Une récente étude du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du FAO intitulée Reconstruire le potentiel alimentaire de l'Afrique de l'Ouest, montre à quel point il est essentiel de stimuler la productivité et d'encourager la compétitivité afin d'assurer essentiellement aux petits agriculteurs de meilleure conditions de travail et un meilleur accès aux marchés économiques afin que la région réalise pleinement son potentiel dans le domaine de l'agriculture. La série d'étude effectuée récemment en Afrique de l'Ouest ont démontré que l'intensification des investissements de la région dans le développement agricole après la crise alimentaire mondiale de 2007-2008 a permis de réaliser de nombreux progrès dans le secteur. Mais d'après cette étude, un meilleur soutien par les politiques davantage ciblées des différents gouvernements serait primordial pour assurer un meilleur développement de l'agriculture dans son ensemble ainsi qu'une meilleure coordination entre les producteurs, le secteur public, le secteur financier et les industries privées. Selon Monsieur Aziz Elbehri, économiste à la FAO, « certains pays de l'Afrique de l'Ouest s'en tirent mieux que d'autres, la région est en retard par rapport à d'autres région d'Afrique pour ce qui est de l'infrastructure de base, des investissements, de la recherche-développement et de la transformation agricole». Le rapport se concentre sur trois grandes thématiques : le commerce intra-régional, les cultures vivrières de base et les systèmes inclusifs.
Le commerce intra-régional :
L'Afrique de l'Ouest a encore un plein potentiel inexploité. Profiter de ce potentiel est pourtant nécessaire afin de participer au développement agricole de la région. Plusieurs produits pourraient être davantage commercialisés selon les bases de données de la FAO. Par exemple, entre 2005 et 2009, 3 pour cent seulement du maïs cultivé dans la région a été commercialisé au sein de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Les principaux obstacles à la commercialisation des produits au sein de la région sont surtout l'insuffisance des différents réseaux de transport dans la région, mais aussi les problèmes administratifs comme la réglementation excessive ou les politiques commerciales contradictoires suivant les pays, retardant ainsi les échanges au sein de l'Afrique de l'Ouest. D'après monsieur Elbehri, «le vrai défi pour l'Afrique de l'Ouest consiste à débloquer le potentiel commercial intra-régional. Ce n'est pas une mince affaire, car cela suppose de surmonter bon nombre de contraintes».
Les cultures vivrières de base :
Les produits alimentaires de base ont par le passé souvent été mésestimé pour d'autres produits de base destinés à l'exportation. Par exemple, le maïs et le manioc sont deux aliments qui ont beaucoup de potentiel dû fait de leurs multiples utilisations possibles. Ils font partis des aliments desquels dépend en partie la sécurité alimentaire de la région et qui d'après le rapport pourraient être au centre de l'industrie agro-alimentaire de la région, lui permettant d'être davantage prospère. Pour le sorgho et le mil, aliments également décisifs pour la sécurité alimentaire de près de 100 millions de personnes, si on améliorait les variétés des semences et des engrais, leurs productions pourraient doubler voire tripler. Enfin, pour le riz, la situation n'est pas viable : l'Afrique de l'Ouest importe aujourd'hui près de 70 pour cent du riz qu'elle consomme, et souffre donc d'un énorme déficit de production.
Pourtant, d'autres produits sont à prendre en compte pour améliorer et diversifier les résultats économiques de la région. Le coton, le cacao ou le café sont par exemple des produits exportables qui peuvent largement contribuer à créer des emplois et augmenter les revenus. Enfin, les fruits et légumes tropicaux, le sésame et les noix de cajou sont également des produits avec un large potentiel qui pourraient encourager et ce durablement la croissance des exportations.
Des systèmes inclusifs :
Selon le rapport publié par la FAO et la FIDA, l'accès aux crédits et aux marchés pour les petits exploitants de la région ne peut se faire uniquement si l'on fait intervenir à la fois le secteur public et le secteur privé. Ainsi, les pays de la région doivent d'abord faciliter l'octroi des crédits et des ressources aux femmes. En effet, ce sont des acteurs majeurs qui ont un rôle central dans les filières alimentaires de base en Afrique de l'Ouest : monsieur Elbheri mentionne que « l'étuvage du riz au Burkina Faso, [...] la production de manioc au Cameroun ou [...] la transformation artisanale de l'huile de palme au Ghana, une grande partie de la production et de la transformation des cultures vivrières en Afrique de l'Ouest est le fait des femmes». Mais les organisations d'agriculteurs doivent elles aussi faire l'objet de davantage de renforcement, en les aidant par exemple à améliorer le pouvoir des exploitants lors des négociations avec les fournisseurs ou les acheteurs.
L'ouvrage termine par donner certaines recommandations afin d'accélérer la mise en œuvre des programmes nationaux d'investissement agricole de l'Afrique de l'Ouest, en citant le Programme détaillé de développement en Afrique (PDDAA).
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Crédit image : FAO, John T. Monibah
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07/10/24 à 12h30 GMT