin Manyange na Elombo Campo. L’idée est d’éveiller les consciences à différentes échelles afin d'éviter la disparition de ces espèces dont dépendent les communautés locales côtières de manière quotidienne.
Selon les sources concordantes, le parc marin de Manyange na Elombo Campo révèlerait la présence saisonnière ou permanente de la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) dont 10% de la population mondiale s’accouple et met bas entre le Cameroun et le Gabon, du dauphin à gros nez (Tursiops truncatus), du dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba), du dauphin tâché pantropical (Stenella attenuata) et de la sotalie du Cameroun (Sousa teuszii), espèce vulnérable qui avait disparu du golfe de Guinée depuis 1982.