Par Frank Rijsberman
Ce texte est un extrait d'une brochure électronique intitulée La problématique de l'eau qui sera publiée à l'été 2010 par le Bureau des programmes d'information internationale. Le lecteur trouvera ci-après une sélection préliminaire de chapitres choisis.
Dans ce chapitre :
Introduction : Un litre pour chaque calorie ( #intro ) | Les civilisations hydriques ( #hydrique ) | La révolution verte : les variétés à haut rendement, les engrais et l'eau à bon marché ( #révolution ) | La valeur de l'eau ( #valeur ) | Les ressources s'épuisent ( #ressources ) | Le changement climatique ( #changement ) | Les pauvres paient le prix ( #pauvres ) | Conclusion : Comment maîtriser l'eau pour se sortir de la crise ( #maîtriser ).
Introduction : Un litre pour chaque calorie
Il faut un litre d'eau pour produire une calorie alimentaire ou tout au moins plusieurs milliers de litres d'eau par jour pour chaque personne. La quantité d'eau nécessaire pour cultiver les produits alimentaires que nous consommons est 70 fois supérieure à celle dont nous avons besoin pour boire et pour nous laver. Il est prévu que la demande alimentaire mondiale doublera dans les 40 prochaines années, ce qui implique que la quantité d'eau qui sera utilisée pour assurer notre sécurité alimentaire doublera, elle aussi. Aujourd'hui déjà, un tiers de la population mondiale manque d'eau. Il est prévu que le changement climatique exacerbera cette situation en augmentant la fréquence et la gravité des inondations et de la sécheresse.
Ces quelques lignes illustrent la problématique de l'eau et de la sécurité alimentaire. Cette situation suscite des prédictions selon lesquelles des conflits futurs naîtront au sujet de l'eau et qu'elle deviendra le pétrole bleu du XXIe siècle.
Quels sont les défis alimentaires et en matière d'eau auxquels le monde doit faire face ? Pourquoi sont-ils si mal compris ? Comment sommes-nous arrivés à une telle situation précaire ? Existe-t-il des solutions pour résoudre la pénurie mondiale d'eau ? Telles sont les questions que cet article traitera.
Les civilisations hydriques
Dans certaines régions du monde, telles que l'Europe occidentale et le centre-nord des États-Unis, il est possible de pratiquer des cultures à haut rendement non irriguées, avec seulement l'humidité fournie par les précipitations. Dans nombre d'autres régions toutefois, soit il fait trop sec, comme au Moyen-Orient, en Afrique du Nord ou dans une bonne partie de la Californie, soit les pluies ne tombent qu'une fois par an pendant quelques grosses tempêtes, comme la mousson en Asie. Les civilisations qui ont fleuri sous ces conditions ont toutes été largement tributaires de leur maîtrise des ressources hydriques pour l'agriculture. L'irrigation sur les bords du Nil a été la source de richesse pour l'Égypte ancienne. Les nombreux aqueducs aériens et souterrains construits par les Romains étaient des chefs-d'ouvres d'ingénierie dont certains existent encore de nos jours. Les rois et les maharadjahs célèbres de l'Inde mériodionale et du Sri Lanka sont connus aussi bien - si ce n'est plus - pour leurs exploits en matière de construction de barrages que pour leurs prouesses sur le champ de bataille. Depuis des millénaires, la sécurité alimentaire a été étroitement liée à la maîtrise de l'eau, mais la vitesse à laquelle les ressources hydriques se sont développées dans l'histoire récente a été sans précédent.
Pendant le XXe siècle, la population mondiale a triplé, mais le volume total d'eau extrait des fleuves et des nappes phréatiques pour la consommation humaine a sextuplé. Vers la moitié du siècle dernier, le nombre total de grands barrages, à savoir des ouvrages d'eau d'une hauteur supérieure à 15 mètres, se chiffrait à 9.000, les trois quarts se trouvant dans les pays industriels. Aujourd'hui il existe quelque 49.000 grands barrages dans le monde entier, dont les deux tiers dans les pays en développement, en particulier en Asie. Parallèlement, le développement de motopompes électriques et à gazole, à bon marché, a provoqué une véritable ruée sur les eaux souterraines. Rien qu'en Inde, on compte plus de 20 millions de forages dans les nappes aquifères, essentiellement aux fins d'irrigation. À la fin du XXe siècle, la production alimentaire mondiale était largement suffisante pour alimenter la population de la planète (si seulement les populations pauvres pouvaient s'en offrir le luxe) et les prix des denrées alimentaires n'avaient jamais été aussi bas, grâce en grande partie à des investissements en masse, à l'échelle mondiale, dans la mise en valeur des ressources hydriques pour la sécurité alimentaire, l'énergie hydraulique et la lutte contre les inondations.
