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L'Afrique peut-elle ignorer la mondialisation?



  • Le phénomène dit de la mondialisation ne se réduit point à l’accroissement sans précédent de la création de richesse. Il porte naturellement en lui une vocation globale, une tendance à couvrir tout l’espace de la créativité humaine, donc toute culture et tout civilisation. Cette prétention, parce qu’elle n’est pas arrivée à assurer le minimum nécessaire pour tous, engendre des réactions contestataires fortes, dont les contours les plus visibles empruntent les formes de l’altermondialisme ou du fameux choc des cultures et des civilisations.
    Le débat est planétaire et il est complexe : ce que l’on appelle « l’altermondialisation » ne conteste pas seulement un système économique dominateur dont le leadership est assuré par le groupe des « 8 » (le G8) et dont les institutions cardinales sont l’OMC, le FMI et la BIRD ; mais un ordre qui compromet l’avenir de l’humanité par une exploitation drastique qui n’a cure de l’écologie et de l’environnement. Depuis le sommet de la Terre de Rio (1992), cet aspect de l’équation est devenu incontournable.
    Les disparités croissantes entre les sociétés du monde développé et le reste de la planète s’accompagnent de distorsions graves au sein des sociétés, qu’elles soient du Nord ou du Sud, conduisant à des stratifications sociales dont l’iniquité et l’absurdité peuvent être totalement choquantes.
    En Afrique, la question est plus lancinante encore. Parce que le système économique mondial a réussi à favoriser le décollage et parfois le développement économique dans de nombreux pays du tiers-monde (dragons asiatiques, pays en transition), parce que le « non-développement » semble être devenu un phénomène presque exclusivement africain, on s’interroge et on suppute. L’Afrique est-elle un continent à la dérive, dont le destin semble auréolé de doute et l’avenir tissé d’incertitudes ?
    Face à tous ces problèmes, à la montée de l’altermondialisme, aux revendications d’une meilleure répartition des fruits de la croissance, face aux injustices criantes qui caractérisent très souvent l’application des règles élaborées par le système mondial lui-même (par exemple, les subventions des pays développés à leurs producteurs de coton, qui sont contraires aux règles de l’OMC), deux questions reviennent périodiquement : L’Afrique peut-elle prendre le train de la mondialisation ? Et, si elle devait le prendre, comment mieux gérer le système, avec davantage de chances pour tous ? Comment atténuer, sinon annihiler, les effets pervers de cette globalisation-mondialisation ?…


    Source: Edem Kodjio, African Geopolitics
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