L'Université de Ouagadougou, en collaboration avec l'Institut de Recherche et de Développement (IRD) vient de mettre au point, une technique permettant de mesurer la quantité d'eau de pluie au sol à partir de la téléphonie mobile. Le Professeur François Zougmoré de l'Université de Ouagadougou et son équipe, Frédéric Cazenave, ingénieur de recherche au Laboratoire d'étude des transferts en hydrologie et environnement (LTHE) à Grenoble, sont les auteurs de cette innovation. Ils ont démontré qu'à partir des liens téléphoniques, il est possible de calculer des quantités d'eau de pluie tombées au sol. L'étude a été menée au Burkina Faso à partir de 2011 et publiée dans la revue "Geophysical Research Letters" en juillet 2014.
On sait que les gouttes d'eau atténuent les signaux radio transmis entre deux antennes -relais (pylônes). En cas de pluie, l'onde qui est entre les pylônes va traverser les gouttelettes d'eau. Au cours de ce passage, deux phénomènes se produisent: d'une part les gouttelettes absorbent une fraction de l'énergie véhiculée par les ondes; d'autre part elles diffusent ces ondes et les détournent de leur trajectoire initiale. Ainsi quand il pleut l'intensité des signaux reçus chute. On peut donc dire que lorsque le signal de télécommunication est émis entre deux pylônes, il transporte de l'information et lorsqu'il rencontre un nuage de précipation de pluie, ce signal perd en puissance, et c'est la mesure de cette perte de puissance qui est utilisée pour déterminer la quantité d'eau de pluie tombée au sol.
L'étude a concerné la saison des pluies de 2012 au Burkina Faso. A partir des données sur l'atténuation du signal hertzien, fournies par l'entreprise de éléphonie Telecel Faso, les chercheurs en ont déduit les quantités d'eau tombées. Ces résultats ont été confrontés à ceux des pluviographes placés sous les pylônes de téléphonie. Ils ont alors constaté à 95% que les résultats obtenus à partir des ondes cellulaires étaient précis. Cette nouvelle méthode élargit sans aucun doute, l'offre des instruments de mesure de pluie.
Dr Arnaud Zagbaï (le texte est de l'auteur; source: Sidwaya quotidien)
