Dans un entretien spécial avec Mediaterre. M. Abdalah Mokssit, Directeur de la Météorologie Nationale du Maroc, nous a expliqué les résultats des études sur les effets du réchauffement climatique au Maroc. Il a présenté les résultats des études du GIEC pour le Maroc, plus générales, et des études nationales avec des aboutissants plus spécifiques pour différentes régions marocaines.
En gros, quatre effets peuvent être constatés au niveau national. Premièrement, une migration causée par les changements climatiques : la population migre vers le Nord, dans des zones plutôt semi-arides. Deuxièmement, une élévation de rythme des phénomènes extrêmes : les sécheresses sont plus aiguës et plus prolongées et leur distribution dans l'année pose problème. Troisièmement, une augmentation des températures, commune à tous les pays de la Méditerranée. Quatrièmement, des précipitations élevées et temporaires.
Les études se concentraient d'abord sur une détection des variabilités climatiques, puis sur une attribution à différents facteurs pour savoir s'il s'agissait d'un véritable changement climatique ou plutôt d'une variabilité " normale ". Les études analysaient 27 indices, par exemple le nombre et la durée des vagues de chaleurs ou de froid, les nombres de jours sans pluie et avec pluie successifs, les écarts extrêmes de températures. Au total, les résultats confirmaient des résultats communs de la Méditerranée. Les études démontraient que les années récentes sont plus chaudes, que la probabilité de vagues de chaleur est plus haute que pour les vagues de froid, qu'il y a une réduction de la pluviométrie et que la fin de la période pluvieuse arrive plus tôt, ce qui affecte la production agricole.
M. Mokssit nous a expliqué comment le Maroc s'adapte au réchauffement climatique. Il a d'abord souligné qu'une adaptation a déjà été nécessaire: elle fut réactive et s'est mise en place progressivement. Pour se préparer aux conséquences du réchauffement climatique, on essai de planifier l'adaptation, selon une approche pro-active. Il serait par exemple intéressant de savoir quel type d'agriculture installer pour qu'elle puisse encore être maintenue dans le futur. Cette anticipation se déroule sur plusieurs niveaux. Primo, le Maroc met en place un système d'information de " vigilance climatique ". Secundo, il est plus prudent de planifier l'infrastructure en prenant en compte les différentes périodes de retour et de réviser les grands projets, comme les barrages, plus souvent qu'avant. Tertio, le Maroc veut encourager un échange des expériences d'adaptation réussies au niveau mondial.
M. Mokssit a également souligné qu'il fallait toujours se méfier de l'information obtenue. Les études peuvent être biaisée à cause de leur financement, il faudrait donc toujours s'interroger sur leurs auteurs et leur méthodologie.
Le Maroc promouvoit le développement durable en intégrant l'adaptation et l'atténuation. Le pays a récemment passé une charte environnementale et développe beaucoup de programmes et de projets environnementaux. De plus, il a obtenu le plus grand nombres de projets du mécanisme pour un développement propre (MDP) en Afrique, après l'Afrique du Sud.
Aux négociations, le Maroc s'intègre fortement au groupe africain et au G77 et soutient leurs positions communes. Il donne une grande importance à la vulnérabilité des pays en voie de développement et demande des transferts de technologies, du financement, la bonne continuation des MDP. Le pays organise un évènement parallèle la semaine prochaine sur leur plan climatique national - Mediaterre en présentera un compte-rendu.
Nina Treu, IDDRI, pour l'IEPF
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