Les inégalités paritaires persistent en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel. Pourtant considérées comme majeures dans les piliers économique, social et dans le secteur agro-alimentaire du fait de leur large contribution, les femmes sont toujours victimes de nombreuses inégalités : entre déni des droits et la violence dont elles font l’objet, il devient urgent de se pencher sur la question.
L’ONG Oxfam a publié un rapport intitulé Celles en janvier 2020 qui présente les inégalités dans le monde. D’après leur enquête, « les hommes détiennent 50 % de richesses de plus que les femmes » et le constat est particulièrement accablant en Afrique de l’Ouest. En effet, la région ouest du continent africain est la région la moins engagée dans la lutte contre les inégalités selon l’indice de l’Engagement à la réduction des inégalités (ERI.) Robin Guittard, responsable de campagne à Oxfam France, remarque que « L’Afrique de l’Ouest est la région la moins engagée à réduire les inégalités alors qu’elle enregistre la plus forte croissance du continent. » L’indice de Gini, mesurant l’écart de répartition de revenus à l’intérieur d’un pays, montre que dans la région d’Afrique de l’Ouest, plus les pays sont riches et plus les inégalités sont importantes. Parmi les pays en haut du classement qui comptent parmi les plus inégalitaires selon l’indice de Gini figurent la Guinée-Bissau et le Bénin, suivis de la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Ghana, le Tchad, le Togo et enfin la Gambie. Pourtant, on observe depuis ces dernières années dans la région une véritable croissance forte : en 2018, six des dix pays à la plus forte croissance économique du continent africain étaient en Afrique de l’Ouest parmi lesquels se trouvaient la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Ghana, le Burkina Faso, le Bénin et le Niger. Pourtant, cette croissance forte n’est pas inclusive. Même dans la première économie du continent africain et de la région, « une femme d’une famille pauvre est 26 fois plus susceptible de n’avoir jamais été scolarisée qu’une femme de famille riche.»
Les femmes sont victimes de la société patriarcale et des coutumes qui sévissent encore dans la région, notamment pour devenir propriétaires des terres. D’après une enquête de l’OCDE (du Club de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel), 80 % de l’emploi de la transformation des produits agricoles sont tenus par des femmes, pour 70 % de la commercialisation et près de 90 % de la vente de produits agricoles prêts à être consommés dans la rue. Malgré leur rôle prépondérant dans l’économie agricole, les femmes ne peuvent développer convenablement leurs activités commerciales. Mais ce n’est pas le seul obstacle auquel font face les femmes dans la région. Privées de leurs droits les plus fondamentaux, les pratiques, les normes sociales et le droit informel sont très défavorables pour la condition des femmes pour des sujets tel que le mariage, le divorce, les droits à l’héritage et l’autorité parentale. Les femmes sont par exemple victimes des mariages précoces, comme au Niger (76%), au Burkina Faso, au Mali et au Tchad. Enfin, les femmes sont les premières victimes de violence, que ce soit les violences conjugales ou les violences terroristes. Par exemple, 9 femmes sur 10 au Mali ont été victime de mutilations génitales.
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