A mi-chemin entre le micro-crédit et le capital-risque, le crowdfunding ou le financement participatif est une nouvelle source de financement venant répondre à des besoins de capitaux allant de quelques milliers à plusieurs centaines de milliers d'euros.
Ce mode de financement qui connaît une très forte évolution depuis son émergence au milieu des années 2000 consiste à rassembler une communauté d'investisseurs (the crowd) autour d'un projet, d'une entreprise ou d'une cause pour en assurer le financement.
Voici l'aventure dans laquelle se lance FasoPro, lauréate du prix du meilleur impact social de la Global Social Venture Compétition (GSVC - 2012) à Berkley aux USA.
Objectif : Atteindre un montant de 10 000 euros pour financer la valorisation des richesses locales et lutter contre la malnutrition par le développement de produits à base de chenille de karité
Pour les soutenir, rendez-vous jusqu'au 26 février 2014 sur la plateforme : http://www.kisskissbankbank.com/fasopro-des-chenilles-pour-lutter-contre-la-malnutrition-au-burkina?ref=category
Entretien de Guy Stéphane DAGO avec Kahitouo HIEN, Fondateur de FasoPro
-Bonjour Mr Kahitouo Hien, Ingénieur et fondateur de FasoPro, présentez-vous et dites-nous pourquoi avez-vous décidé de lancer FasoPro ?
Bonjour ! J'ai décidé de lancer FasoPro pour plusieurs raisons et l'aventure a commencé de façon assez naturelle finalement. Je viens d'une région du Burkina où on consomme beaucoup les chenilles et j'ai toujours aimé ça.
Quelle n'a pas été ma surprise lorsque j'ai appris en faisant mes études de biochimie à l'Université de Ouagadougou que la chenille faisait partie des aliments les plus protéinés du Burkina ! Ce petit insecte contient jusqu'à 63% de protéines et est particulièrement riche en fer et oméga 3. J'avais toujours eu envie de " rendre à la société " ce qu'elle m'avait donné : je faisais partie des premiers enfants à aller à l'école dans mon village et j'ai toujours été conscient de la chance qui avait été la mienne. L'idée d'utiliser la chenille de karité comme une arme de lutte contre la malnutrition dans mon pays a germé dans mon esprit ... J'avais désormais un bon moyen de renvoyer l'ascenseur !
En poursuivant mes études à 2iE pour obtenir mon Master en Environnement, j'ai pu transformer mon idée en projet concret de création d'entreprise : FasoPro était né.
-FasoPro a été lauréate du prix du meilleur impact social de la Global Social Venture Competition (GSVC - 2012) à Berkley aux USA. Qu'est-ce qui vous a distingué des autres ?
La GSVC a été une grande aventure pour l'équipe de FasoPro et c'est même la compétition qui nous a lancé concrètement dans l'épopée entrepreneuriale. La concurrence était très rude et les projets venus des 4 coins du monde plus passionnants les uns que les autres.
En quelques mois, nous avons dû structurer nos idées, rédiger un business plan en français puis en anglais, apprendre à présenter (et vendre) notre projet devant tous types d'investisseurs ... Le défi était de taille !
Mais, accompagnés par les équipes de 2iE, nous avons retroussé nos manches et avons décidé d'y croire. Nous avions confiance dans notre projet. Je pense que ce qui a pu nous distinguer des autres candidats est le fait que le projet mettait réellement l'accent sur la valorisation de ressources et de savoir-faire locaux. Nous n'essayions pas de révolutionner le quotidien des populations mais plutôt de partir de ce quotidien pour innover et apporter une solution simple au fléau de la malnutrition.
C'est en partant des conditions de vie réelle des populations et de leurs besoins que le projet s'est naturellement orienté vers un impact social très fort. Ce qui nous a valu de remporter ce prix. Depuis, le projet a beaucoup évolué et de nombreux éléments présentés lors de la GSVC ne sont plus d'actualité mais notre volonté de maximiser l'impact social de nos activités est resté intact.
-Quelle est la vision de FasoPro sur le long terme ?
Pour son lancement, FasoPro lance " Toumou'Délice ", des sachets (de 200g, 500g et 1kg) de chenilles fraîches et entières, conservables pendant 18 mois. Ceci représente une véritable innovation si l'on considère que jusqu'à aujourd'hui, les chenilles sont uniquement vendues entre juillet et septembre, sous forme fraîche, faute de moyen de conservation.
Mais ce produit de grande consommation n'est qu'un produit de lancement, qui, même s'il est sain et vraiment complet d'un point de vue nutritionnel, ne sera pas destiné spécifiquement aux populations souffrant de malnutrition (un tiers de la population au Burkina). Nous travaillons aujourd'hui au développement de nouveaux produits et à la structuration d'un élevage de chenilles afin de proposer des solutions nutritionnelles pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes notamment.
Ainsi, à long terme, FasoPro souhaite être l'une des industries agroalimentaires du Burkina, oeuvrant donc pour l'autosuffisance alimentaire du pays, et également une référence dans la commercialisation de produits alimentaires locaux sains permettant de prévenir la malnutrition.
-Aujourd'hui FasoPro est un bel exemple de l'entreprenariat social made in Africa, Quels conseils Fasopro peut-il donner à tous ceux qui rêvent de se lancer ou d'être des vecteurs de changement dans l'Afrique de demain ?
Il y a de la place pour tous ceux qui rêvent de se lancer dans l'entreprenariat social made in Africa, tant les défis à relever sont nombreux. A chacun d'apporter sa pierre dans la construction de l'Afrique de demain : une Afrique qui saura compter sur ses ressources locales et sur le dynamisme, la créativité de ses Hommes et Femmes pour relever les défis du 21è siècle.
N'oubliez pas, pour soutenir FasoPro, rendez-vous jusqu'au 26 février 2014 sur la plateforme : http://www.kisskissbankbank.com/fasopro-des-chenilles-pour-lutter-contre-la-malnutrition-au-burkina?ref=category
Cet entretien a pu être possible grâce à l'incubateur de 2iE (Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement) qui, avec à l'appui de nombreux partenaires (Nutriset, IRD, CTCPA, etc.), et un accompagnement managérial, juridique et technique se présente comme une passerelle vers l'entreprenariat au Burkina Faso.
Guy Stéphane DAGO