La prise de conscience de la plupart des décideurs de ce monde de l'actuel réchauffement climatique favorise l'amplification du débat sur les possibilités d'exploiter des sources d'énergies renouvelables.
En effet, depuis quelques décennies déjà, les rencontres mondiales au sommet se succèdent en la matière : Depuis le rapport Brundtland (1987) jusqu'à la conférence de Bonn (2004), en passant par le sommet de la terre à Rio (1992) et la conférence de Kyoto (1997), les problématiques liées au développement des énergies alternatives sont abordées avec passion et enthousiasme.
En Afrique aussi, des conférences se tiennent, qui ont pour but de se pencher sur la question. C'est le cas notamment de la conférence internationale sur les énergies renouvelables pour le développement en Afrique qui s'est tenue au Sénégal en Avril 2008. Cette rencontre avait pour objectif principal l'identification des obstacles à la relance du marché des énergies renouvelables en Afrique.
Pourtant, au vu des réalités du terrain africain, on pourrait se demander si les gouvernements du continent ont bien compris les enjeux du développement des énergies renouvelables...
Les biocarburants : deux tendances !!
La filière des biocarburants connait des fortunes diverses sur le continent.
En effet certains pays ont mis en place des structures spécialisées pour propulser le développement des biocarburants.
C'est le cas du Mali qui, très récemment, s'est doté de l'Agence Nationale de Développement des Biocarburants (ANADEB), chargé de promouvoir la filière tout en réglementant le marché.
Pour sa part, le Sénégal a créé tout simplement un ministère des biocarburants chargé d'exécuter un ambitieux projet quinquennal et national de développement de la culture de Jatropha curcas qui vise la production de plus d'un milliard de litres d'huile.
Le Ghana et le Nigeria ont affiché aussi leur ferme volonté de promouvoir les biocarburants à travers la réalisation de projets d'envergure nationale.
Il faut pourtant noter qu'en face de ces Etats motivés, se dressent des pays, sinon indifférents aux biocarburants, du moins hésitants. En effet, dans de nombreux pays d'Afrique encore, la filière des biocarburants est aux mains du secteur privé quasi exclusivement : Seulement des structures étatiques microscopiques sont chargées en théorie d'encadrer cette filière nouvelle et complexe.
Dans tous les cas, il faut reconnaître que la grande priorité des Etats d'Afrique reste encore la sécurité alimentaire et que, par conséquent, le choix du développement de la filière des biocarburants ne devrait pas se faire au détriment de l'agriculture vivrière, vitale, qu'il faudrait intensifier parallèlement.
L'énergie solaire : quasi -inexploitation d'une ressource abondante et gratuite
Avec un flux solaire oscillant entre 5 et 7 kWh/m²/ jour[1] le continent africain est le plus ensoleillé de la planète. Malgré cet avantage, très peu de pays africains exploitent efficacement cette source d'énergie abondante et gratuite.
De tous les obstacles qui freinent un véritable décollage de cette énergie, l'obstacle politique est le plus important. Au plan de la technologie et du financement, des structures et mécanismes bien huilés en la matière existent déjà au plan mondial et pourtant...
Il faut ici saluer le courage du Rwanda, Etat d'Afrique qui a initié le plus grand projet solaire du continent en juin 2007 avec l'installation (par des allemands) d'une centrale solaire géante occupant environ 4ha !
Les pays d'Afrique du Nord et l'Afrique du sud font aussi des efforts importants dans le domaine de l'énergie solaire.
Dans tous les cas, le bilan reste très en deçà des attentes des spécialistes, au vue de l'importance du flux solaire sur le continent. Des projets nationaux doivent être initiés et exécutés afin d'apporter l'électricité aux nombreuses populations urbaines et rurales encore dans l'obscurité sur le continent.
Le MDP : une opportunité inédite
Le Mécanisme pour le Développement Propre (MDP) prévu par l'article 12 du Protocole de Kyoto ( adopté en décembre 1997), a pour objectif d' aider les pays en développement à réaliser des projets de développement durable. Parallèlement, ce mécanisme permet aux pays industrialisés de financer des projets de réduction des émissions de GES (gaz à effet de serre) dans les pays en développement grâce à l'obtention de crédits.
Ce mécanisme se présente ainsi comme une opportunité sans précédent pour les pays d'Afrique noire, qui doivent désormais proposer des projets participant du développement durable (gestion d'ordures ménagères par la production de biogaz, promotion des énergies renouvelables, gestion durable des forêts...)
Le 9 juillet 2009, la Côte d'Ivoire a obtenu son tout premier projet dans le cadre du MDP.
C'est la Société ivoirienne de traitement des déchets (SITRADE SA) qui va collecter et traiter environ 200 000 tonnes de déchets urbains par an sur le site de Bingerville, banlieue d'Abidjan. Le recyclage des ordures qui a pour but de produire du biogaz, sera converti en électricité pour alimenter le réseau électrique national. Par ailleurs, le compost issu de cette transformation servira d'engrais organique pour l'agriculture périurbaine. Finalement, la réalisation de ce projet permettra d'éviter chaque année la production de 71 000 tonnes de CO2.
Face au réchauffement climatique et à l'épuisement inévitable des sources d'énergies fossiles, les pays d'Afrique noire ne devraient pas rester en marge du mouvement planétaire de promotion des énergies renouvelables.
Les enjeux écologiques, trop importants devraient interpeller et motiver les gouvernants.
L'abondance et la permanence de l'énergie solaire sur le continent, les réelles possibilités de la culture de Jatropha curcas (biocarburant) et le MDP sont autant d'opportunités pour les pays d'Afrique noire de participer efficacement à un développement plus durable.
Christophe GBOSSOU
cgbossou@yahoo.fr
[1] kWh/m²/j : c'est le flux solaire ou ensoleillement moyen journalier ramené à une surface d'un mètre carré.