« Alors que la communauté internationale entre dans l'ère du développement durable, le paysage mondial de la santé est façonné par trois catastrophes au ralenti : le changement climatique, l'inefficacité de plus en plus d'antimicrobiens structurants et l'augmentation des maladies chroniques non transmissibles comme principales causes de mortalité dans le monde »
A l'ouverture de la 69ème Assemblée mondiale de la santé à Genève, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a invité les Etats membres à se préparer à affronter une résurgence des maladies infectieuses.
« Permettez-moi de vous donner un avertissement sévère. Ce que nous voyons maintenant ressemble de plus en plus à une résurgence spectaculaire de la menace de maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes. Le monde n'est pas prêt à faire face », a dit la Directrice générale de l'OMS, Dr Margaret Chan, dans un discours.
« Les changements dans la façon dont l'humanité habite la planète ont ouvert de nouvelles possibilités à exploiter pour un monde microbien volatile. Il y aura toujours des surprises. La possibilité qu'une piqûre de moustique pendant la grossesse puisse être liée à de graves anomalies du cerveau chez les nouveau-nés a alarmé le grand public et étonné les scientifiques », a souligné Dr Chan, en faisant référence au virus Zika et le lien de causalité entre ce virus et des cas de microcéphalie.
Selon la chef de l'OMS, les épidémies qui deviennent des crises révèlent toujours des faiblesses spécifiques dans les pays touchés et pointent du doigt les failles dans l'état collectif de préparation.
« Pour Ebola, cela a été l'absence d'infrastructures les plus élémentaires et de capacités de surveillance, de diagnostic, de contrôle de l'infection, et de soins cliniques, avec en plus l'absence de vaccins ou de traitements spécifiques », a-t-elle souligné. « Pour Zika, nous sommes à nouveau pris par surprise, sans vaccins et tests de diagnostic fiables et largement disponibles. Pour protéger les femmes en âge de procréer, tout ce que nous pouvons offrir, ce sont des conseils. Évitez les piqûres de moustiques. Retardez une grossesse. Ne voyagez pas dans les zones actuelles de transmission ».
Quant à la fièvre jaune, « le monde n'a pas réussi à tirer parti de manière stratégique d'un excellent outil de prévention ». « Depuis plus d'une décennie, l'OMS avertit que les changements en matière démographique et dans la manière d'utiliser les terres en Afrique ont créé des conditions idéales pour des flambées explosives de fièvre jaune urbaine », a souligné Dr Chan.
« Le monde a depuis 1937 un vaccin sûr, efficace et peu coûteux qui assure une protection à vie contre la fièvre jaune. Cela fait bientôt 80 ans. Les vaccins contre la fièvre jaune doivent être utilisés plus largement pour protéger les personnes vivant dans les pays endémiques. La fièvre jaune n'est pas une maladie bénigne », a-t-elle ajouté.
Face à toutes ces menaces et aux surprises à venir, Dr Margaret Chan a jugé qu'il était crucial de mettre en œuvre la réforme du système de l'OMS pour gérer les situations d'urgence sanitaire.
Elle a rappelé que peu de menaces pour la santé restent locales aujourd'hui et peu d'entre elles peuvent être gérées par le secteur sanitaire à lui tout seul.
Communiqué de l'ONU (953 hits)
07/10/24 à 12h30 GMT