Par Karin Rives
Rédactrice
Washington - Ils n'étaient pas tous contents, à l'ambassade des États-Unis à Amman (Jordanie), lorsqu'on a décidé de supprimer les gobelets en plastique à la fontaine à eau. En revanche, ils apprécient le rabais de 33 % du prix de la tasse de café lorsqu'on apporte une tasse réutilisable à la cafétéria.
" C'est normal, les gens ont l'habitude de faire les choses d'une certaine façon, ils rouspètent lorsque ça change, mais ils finissent par s'y habituer. Ils s'adaptent ", affirme Manu Bhalla, chargé des affaires environnementales régionales pour l'Afrique du Nord et la région du golfe Persique à l'ambassade.
La Jordanie n'a pas de programme municipal de recyclage, mais l'ambassade des États-Unis à Amman a entendu parler un jour d'une petite entreprise embryonnaire, Entity Green, qui était convaincue qu'il existait un marché pour le recyclage dans cet État aride du Proche-Orient.
L'ambassade est devenue l'un de ses premiers clients en 2009. Au cours de l'année écoulée, elle a déposé à la station de recyclage d'Entity Green 30 tonnes de papier et de carton, 4 tonnes de plastique, 2,5 tonnes de boîtes en métal et 3 tonnes de verre. Ce contrat a contribué à faire la réputation de l'entreprise, qui a attiré de nouveaux clients, dont de grandes chaînes hôtelières.
L'ambassade ne s'est pas arrêtée là : elle a une piscine chauffée à l'énergie solaire, elle a acheté deux véhicules à moteur hybride, elle a fait l'objet d'un contrôle environnemental et déposé une demande de certificat LEED, qui est la norme internationale pour les immeubles " verts ". L'ambassade a également aidé à établir le Conseil jordanien des bâtiments verts, s'inspirant de l'organisation américaine qui a développé et qui administre les certificats LEED. Le Conseil jordanien reçoit l'appui de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et est seulement la troisième organisation de ce genre dans la région, a indiqué M. Bhalla.
La prise de conscience des changements climatiques se répandant tant dans les pays étrangers que parmi le personnel d'ambassade - surtout depuis que le président Obama a demandé une réduction de 28 % des émissions fédérales de gaz à effet de serre sur dix ans -, les ambassades des États-Unis ont saisi l'initiative. La secrétaire d'État Hillary Rodham Clinton a lancé son initiative " diplomatie verte " lors de la Journée de la Terre 2009, demandant à tout le personnel du département d'État d'aider à réduire l'empreinte carbone de ce ministère.
L'" équipe verte " de Vilnius, à l'ambassade des États-Unis en Lituanie, a réalisé un sondage du personnel et a découvert que 50 % des salariés de l'ambassade se rendaient au travail et rentraient chez eux à pied, à vélo, par covoiturage ou par les transports publics. L'ambassade a décidé faire passer cet objectif à 65 %.
Recyclage du papier de bureau à l'ambassade d'Accra
L'ambassade des États-Unis à Accra (Ghana) a trouvé à une trentaine de kilomètres de ses locaux une papèterie qui produit du papier hygiénique à partir de papier de bureau usagé. L'entreprise a accepté de venir prendre du papier de bureau à l'ambassade une fois par semaine en échange de papier hygiénique livré gratis.
Ce n'était pas la première fois que l'ambassade à Accra s'était lancé dans l'innovation. En septembre 2009, un membre du personnel a été frappé par le montant très élevé de la facture d'électricité de l'ambassade. " Les salariés ont alors échangé des idées ", se souvient Jorge Delgado, responsable adjoint de la sécurité régionale. " L'une des plaintes était que l'ambassade semblait consommer beaucoup d'énergie le soir, alors qu'il n'y avait plus personne au bureau. "
Comme l'ambassade avait un personnel de sécurité assez nombreux, elle a décidé, depuis octobre 2009, de lui confier la tâche de veiller, pendant les rondes nocturnes, à ce que toutes les lumières et tous les appareils électriques soient éteints. Tout ce qui restait allumé après 18 heures recevait un petit avertissement de sécurité fait de papier vert recyclé.
Au tout début de ce programme, certains employés craignaient que ces avertissements fassent partie de leur dossier professionnel, mais on les a rassurés sur ce compte. " Il n'y a pas de pénalité si on laisse son ordinateur allumé, mais le programme fonctionne car le contrevenant se trouve un peu honteux de trouver sa note le matin et veille à ne plus en recevoir ", déclare M. Delgado.
Depuis octobre 2009, environ 5.300 " billets verts " ont été déposés sur les bureaux des salariés de l'ambassade des États-Unis à Accra. La note d'électricité de l'ambassade, en attendant, n'a pas augmenté, en dépit des hausses de tarif et d'une saison chaude particulièrement torride.
Source : "America.Gov" Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://www.america.gov/fr/
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