La Stratégie canadienne pour une économie bleue:
Une occasion pour planifier une économie durable pour les communautés de la Baie-des-Chaleurs, et du détroit de Northumberland
Pour donner suite à l'engagement du Canada à l’entente internationale relative aux Transformations pour une économie océanique durable[1], le gouvernement fédéral a lancé la phase d'engagement visant à élaborer la Stratégie de l'économie bleue du Canada qui sera présenté à la fin de l’automne 2021[2]. Cette annonce présente une occasion particulière pour les communautés du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Edward, de la Nouvelle-Écosse, et du Québec maritime de faire valoir leurs intérêts pour la pérennité et la protection des écosystèmes marins qui soutiennent l’économie bleue « durable » de la région.
Plusieurs communautés francophones et acadiennes profitent des écosystèmes marins et côtiers de la Baie-des-Chaleurs, au détroit de Northumberland[3], que ce soit grâce aux activités de pêches, de transformation des produits de la mer, d’aquaculture, du transport maritime, du tourisme, sans oublier celles liées à la conservation des milieux marins etcôtiers. Cette richesse, créée grâce à ces ressources naturelles, constitue l’économie « bleue ». Une économie vitale en matière de développement régional pour un territoire dont la gestion est partagée avec le gouvernement fédéral et les provinces du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l’Îles-du-Prince-Edward.
La santé et la viabilité des écosystèmes marins et côtiers de la région sont de grande importance pour la durabilité de l’économie bleue. Il s’agit par exemple des plantes marines telles que leszostères [4], ou de divers autres assemblages de macroalgues,[5] de marais salants ou saumâtres, de dunes et plages.
Alors que, le « monde entier » planifie l’utilisation de l'océan comme un élément essentiel dans les plans de relance économique post-pandémique, nous voulons souligner l’importance de prioriser la pérennité des écosystèmes pour qu’une économie bleue soit « durable ». Pour le faire, il faut entreprendre une planification avec une approche écosystémique, qui anticipe et prend en compte par exemple les impacts cumulatifs [6] de l’augmentation des activités sur ces milieux.
Cette approche doit être priorisée même si une gestion écosystémique du milieu marin est complexe au Canada alors que le domaine maritime (colonne d’eau) est de compétence fédérale, tandis que les politiques régionales concernant l’utilisation du territoire terrestre et des ressources naturelles des zones côtières sont de compétences provinciales.
Par ailleurs, nous devons souligner que les impacts des changements climatiques sur les écosystèmes marins sont préoccupants et leurs effets à long terme devront être considérés pour toutes les activités de l’économie bleue. En effet, l’augmentation atmosphérique de la concentration en CO2 joue un rôle important dans le changement de la chimie des océans ayant des conséquences négatives sur la croissance de nombreux organismes marins incluant les planctons, mollusques, crustacés, et coraux., qui sont la base de la chaîne alimentaire.
De l’installation des Premières Nations à aujourd’hui, l’océan a permis de faire prospérer les communautés côtières de la Baie-des-Chaleurs, et du détroit de Northumberland depuis des millénaires. De ce fait, l’effort principal de la Stratégie de l’économie bleue du Canada doit considérer les impacts cumulatifs de l’ensemble des activités qui reposent sur les écosystèmes, porter une attention particulière sur la réduction des émissions de CO2 et prioriser la conservation et la restauration des écosystèmes marins pour que cette économie soit et demeure durable.
L’annonce du 8 février 2021, par la ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, de créer une Stratégie de l’économie bleue du Canada présente une occasion particulière d’assurer qu’une approche écosystémique et que des mesures destinées à contrôler, à réduire et à prévenir les conséquences néfastes des effets cumulatifs [7] deviennent le point central de la Stratégie.
Cet article est rédigé par Anne Lévesque, conseillère au Conseil de la Conservation du Nouveau-Brunswick https://www.mediaterre.org/membres/CCNB/ en collaboration avec Anne Fauré, Professeure dans le programme de maîtrise de gestion des ressources maritimes, Université du Québec à Rimouski. https://www.mediaterre.org/membres/anne_faure/
[2] https://dfo-mpo.gc.ca/campaign-campagne/bes-seb/index-fra.html
[3] https://waves-vagues.dfo-mpo.gc.ca/Library/334420.pdf p.8
[4] http://gibsons.ca/wp-content/up
loads/2017/12/eelgrassfacts.pdf
[5]https://www.nwt.org.uk/wildlife-explorer/marine/seaweeds-and-seagrass
[6]D’après le Conseil canadien des ministres de l’Environnement (CCME) le changement dans l'environnement causé par les multiples interactions des activités humaines, et des processus naturels qui s'accumulent dans le temps et l'espace »https://ccme.ca/fr/res/cedefinitionsandprinciples1.0f.pdf
[7] https://ccme.ca/fr/res/cedefinitionsandprinciples1.0f.pdf
Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick (1707 hits)
Co-auteur Anne Fauré (1707 hits)
07/10/24 à 12h30 GMT