Relever le triple défi de la mobilisation, de la répartition efficiente et de la bonne gestion des ressources
Pour réaliser le droit à l’éducation pour tous, il faut de l’argent : plus précisément des investissements suffisants et bien ciblés dans les interventions les plus indispensables pour pouvoir offrir à tous, y compris aux plus marginalisés, une éducation inclusive de qualité. Dans un monde aux ressources de plus en plus limitées, un pays à revenu faible comme le Burkina Faso se retrouve confronté à l’énorme défi du financement, qui ne pourra être relevé qu’à condition de puiser davantage et mieux dans les ressources intérieures. Certes, depuis plus d’une dizaine d’années, des progrès considérables ont été accomplis en vue d’offrir de meilleures opportunités d’éducation aux enfants, aux jeunes et aux adultes analphabètes. Le nombre d’enfants scolarisés au primaires s’est accru de même que la parité entre les sexes et les taux d’alphabétisation des jeunes. Mais il reste encore beaucoup à faire car le pays enregistre des taux de décrochage toujours élevés, et une qualité encore beaucoup à faire car le pays enregistre des taux de décrochage toujours élevés, et une qualité d’éducation qui laisse à désirer avec une grande proportion d’enfants qui quittent l’école primaire sans savoir ni lire ni écrire.
C’est connu, l’un des facteurs déterminants pour l’amélioration de la qualité de l’éducation est l’offre d’une formation de qualité pour les enseignants. Il ne sera pas possible de surmonter ces difficultés sans des investissements plus importants et plus stratégiques dans l’éducation. Il faut donc trouver plus d’argent et vite. Le gouvernement a la responsabilité de garantir à tous ses citoyens le droit à l’éducation, et donc la responsabilité de le financer. Il faut aussi parvenir à utiliser aussi efficacement que possible l’argent disponible.
Investir dans la formation des enseignants pour une éducation de qualité au Burkina Faso
Un autre défi majeur dans les dépenses pour l’éducation consiste à améliorer la qualité parallèlement à l’expansion de l’accès. Beaucoup trop d’enfants quittent l’école sans avoir appris à lire ni à écrire, sans parler de l’acquisition de compétences plus complexes d’analyse, de créativité et de réflexion critique qui devraient accompagner une instruction de qualité. La mauvaise qualité de l’éducation se traduit par des redoublements. L’insuffisance d’enseignants professionnels et bien formés explique en grande partie les problèmes de qualité. La qualité de l’éducation offerte à un enfant et l’apprentissage qu’il reçoit en classe dépendent avant tout de l’enseignant. Une méta recherche publiée entre 1990 et 2010 a révélé que la présence et le niveau de savoir des enseignants constituaient de loin les facteurs les plus influents sur les résultats des élèves. Autrement dit, il sera plus difficile à un enfant de s’instruire si son enseignant est insuffisamment formé ou débordé par le nombre d’élèves, que s’il est scolarisé dans une classe à effectifs réduits avec un enseignant qualifié et bien formé. Les coûts salariaux des enseignants sont de loin le premier poste de dépenses dans les budgets de l’éducation, et l’augmentation globale des budgets devrait permettre d’augmenter les dépenses consacrées aux enseignants. Il importe toutefois de s’assurer que l’argent est utilisé de manière appropriée pour financer un soutien adéquat et des formations adaptées ainsi que des rémunérations susceptibles d’attirer et de retenir les bons professionnels. Les dépenses salariales et de formation nécessitent des flux de recettes fiables et continus : une nouvelle raison pour inciter le gouvernement à renforcer la fiscalité en vue de financer les dépenses d’éducation.
Au Burkina Faso, la SMAE est un moment privilégié de sensibilisa on, de réflexion, mais aussi de prise de contact et d’échanges avec les décideurs, les partenaires techniques et financiers autour d’un certain nombre de demandes de changement. Ainsi, pour ce e SMAE 2016 qui invite à financer l’éducation pour tous avec davantage de ressources domestiques, la coalition Nationale pour l’Éducation Pour Tous demande-t-elle :
Allouer au moins 20 % du budget national à l’éducation, et au moins 50 % de ce dernier à l’éducation de base, avec un pourcentage nettement supérieur dans le domaine de la qualité et d’accès et de l’inclusion.
Commencer à mettre en place une fiscalité plus progressive, dans le but de diriger davantage de ressources au profit de l’Éducation pour tous et de réduire les inégalités.
Comptabiliser les recettes provenant des accords fiscaux et les contrats de royalties dans le secteur des ressources naturelles séparément et de façon transparente, et en dédier une proportion significative à l’éducation.
Revoir les exemptions fiscales temporaires, analyser leur impact sur les recettes publiques et comparer les gains éventuels qui en découlent avec les pertes subies par le secteur de l’éducation et par d’autres secteurs sociaux.
Donner des ressources et des moyens financiers à l’administration fiscale pour examiner avec soin les déclarations fiscales des entreprises et détecter les cas de fraude.
Développer des approches et des formules de financement ciblant les enfants non scolarisés notamment les filles et enfants en situation de handicap.
Examiner les propositions budgétaires et les dépenses dans le domaine de l’éducation à la lumière de leur impact spécifique sur les filles et les femmes ainsi que d’autres groupes défavorisés en réalisant des audits axés sur le genre et sur l’inclusion.
Élaborer des plans de personnel chiffrés, en accord avec les parlements et la société civile, pour combler entièrement le manque d’enseignants qualifiés et déployer ces enseignants de façon équitable, et intégrer ces plans dans les dépenses d’éducation.
Financement de l'éducation au Burkina Faso (922 hits)