Quatorzième 14ème Conférence des ministres Africains sur l'environnement (CMAE) 2012
" Les jeunes ont pris un engagement ferme d'aller à la
recherche de leur droit "
TANZANI du 10 au 14
Septembre
14ème Session de l'AMCEN
Arusha, Tanzanie
Cérémonie d'Ouverture -Déclaration de la Jeunesse
12 septembre 2012
Bonjour,
Chers Papa, Mama, Grands Frères, Grandes soeurs, Cousins, cousines,
Etes vous surpris de me voir ici devant vous ? Ah, je vois, vous ne vous y attendiez pas n'est ce pas ?
Je ne suis pas devant vous par hasard. Je ne suis pas ici non plus par mérite.
Je suis ici par ce que mandaté par mes pairs, mes amis, mes petites et grandes soeurs.
A travers ma voix, entendez la voix
- des jeunes vivant autour du lac Tchad, en disparition effroyable
- des élèves de l'Ecole Primaire de Baguida, au Togo, dont le village situé à la côte a été récemment balayé de nuit par une vague déferlante
- des jeunes du village de Bunga, obligés d'aller vivre à Nairobi, car leurs terres familiales ont été accaparées et vendues à des investisseurs étrangers
- des jeunes réfugiés des villages du Nigéria, inondés par les eaux d'un grand barrage hydroélectrique construit dans un autre pays
- des enfants ivoiriens, qui pour l'éternité souffriront de pathologies liées au déversement de produits toxiques
- des jeunes paysans, désabusés par la météo et convertis en conducteur de Zémidjan ou taxi moto sur les rues de Cotonou
- des jeunes de Niamey, d'où je viens, qui sont pas sûrs s'ils pourront retourner bientôt à l'école ou pas, du fait de la récente inondation
Ce tableau est connu de vous tous, n'est ce pas ? Et que faites vous ? Des actions appréciables et hautement remarquables. Des décisions par ci, des politiques par là, des stratégies, études, des célébrations de temps à autres et même des projets pilotes...Nous vous en sommes infiniment reconnaissants.
Une chose est certaine, le monde désolant et désastreux contre lequel, les jeunes ont alerté le monde, à Rio en 1992, à travers la voix de Severn Suzuki, est malheureusement, la planète exacte dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Et pourtant, nous avions à plusieurs reprises sonné l'alarme.
Toutefois, dans un élan d'espoir, de vie et d'enthousiasme, vous nous avez convié à Rio pour redonner un souffle à la planète. Nous y étions avec nos idées, danses, chants, slogans et pancartes, confiants. Erreur, les intérêts égoïstes ont eu raison de l'urgence de relever le défi de la pauvreté et du développement vraiment durable.
Rio+20 s'est conclu, sans saveur et dénué d'engagements concrets. Il nous laisse autant sur notre faim qu'il laisse la planète face à des défis inéluctables et l'avenir de l'humanité dans l'incertitude. Les solutions durables étaient là, devant tous, prêtes à être mise à l'échelle, mais on a préféré décorer les problèmes.
Nous réclamions des Etats qu'ils sortent de leur inaction et qu'ils réaffirment l'intérêt général vicié par la primauté donnée au marché. Ils ne l'ont pas fait !
Nous avions demandé que nos gouvernements restreignent davantage la prééminence du secteur privé, notre sort leur a été vendu au contraire, sur l'autel de l'économie verte. L'accord conclu n'offre en rien d'alternatives au système économique inégalitaire et avide de ressources... Il est loin de nos attentes, dénué de mesures contraignantes et juridiquement opposables. Il n'est pas de nature à résoudre les inégalités croissantes ni la dégradation persistante de notre environnement. Vouloir péserver le multilatéralisme à minima ne peut prétendre répondre aux enjeux de l'humanité.
