Une interview de Adam Abdou Hassan, enseignant et chercheur en droit public, université de Rouen Normandie
Adam Abdou Hassan, enseignant-chercheur à l’université de Rouen Normandie, membre de l’institut nigérien d’études stratégiques et internationales (INESI), promeut le développement de l’économie bleue sur le continent africain. Il nous explique pourquoi.
Pourquoi le continent africain doit-il faire le pari de l’économie bleue ?
L’économie bleue renvoie aux activités économiques menées dans les rivages, les fleuves, les berges, les lacs, les eaux douces, les cours d’eau, les nappes souterraines, les océans, les mers, les fonds marins, etc. Elle prône la conciliation avec la nature par des modèles de production qui se fondent sur la résilience et l’adaptabilité. Négligée, ignorée ou sous-exploitée, l’économie bleue peut constituer un moyen d’atténuer la dépendance africaine à certains acteurs tiers au continent, constituer un panel de solutions africaines aux problèmes africains et décloisonner des activités économiques entre les pays africains.
Selon l’Agence mondiale de l’énergie (AIE), d’ici 2020, la valeur économique annuelle des activités énergétiques liées aux affaires maritimes atteindra 2,5 milliards d’euros par an. Les énergies renouvelables de l’océan peuvent fournir jusqu’à 400 % de la demande mondiale actuelle en énergie.
Or, sur les 54 États africains, 38 sont des pays côtiers et plus de 90 % des exportations et importations africaines s’effectuent par la mer. Les eaux territoriales sous juridiction africaine se déploient sur 13 millions de km², avec un plateau continental de près de 6,5 millions de km² comprenant des zones économiques exclusives (ZEE). Le continent couvre 17 % des ressources mondiales en eaux de surface. Le domaine maritime et les activités liées aux eaux peuvent permettre à l’Afrique d’occuper une nouvelle place géopolitique et stratégique mondiale
Dès lors, la dimension stratégique de l’économie bleue est une réalité incontournable pour les États africains. D’où son insertion dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine et l’élaboration, en mars 2016, d’un guide pratique sur l’économie bleue par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique.
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