Mediaterre
   

Portrait de la position du Cameroun pour les négociations climatiques



  • Pour Mediaterre, deux négociateurs du Cameroun ont présenté leur position sur les négociations climatiques à Copenhague. Témtothée Kagonbe, Point Focal du GIEC au Cameroun, et Christophe Bring, sous-directeur de la Direction de la Promotion de la Restauration de la Nature du Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature, sont à Copenhague avec une équipe de dix personnes. M. Kagonbe est le point focal du GIEC depuis plusieurs années et les deux sont dans la délégation camerounaise, laquelle n'a jamais été aussi nombreuse que cette année.

    Les négociateurs camerounais ont expliqué qu'ils attendaient un accord équitable et juste en prenant en compte des éléments réels. Pour le Cameroun, il est essentiel de trouver une résolution pour l'adaptation, le financement et l'atténuation. Étant un pays du bassin du Congo, qui compte pour 6% de la superficie forestière mondiale, la question des forêts est essentielle : le Cameroun veut que le REDD+ soit mis en place le plus vite possible, avec un volet de renforcement des capacités dès début de 2010.

    Les deux négociateurs ont constaté que beaucoup des pays en voie de développement (PED) ont préparé des PANAs (Plan d'action national d'adaptation) mais qu'ils manquent de financement pour les mettre en oeuvre. Ils demandent donc l'établissement d'un fonds permanent de financement, avec des contributions contraignantes des pays développés. Le Cameroun attend aussi des transferts de technologies et regrettent que les droits de propriété intellectuelle y présentent un obstacle. Il réclame une réductions des émissions à gaz à effet de serre (GES) des pays développés de 25-40% d'ici 2020, pour être dans la fourchette présentée comme nécessaire par le GIEC pour éviter un réchauffement climatique qui dépasserait les 2°C.

    Malgré le peu de développement pour le moment, le Cameroun garde une vision optimiste des négociations et pense qu'un accord est encore possible. Les négociateurs ont avoué que les derniers jours n'ont pas été faciles, notamment à cause des vues opposées des pays sur le REDD et des lacune entourant la question du financement. Ils ont souligné que les PED doivent être très vigilants pour ne pas perdre de fil de négociations. Ils ont expliqué que le groupe africain n'a été informé sur le " draft " texte présenté par Michael Z. Cutajar, président du GTS-PK, que vendredi matin, en retard ; ils n'avaient appris que jeudi soir que la proposition était en rédaction. Les négociateurs du Cameroun se sont assurés d'inclure leurs idées dans le texte en travaillant tard jeudi soir, mais cette expérience leur démontre qu'il faut se méfier des propositions sur la table.

    Faisant référence à la vulnérabilité de l'Afrique en général, les deux négociateurs ont aussi démontré de quelle façon leur pays était déjà affecté par le réchauffement climatique. Le Cameroun vit des sécheresses, des inondations et une instabilité des saisons. Le calendrier agricole est perturbé, ce qui cause une baisse de la production et est à l'origine des famines. Des problèmes peuvent également être constatés au niveau sanitaire. Actuellement, il fait très chaud à Yaoundé, la capitale du Cameroun, ce qui n'est pas normal pour la saison.

    Enfin, le Cameroun souligne qu'il faudrait oublier les intérêts individuels pour parvenir à un accord juste, équitable et contraignant.

    Nina Treu, IDDRI, pour l'IEPF

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