Pour répondre à cette préoccupation, l'industrialisation fondée sur les produits de base (agro-industrie) ou en lien avec les activités manufacturières (à forte intensité de main d'oeuvre), peut se présenter comme un élément de réponse non négligeable.
Voici quelques raisons majeures pour lesquelles la mise en place de nouvelles stratégies industrielles devraient être encouragée.
1. Pour une croissance, créatrice d'emplois
L' industrialisation définie avec des méthodes responsables peut jouer un rôle essentiel dans l'accélération du développement et dans le recul de la pauvreté.
Selon une étude du cabinet international de conseil McKinsey intitulé "L'Afrique au travail : Création d'emplois et croissance inclusive", les secteurs de l'agriculture et de l'industrie (ici il s'agit principalement de l'agro-industrie et du secteur manufacturier) pourraient créer 29 Millions d'emplois stables d'ici 2020. Pour y arriver, le continent devra continuer à lever certains obstacles à la création d'emplois.(Voir le point 2 pour le détail des obstacles)
Cependant dans le récent rapport de la banque mondiale "Youth Employment in Sub-saharan Africa", les auteurs trouvent quelque peu optimistes les prévisions de cette étude en comparaison à la leur. Ils se justifient en disant que l'équipe de McKinsey Globale Institute utilise des données de pays en développement en forte croissance et des marchés émergents des autres continents, au lieu d'utiliser des données et des projections spécifiques à l'Afrique.
Au-delà des méthodes de calcul, le point ici est de comprendre et saisir les opportunités importantes de création d'emplois associées au développement responsable de l'agro-industrie et du secteur manufacturier en Afrique subsaharienne.
2. Pour favoriser sur le long terme, l'insertion des entreprises locales dans les chaînes de valeurs régionales et mondiales
L'insertion dans les chaines de valeurs aussi bien en amont qu'en aval (ici ce sera le plus souvent en amont) nécessite avant tout, une plus grande compétitivité des entreprises locales mais aussi une politique industrielle cohérente face aux obstacles qui s'opposent à l'essor de l'industrie en Afrique Subsaharienne. Ci-dessous quelques actions qui pourront aider à la levée de ces obstacles :
- Construire des infrastructures de qualité et renforcer la logistique commerciale
- Négocier les accords commerciaux de sorte qu'ils soient favorables aux stratégies industrielles préalablement définies
- Favoriser par des mesures économiques ou par des décisions politiques si nécessaire, le développement d'un marché intra-africain
- Mettre en place un climat d'affaires favorable (démarches administratives moins complexes, accès aux services financiers etc...)
- Encourager les initiatives visant à améliorer l'éducation et à renforcer les compétences techniques du capital humain
- Continuer à faire de la question de l'intégration régionale une priorité
- Réussir une collaboration efficace entre le secteur public et le secteur privé
3. Pour une économie résiliente et mieux adaptée aux aléas du réchauffement climatique
Un développement responsable des exportations de produits manufacturés pourrait non seulement favoriser la création d'emplois mais par la même occasion réduire la dépendance à l'égard de la production et de l'exportation de produits de base non transformés.
Cette diversification est importante pour l'amélioration de la résilience de l'économie.
En effet, la croissance en Afrique Subsaharienne reste très fragile car fortement dépendante de facteurs exogènes tels que le cours des matières premières, les politiques d'aide, l'allègement de la dette etc....
En réussissant à accroître la part de son économie tributaire d'activités moins sensibles au climat, le continent développe ainsi pour le bien-être des populations une "forme" d'adaptation au réchauffement climatique.
4. Pour une industrialisation intégrant une démarche éco-responsable