Afrique mon Afrique. Ah oui, un paragraphe pour l'Afique dans la déclaration dite de l'Avenir que nous voulons. Grand honneur s'il en est. Et voulez vous dans votre déclaration d'Arusha, dire que vous accueillez avec satisfaction les résultats de Rio ? Nous nous réjouissons que la plupart des intervenants à cette session ont souligné les limites profondes de ce Sommet.
Chers cousins, papas, soeurs et tantes,
Rio+20 n'entame pas pour autant notre détermination et notre combativité. Les portes ouvertes sont faites pour être saisies. Plus que jamais, nous appelons à AGIR pour faire des pistes de travail retenues et des multiples alternatives qui ont convergé à Rio une feuille de route transformatrice.
Justement, la bonne nouvelle est que je parle aussi et surtout au nom de ces milliers de jeunes à travers les plaines et monts du continents, membres d'associations, de groupements agricoles, de clubs scolaires, qui chaque jour, créent le changement qu'ils aimeraient voir.
En effet, nous n'accusons pas, nous ne nous plaignons pas, nous ne cherchons pas de coupables, nous ne jouons au pas au jeu du 'wait and see', nous ne nous cachons pas derrière l'inaction des autres, nous ne pleurons pas,
Nous agissons
Nous interpellons
nous innovons
nous créons le monde et la planète que nous voulons véritablement.
Au Togo, nous soutenons les communautés à élaborer leur Agenda 21 locaux pour mieux s'adapter, au Nigéria, nous formons les jeunes handicapés à monter les lampes solaires, en Tanzanie ici, nous formons des jeunes à l'écotourisme, au Kenya, des jeunes disseminent les foyers améliorés dans tous les menages et grâce aux technologies nouvelles des jeunes du Congo développent des modes nouveaux de fournitures de service.
Tout ceci, avec nos propres moyens et notre énergie. Imaginez ce que nous pourrons faire ensemble si seulement vous nous facilitez l'environnement.
Nous sommes plus de 200 jeunes venus de 12 pays du continent, à l'appel de l'ONG Jeunes Volontaires pour l'Environnement-International, assister au Premier Forum des Jeunes Pré-AMCEN tenu ici à Arusha les 8 et 9 septembre dernier. A l'ouverture de nos travaux, Madame la Ministre de l'Environnement de la Tanzanie, nous a rassuré avec une citation du Prof Julius Nyerere, comme quoi, 'pour que le développement soit soutenable, il faut la participation de tout le peuple'. Nous sommes là, nous aussi, africains et voulons aider à bâtir, certes, l'Afrique des Etats mais surtout l'Afrique des Peuples.
Nous n'avons pas de demande mais deux appels à lancer :
D'abord, si l'AMCEN est pour les peuples, et alors qu'on clarifie notre rôle et celui des autres groupes d'acteurs dans ses processus et programmes. Des directives claires sur la participation des groupes d'acteurs à l'AMCEN doivent être définies donc quant à notre participation effecitve à vos travaux.
Ensuite et primordialement, que la question des Générations Futures soient discutées ici et maintenant. Nous réiterons notre appel pour la mise en place d'un Haut Conseiller pour les Générations Futures, comme de coutume dans nos traditions locales. Ils ne sont pas là, nos petits frères et soeurs, mais nous leur devons ce service.
Ne nous parlez pas de ressources financières, il y en a à gogo sur notre continent. Les financements innovants suffisent à faire vivre tous nos projets de développement. Si vous voulez, nous pouvons vous montrer comment. Et s'il vous plaît, ne nous laissez pas davantage de dette, dans votre désir profond et sincère de nous bâtir un avenir meilleur.
Si cela n'est pas trop demander, laissez nous tout simplement une Afrique vivante et fière dans ses traditions telle qu'elle vous a été laissée, nous nous chargerons de son développement durable.
Hakuna Matata, Nous créons déjà notre avenir, Notre Afrique,
Celle que ,véritablement, nous voulons.
Je vous remercie.
Information relayée par Alice M. Soulama - Burkina FASO