La révolution verte : les variétés à haut rendement, les engrais et l'eau à bon marché
Pendant les années 1960 et 1970, l'essor démographique de plus en plus rapide dans l'hémisphère Sud et les famines catastrophiques dans le sous-continent indien et en Afrique subsaharienne ont suscité une crainte généralisée que la planète ne serait plus en mesure de subvenir aux besoins d'une population projetée à 6 milliards. Les fondations Ford et Rockefeller ont pris l'initiative en lançant des efforts majeurs à l'échelle internationale visant à promouvoir la production alimentaire dans le monde. Ces efforts collectifs sont devenus célèbres sous le nom de " révolution verte ". L'élément le plus connu de cette révolution a été les variétés de cultures vivrières hautement améliorées telles que le riz, le blé et le maïs. Cet effort a aussi donné lieu à l'unique Prix Nobel de la Paix jamais décerné à un agronome, à savoir Norman Borlaug, en 1970, pour avoir mis au point des variétés de blé " antifamine " naines, à haut rendement et résistantes aux maladies.
Cet essor de la production agricole a demandé des engrais et une irrigation. L'hypothèse était que le fait de fournir de l'eau à bon marché aux agriculteurs faisait partie des infrastructures de base nécessaires - comme, par exemple, les routes - pour promouvoir le développement et obtenir la sécurité alimentaire. Appuyés par la Banque mondiale et de nombreux bailleurs de fonds bilatéraux, tels que l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), les gouvernements de l'Asie et dans une certaine mesure de l'Afrique ont marché dans la brisée des projets de mise en valeur de barrages - et de canaux d'irrigation - immenses comme ceux qui avaient été construits dans l'ouest des États-Unis et dans le bassin Murray-Darling en Australie. Les exploitants agricoles ont investi simultanément dans des puits et des pompes pour la mise en valeur des eaux souterraines. Dès l'aube du XXIe siècle, 17 % des terres arables étaient irriguées et produisaient près de 40 % de la production vivrière dans le monde. Des pays comme la Thaïlande, l'Inde, le Vietnam et le Mexique sont devenus des exportateurs de produits vivriers malgré leur poussée démographique.
La valeur de l'eau
Le développement des ressources hydriques a consisté surtout, au fil de l'histoire, à détourner l'eau des fleuves et des aquifères pour l'agriculture, les centres urbains ou l'industrie. Les grandes superficies de terrains marécageux, comme les Everglades de la Floride, étaient perçues comme des terres de désolation et des source de maladies comme le paludisme. Étant donné que l'eau n'avait aucune valeur en son état naturel, toute valeur produite au moyen de l'irrigation était considérée comme une contribution à la société. La ligne d'action qui prévalait à travers le monde était que les gouvernements, primo, devaient prendre en charge les frais d'investissements des infrastructures hydrauliques et, secundo, qu'ils devaient fournir l'eau d'irrigation qui en découlait aux agriculteurs à titre gracieux ou à un prix inférieur au coût d'exploitation ou d'entretien.
Cette politique a eu des retombées imprévues. Les exploitants agricoles qui recevaient l'eau gratuitement ou presque gratuitement, n'avaient aucune incitation à l'utiliser judicieusement ou à investir dans des techniques de conservation. Une autre conséquence a été que les bureaucraties gouvernementales massives qui avaient été créées pour fournir l'eau aux agriculteurs dépendaient du budget de l'État pour vivre plutôt que des revenus générés par les agriculteurs. Les bureaucrates n'avaient aucune incitation à être redevables aux agriculteurs ou à fournir des services de haute qualité. Dans de nombreux cas, les responsables des services d'irrigation ont trouvé des moyens ingénieux non officiels de se procurer des revenus personnels - de pots-de-vins sur les contrats de construction ou d'entretien à un accès privilégié et sécurisé aux exploitants qui acceptaient de payer en plus. Les propriétaires terriens plus aisés et les responsables des services d'irrigation ont tous une raison de vouloir cacher, protéger et perpétuer ces arrangements informels. Les paysans pauvres, par contre, reçoivent moins que leur juste part, et la société dans l'ensemble paie le prix d'un système dont la performance est médiocre. L'eau utilisée produit une valeur bien inférieure à celle qu'elle pourrait générer.
Au fil des ans, les sociétés se sont progressivement rendu compte que l'eau " sous-développée " avait une grande valeur. Un fleuve et les terrains marécageux, les deltas et les mangroves côtières qui en dépendent appuient des activités à caractère vital :
. la pêche ;
. l'emploi des plaines inondables pour l'agriculture de décrue, l'élevage et la sylviculture ;
. la lutte contre les inondations ;
. le transport d'alluvions aux plaines inondables ;
. la préservation des deltas et des littoraux sujets à l'érosion en l'absence d'alluvions.
