Citi va consacrer 50 milliards de dollars à la réduction des gaz à effet de serre
Par Howard Cincotta Correspondant de l'USINFO
Washington - Comment une banque, même si c'est la plus grande du monde, peut-elle agir face aux changements climatiques et aux émissions de gaz à effet de serre alors qu'elle n'est pas à la tête d'une usine ou d'une société de transport ?
Dans le cas de Citi (qui portait auparavant le nom de Citigroup), dont le nombre de clients atteint quelque 200 millions et qui a des filiales dans une centaine de pays, la réponse est un programme complexe et ambitieux qui prévoit d'investir 50 milliards dans les domaines des sources d'énergie renouvelables et des nouvelles technologies.
Selon son président-directeur général, M. Charles Prince, il ne s'agit pas d'une liste de voux pieux, mais d'un plan réaliste et réalisable qui répond à des besoins essentiels dans le monde et qui donne suite à une nouvelle occasion d'investir.
La décision de Citi et celles d'autres sociétés dans ce domaine constituent des éléments essentiels du partenariat entre les pouvoirs publics, le secteur privé, les organisations non gouvernementales et les collectivités locales visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce thème sera celui d'une conférence sur la sécurité énergétique et les changements climatiques organisée sous l'égide du président Bush qui se tiendra les 27 et 28 septembre à Washington.
Citi cherche à réduire les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement de notre planète au moyen de diverses stratégies reposant sur le jeu des lois du marché et sur les investissements de ses clients qui pourront faire des bénéfices tout en contribuant à résoudre peut-être le plus grand problème environnemental de notre époque.
« Citi comprend comment les changements climatiques vont modifier profondément l'économie, et cette banque fait ouvre de pionnier en offrant la possibilité aux marchés de capitaux de faire face aux changements climatiques », a indiqué Mme Eileen Claussen, qui est à la tête de l'organisme indépendant et sans but lucratif spécialisé dans les changements climatiques, le Pew Center on Gobal Climate Change.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant des locaux de Citi
Le programme décennal de Citi est aussi divers que cette société elle-même. Il est prévu de consacrer 10 milliards de dollars principalement à la réduction des gaz à effet de serre du vaste parc immobilier de Citi, de quelque 10 % d'ici à 2011 par rapport à 2005. Ce parc immobilier se compose de 14.500 bureaux et installations répartis à travers le monde.
Par exemple, à Francfort (Allemagne), Citi construit actuellement un centre de données qui sera l'un des plus économes en énergie. Selon une responsable de cette banque, Mme Sue Harnett, il s'agira du centre de données le plus important de Citi en dehors des États-Unis, mais on ne s'en douterait guère d'après sa facture d'électricité.
Le centre de Francfort, qui doit s'ouvrir en mars 2008, consommera 25 % de moins d'électricité (représentant l'équivalent de la consommation de 3.000 logements par an) qu'un immeuble classique de la même taille, émettra 11.000 tonnes de gaz carbonique de moins qu'un tel immeuble et économisera 400.000 hectolitres d'eau par an.
Les investissements dans le domaine énergétique
Au cours des dix prochaines années, Citi envisage d'investir plus de 30 milliards de dollars dans le domaine des énergies propres et de remplacement par l'intermédiaire de filiales telles que Sustainable Development Investments et Citi Alternative Investments. Ces investissements porteront sur des sources d'énergie renouvelables telles que l'énergie éolienne, l'énergie solaire et l'énergie géothermique ainsi que sur de nouvelles technologies comme les moteurs à combustion à très grand rendement et les piles à hydrogène.
Parmi les entreprises qui bénéficieront de tels investissements figurent un fabricant d'éoliennes (Suzion) en Inde et un centre de villégiature composé de 5.000 logements (Loreto Bay) situé à Baja (Mexique).
Par ailleurs, CitiMorgage s'est alliée avec la société japonaise Sharp Electronics, qui est le plus grand fabricant de piles photovoltaïques, pour offrir des prêts et des lignes de crédit à des propriétaires de logements désireux d'installer un générateur électrique solaire. Citi a également introduit sur le marché un prêt hypothécaire réservé aux logements économes en énergie et fait de la publicité pour des prêts consacrés à l'achat de voitures hybrides.
Le financement de l'échange de droits d'émission
Tout effort visant à réduire les émissions de gaz carbonique et d'autres gaz à effet de serre devra tenir compte en partie du fait qu'il est nécessaire de laisser les forces du marché fournir des incitations afin de réaliser les objectifs nationaux et internationaux en matière de changements climatiques.
Un des mécanismes auquel Citi s'intéresse est celui de l'échange des droits d'émission. La notion de base est simple : il s'agit d'établir un plafond global pour l'émission d'un gaz donné, puis de permettre à des sociétés et à d'autres entreprises qui émettent ce gaz d'acheter et de vendre entre elles les droits d'émission tout en maintenant le plafond global ou en le diminuant progressivement.
De tels mécanismes ont déjà été couronnés de succès aux États-Unis, où ils ont permis de réduire les pluies acides dues aux oxydes d'azote et au dioxyde de soufre. À l'heure actuelle, l'échange des droits d'émission sert maintenant à limiter un autre gaz à effet de serre, le méthane.
Citi, qui dispose déjà d'un service spécialisé dans l'échange des droits d'émission à Londres, a récemment facilité un accord entre la société aérienne britannique EasyJet et un producteur équatorien d'énergie hydroélectrique qui permet aux voyageurs d'EasyJet de compenser les émissions de gaz à effet de serre dues à leur voyage.
Selon Citi, on commence à observer l'apparition de marchés de droits d'émission de gaz à effet de serre notamment en Europe, et ce phénomène devrait s'étendre sous peu à la Californie (qui représente la sixième économie du monde).
Il s'ensuit que le marché mondial de droits d'émission de gaz à effet de serre grandit à un rythme exponentiel : il est passé de 337 millions de dollars en 2004 à 12 milliards en 2005 et à près de 30 milliards au début de l'année 2007.
En d'autres termes, ce marché pourrait être, selon Citi, une source de profit pour les investisseurs et un moyen de réduire les principaux gaz à effet de serre dans le monde.
Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://usinfo.state.gov/fr/
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