Selon l'organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la croissance verte consiste à favoriser la croissance économique et le développement tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de fournir les ressources et les services environnementaux sur lesquels repose notre bien-être.
En tenant compte du lien étroit entre cette croissance et les ressources naturelles, l'on peut affirmer qu'il n'y aura pas de croissance dans ce contexte, si l'économie n'est pas au préalable elle-même verte. Ce point sous-entend qu'un ensemble de dispositifs doit être mis en place en amont avant d'espérer toutes formes de progression en aval.
Concernant l'Afrique, plus précisément l'Afrique de l'Ouest, l'on constate que bien que la notion d'économie verte soit de plus en plus médiatisée, bon nombre d'Africains restent sceptiques quant à l'obtention de résultats concrets sur le terrain.
Cela se justifie facilement quand on sait que la majorité des instituts de statistique estime que bien que l'Afrique de l'Ouest connaîtra une croissance de 6% en moyenne pour 2013, un peu plus de 52 % de sa population vivra toujours en dessous du seuil de pauvreté.
En d'autres termes, la croissance observée ces dernières années n'a pas vraiment amélioré le quotidien et son impact en termes d'amélioration de la qualité de vie ( pouvoir d'achat, accès à l'éducation, accès aux soins, etc...) demeure très faible. Ainsi malgré les taux impressionnants de croissance du PIB , les populations voient le coût de la vie devenir plus important et par dessus tout le chômage allant crescendo. Quel paradoxe!
Fort de cette réalité, il est essentiel de réexpliquer dans quelles mesures et surtout sous quelles conditions le développement durable et la croissance verte se présentent comme une réponse viable et un enjeu stratégique pour l'avenir du continent.
L'importance des conditions initiales dans le processus de verdissement de l'économie Ouest Africaine
Nous savons tous que la qualité et la solidité de tout édifice dépendent avant tout de la qualité des fondements sur lesquels il repose. La transition vers une économie verte ne peut se faire du jour au lendemain. Elle devra passer par un processus d'amélioration continue construit sur des bases solides.
Cependant l'erreur à ne pas commettre serait d'espérer des résultats positifs sans avoir mis en place au préalable un environnement économique, social et juridique favorable.
Le développement durable repose sur un équilibre entre social, économie et environnement. Malheureusement le social est quelques fois marginalisé par rapport aux autres notions. En ce qui concerne l'Afrique, cela ne doit pas être le cas. Le développement durable se doit de replacer l'Homme au centre des préoccupations et la sensibilisation sur ce point doit se faire de manière plus pragmatique.
Le développement durable ne doit pas être présenté à l'Africain comme à une personne vivant en occident ou ailleurs.
En effet dans ces pays là, l'accent est particulièrement mis sur des initiatives favorisant une économie sobre en CO2 ...On parle de produits du quotidien plus respectueux de l'environnement comme par exemple l'utilisation de sacs bio-dégradables etc...
Bien que tout ceci soit louable; cela n'intéresse pas premièrement l'Africain qui n'arrive pas à satisfaire ses besoins de première nécessité.
Le développement durable devrait plutôt lui être présenté comme une réponse au mécontentement des populations défavorisées qui généralement habitent non loin des dépôts d'ordures et sont ainsi exposées à toutes sortes de maladies.
Le développement durable devrait lui être présenté comme une solution alternative au délestage grâce à la diversification des sources d'énergies et aux bonnes pratiques d'économie d'énergie.
En d'autres termes, l'on devrait présenter le développement durable comme une option concrète aux problèmes d'accès à l'eau potable, à l'assainissement, à l'énergie et à la sécurité alimentaire...
En le présentant ainsi, l'on rend l'environnement social plus favorable à ce concept qui fait ses premiers pas en Afrique subsaharienne.
Voici deux faits importants constatés :
D'une part, les pays en voie de développement ont beaucoup de difficultés pour financer et garantir un usage propre et durable de leurs ressources naturelles.
D'autre part, ils doivent faire face aux principes sans frein de l'économie de marché qui n'hésite pas à user du fait que sous la pression des besoins, les populations pauvres ont tendance à brader leurs ressources et leur environnement.
Cela révèle une vérité indéniable, en Afrique, le premier ennemi du développement durable est la pauvreté.
Pour rendre le développement durable en Afrique plus efficace et pour qu'il puisse répondre aux aspirations des populations, l'Etat doit jouer un rôle extrêmement important. Ici, c'est un pré-requis avant tout changement.
L'action de l'Etat devrait s'établir en deux grandes parties :
Dans une premier partie, la mise en place de mécanismes économiques et juridiques qui auront une double fonction pour les entreprises ; Une fonction de "régulateur" et une fonction de "catalyseur".
Dans une second partie, maintenir la paix dans le pays, rendre la sensibilisation sur les problématiques durables plus adaptée aux réalités africaines et surtout la rendre plus accessible à toute la population.
Comment voudrait-on que des entrepreneurs en Afrique intègrent les principes du développement durable dans leurs business lorsque les acheteurs potentiels méconnaissent cette réalité ?
Comment voudrait-on que les entreprises en Afrique qui doivent faire face à un nombre considérable de taxes et d'impôts intègrent le développement durable dans leur stratégie lorsque cela n'implique aucune réduction de coûts, donc aucun impact sur leur chiffre d'affaires ?
Comment voudrait-on que la population fasse des efforts en termes de salubrité lorsque l'Etat lui-même ne donne pas l'exemple en mettant en place des structures adaptées ?
Il y a encore beaucoup d'autres questions qui méritent d'être posées mais arrêtons nous là et tentons de proposer des solutions.
Comment tendre vers un environnement économique et juridique favorable à la croissance verte ?
Les mécanismes qui devront être mis en place par l'Etat et les institutions économiques concernées doivent avoir pour objectif d'améliorer la qualité de vie de la population mais aussi de rendre la croissance verte inclusive.
La croissance verte inclusive se définit comme une croissance verte favorisant la création d'une société où tous les citoyens ont accès au marché du travail et bénéficient des retombées de la croissance économique.
Pour atteindre ces objectifs voici quelques propositions :
Faire de la croissance verte inclusive et du développement durable une priorité est non seulement un enjeu stratégique majeur pour l'Afrique mais aussi une opportunité exceptionnelle à saisir dans sa marche vers son épanouissement.
Guy Stéphane DAGO
Bibliographie :
- Croissance verte : Perspectives pour l'Afrique et la BAD au 21ème siècle
-Economie de l'environnement et du développement durable " de Lahsen Abdelmalki & Patrick Mundler
07/10/24 à 12h30 GMT