En bref, les zones marécageuses et côtières sont aujourd'hui importantes pour les services d'écosystèmes qu'elles produisent.
La leçon qu'il convient de retenir est que l'eau sert à quelque chose - et que toutes ses fonctions ont une importance. Certains projets d'irrigation ont généré moins de valeur pour la société que les écosystèmes qu'ils ont remplacés.
Les ressources s'épuisent
L'approche traditionnelle à la mise en valeur des ressources hydriques a atteint ses limites. Les prévisions démographiques exigent une production alimentaire supplémentaire alors même que des pays de plus en plus riches, tels que la Chine et l'Inde, augmentent leur consommation alimentaire par habitant. Ensemble, ces tendances laissent augurer que la demande alimentaire mondiale doublera d'ici à 2050. Continuer comme si de rien n'était exigerait aussi qu'on multiplie par deux l'eau utilisée à des fins agricoles. En principe, cela pourrait se faire en augmentant les surfaces cultivées, mais il ne nous en reste tout simplement pas assez. Une autre stratégie pourrait être d'obtenir davantage d'eau de la nature, mais les fleuves les plus faciles à exploiter et les meilleurs sites pour des barrages ont déjà été pris. En fait, de nombreux signes indiquent que trop a déjà été pris :
. des fleuves jadis puissants, telles que le fleuve Jaune, le Colorado ou le Jourdain ne débouchent plus sur la mer pendant des périodes cruciales ;
. La mer d'Aral s'est asséchée pour devenir l'ombre de ce qu'elle était autrefois et elle est devenue l'une des catastrophes écologiques les plus terribles du monde ;
. La nappe phréatique dans de nombreuses régions d'Asie, telles que l'État indien de Gujarat, a baissé de plus de 150 m en 25 à 30 ans ; de nombreux puits et des villages entiers ont été abandonnés - l'aquifère a été exploité et épuisé en une génération ;
. Une sécheresse continue sur des années multiples en Australie a récemment ravagé l'agriculture irriguée et a entraîné une flambée des cours mondiaux du blé de 10 ans ;
. Les tribunaux de Californie ont imposé des restrictions sur le détournement des eaux en provenance de la Californie du Nord pour l'irrigation et pour des villes dans le sud de l'État, pour protéger des espèces en voie de disparition dans le delta du fleuve Sacramento-San Joaquin, engendrant une crise pour l'agriculture irriguée dans l'un des systèmes agricoles les plus productifs du monde ; et
. Le Nil d'Égypte, le grenier à blé depuis le temps des Pharaons, n'a plus assez d'eau pour produire plus de la moitié de la production vivrière dont a besoin le pays ; le reste doit être importé.
Le seul choix réaliste est d'accroître la productivité de l'eau déjà en utilisation, en produisant plus de culture par goutte et plus de valeur par goutte - pour la production alimentaire, pour la création d'emplois, pour la santé et pour l'environnement. C'est un défi difficile à relever, d'autant plus si les prix subventionnés de l'eau n'offrent aucune incitation pour accroître la productivité, mais cela est faisable.
Le changement climatique
Tout comme la sécurité alimentaire dépend de l'accès aux aliments plutôt qu'à la production alimentaire totale, la vulnérabilité au changement climatique dépend de la capacité d'adaptation plutôt que du risque à lui seul. En ce qui concerne l'eau, la clé aussi bien pour obtenir une sécurité alimentaire que pour la gestion du risque climatique est la capacité de maîtriser la fluctuation quotidienne et interannuelle des précipitations (pour l'agriculture pluviale) et de l'eau d'écoulement des rivières (pour l'agriculture irriguée).
La fluctuation au jour le jour des précipitations est le principal risque pour la majorité des systèmes de production agricole. Le changement de la pluviosité (aussi bien spatiale que temporelle) sera donc l'élément le plus important des changements climatiques pour ce qui est de la sécurité alimentaire. Un grand nombre des scénarios d'adaptation sont des variations de la gestion du risque climatique en vigueur, en particulier les systèmes d'irrigation. Les systèmes d'irrigation offrent la possibilité de maîtriser l'eau et donc d'accroître la capacité d'adaptation face au changement climatique. D'un autre côté, les bassins fluviaux qui sont déjà " épuisés " sont plus sensibles au changement climatique.
Les pauvres paient le prix
La production alimentaire mondiale est suffisante pour nourrir tout le monde, environ 17 % de plus que les 2.700 calories par jour par personne recommandées. Or, les prévisions de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) indiquent qu'un nombre de plus en plus important de personnes souffrent de la faim. Selon les chiffres les plus récents, plus d'un milliard de personnes seraient aujourd'hui atteints de malnutrition, soit 15 % de la population mondiale, contre 824 millions en 1990. La pauvreté est la source principale de la faim. Les populations qui souffrent de la faim, soit n'ont pas assez de terres pour cultiver leur propre production vivrière, soit n'ont pas assez de revenus pour en acheter. Cela signifie que le simple fait d'avoir une production alimentaire plus élevée ne va probablement pas faire baisser le nombre d'habitants qui souffrent de la faim, à moins que cela ne se fasse de façon à créer des emplois et à générer des revenus pour les pauvres.
