La crise énergétique mondiale est fortement ressentie par les pays pauvres importateurs de pétrole. Malgré un souci de diversification du mix énergétique, les résultats concrets continuent de se faire attendre.
Un programme assez ambitieux de biocarburant est mis en oeuvre au Sénégal, à travers un dispositif de culture de pourghère (Jatropha curcas L). Ce programme du Gouvernement du Sénégal constitue un des élements de la nouvelle politique énergétique conçue pour atténuer la dépendance vis-à-vis de l'extérieur.
Le programme est bâti sur une base de production utilisant les réserves foncières dans les différentes Communautés rurales du Sénégal. Une projection de 1000 hectares de Jatropha par Communauté rurale est envisagée. Cette disposition a plusieurs implications, dont l'utilisation de la terre, source de revenus, mais aussi de conflits sociaux. Dans cette posture, les incertitudes concernant l'alimentation sont-elles écartées ? L'analyse diachronique de l'occupation des sols et des superficies utilisées pour la culture du Jatropha montre que le mode d'utilisation de la terre peut être facteur de risque pour la sécurité alimentaire. En effet, les systèmes de culture de Jatropha Curcas reposent sur une association des cultures avec les céréales, les légumineuses, les cultures oléagineuses. Les modalités de contractualisation constituent des facteurs déterminants dans l'utilisation des espaces cultivés et l'allocation de superficies pour la culture bioénergétique. Cependant, l'implication des acteurs (les producteurs, particulièrement) dans une stratégie d'extension/substitution des superficies destinées aux cultures traditionnelles vivrières et de rente aux cultures énergétiques dépendra des débouchés offerts par les biocarburants mais également des performances économiques de cette filière.
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