Conclusion : comment maîtriser l'eau pour se sortir de la crise
Pouvons-nous accroître la productivité de l'eau suffisamment pour supporter le double de la production alimentaire d'ici à 2050 ? Pouvons-nous le faire de manière à réduire le nombre d'habitants touchés par la malnutrition et à préserver ou améliorer les services d'écosystèmes ? La bonne nouvelle est que la productivité de l'eau est pour le moment faible dans la plupart du monde. Cela signifie qu'il existe de grandes possibilités d'amélioration. La valeur de l'eau d'irrigation peut fluctuer de 1 ou 2 centimes de dollar par mètre cube lorsqu'elle est utilisée pour produire des céréales, entre 5 à 10 centimes pour irriguer des cultures de rapport telles que la canne à sucre et jusqu'à 50 centimes pour les fruits et légumes. Or ces chiffres dépendent non seulement de la culture, mais aussi du lieu, des pratiques culturales et des méthodes de conservation de l'eau. Alors que la majorité des agriculteurs ont besoin de 1 à 3 mètres cubes d'eau pour produire un kilo de céréales, d'autres y parviennent avec moins de 0,5 mètre cube. Il y a donc toute raison de penser qu'on peut produire davantage de vivres avec moins d'eau. Cela ne sera pourtant pas un objectif facile à réaliser. C'est un exploit que beaucoup ont tenté et que peu ont réussi.
Les panacées, telles les variétés à haut rendement qui augmentèrent la productivité agricole de près de 50 % en à peine 5 ans en Inde et au Pakistan dans les années 1970, sont à exclure. Ce n'est pas que toutes les solutions coûtent trop cher, mais elles font appel à des réformes institutionnelles de grande envergure aussi bien au niveau de la gestion de l'eau que de la redevabilité vis-à-vis des utilisateurs. Les deux sont difficiles à réaliser. Certaines solutions peuvent être trouvées dans des percées technologiques, comme les systèmes d'irrigation au goutte-à-goutte développés en Israël et qui sont susceptibles de doubler la productivité de l'eau. Mais l'adoption de technologies nouvelles exige des dépenses d'investissement souvent hors de la portée de la plupart des petits agriculteurs.
Une gestion de l'eau garantissant la sécurité alimentaire pour tous et un environnement sain exigera des efforts gigantesques. Les gouvernements du monde entier devront éliminer progressivement les subventions, reconnaître la valeur des principes environnementaux et mettre fin à la course aux profondeurs, où ceux qui ont les moyens font concurrence à leurs voisins au moyen de puits encore plus profonds. Savoir s'adapter au changement climatique deviendra une priorité dans le monde entier. Dans les pays industriels, l'accent sera mis sur :
. la réduction de la diffusion de produits chimiques complexes tels que les pesticides, les drogues et les médicaments ;
. la réhabilitation des écosystèmes en danger grâce, par exemple, à la mise hors service de certains barrages ; et
. en permettant à l'eau d'atteindre sa rentabilité maximale.
Dans les pays en développement, la sécurité alimentaire universelle exige l'ouverture de débouchés économiques pour les pauvres. Les initiatives qui aident les pauvres à pratiquer des cultures vivrières et à produire des revenus, seront d'une utilité particulière. Elles pourraient se présenter sous la forme d'irrigation au goutte-à-goutte à faible coût ; de la collecte de l'eau de pluie ou de projets d'eau à emplois multiples qui permettent aux ménages d'avoir de l'eau potable, d'irriguer des jardins potager, d'abreuver le bétail ou d'appuyer une industrie artisanale.
En bref, alors que la sécurité alimentaire du XXe siècle a été réalisée en augmentant rapidement les quantités d'eau extraites de la nature, le défi aujourd'hui des responsables de la gestion de l'eau est de multiplier par deux la productivité de l'eau déjà utilisée dans les 40 prochaines années.
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Frank Rijsberman est responsable de la gestion de programmes écologiques et de santé pour Google.org, une organisation philanthropique de Google Inc. Il est l'ancien directeur du International Water Management Institute au Sri Lanka, le fondateur d'un cabinet d'experts-conseils dans l'environnement aux Pays-Bas et ancien professeur de l'International Institute for Water Education. M. Rijsberman est titulaire d'un doctorat en ingénierie civile de l'université d'État du Colorado.
Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://www.america.gov/fr/
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