Charlevoix se prononce contre un projet d’éoliennes
Les forces vives de la région de Charlevoix, appuyées par des groupes nationaux, tels Nature Québec, SNAP Québec et Zecs Québec, s’opposent à la réalisation du projet d’éoliennes de la compagnie RES, laquelle désire implanter 37 éoliennes dans la Zec du Lac-au-Sable, au pied du Parc national des Hautes-Gorges, pour une puissance installée de 74 mégawatts. Ils souhaitent qu’Hydro-Québec ne retienne pas ce projet au terme de son appel d’offres, car il ne répond pas aux critères d’acceptabilité sociale et de respect de l’environnement physique dans lequel il s’insère.
Les membres de la Coalition, dans laquelle on retrouve Tourisme Charlevoix, la Chambre de commerce de Charlevoix la MRC de Charlevoix-Est, la Réserve mondiale de la biosphère de Charlevoix, Zecs Québec et la Zec du Lac-au-Sable, ne s’opposent pas au développement de la filière éolienne au Québec et ailleurs dans Charlevoix (un autre projet d’éoliennes est bien accueilli par la région). Ils veulent que la construction d’éoliennes respecte certaines règles d’implantation et n’altère pas les magnifiques paysages de Charlevoix. Ce qui n’est pas le cas du projet RES.
Pour Mathias Dufour, président de la Zec du Lac-au-Sable, « Notre zec, c’est le pays de Menaud maître-draveur, le héros de Félix-Antoine Savard. Le projet défigurera complètement nos paysages qui sont situés au pied du Parc national des Hautes-Gorges. Il ouvrira de nouveaux accès sur le territoire, ce qui risque de détruire des habitats et de créer beaucoup de pression sur la faune qu’on essaie de gérer de manière durable ». Le projet affectera directement 370 000 mètres carrés d’habitats et on estime qu’environ 30 kilomètres de routes seront nécessaires pour sa réalisation.
Pour M. Dufour, un ancien préfet de la MRC et pionnier de la création du Parc national des Hautes-Gorges, « Cela me bouleverse complètement de penser que les visiteurs de ce parc, du haut de l’Acropole des draveurs (le plus beau promontoire), auront la vue obstruée par les éoliennes. On n’a pas tout fait ça pour en arriver là! ».
Pour Tourisme Charlevoix et la Chambre de commerce de Charlevoix, l’impact négatif de ce projet est aussi économique. Les gens viennent dans Charlevoix pour ses espaces naturels et pour ses paysages à couper le souffle. On ne peut pas mettre des éoliennes en plein cœur des plus beaux produits touristiques de la région. Tourisme Charlevoix rappelle que les revenus générés par le tourisme dans la région s’élèvent à environ 160 millions de $. Pour le seul parc des Hautes-Gorges, les retombées annuelles s’élèvent à 25 millions de $. Le parc contribue au maintien de 450 emplois dans la région de Charlevoix.
Pour la MRC de Charlevoix-Est, il est important que les projets éoliens respectent son guide d’implantation. « Les éoliennes sont bienvenues dans Charlevoix. On doit cependant s’assurer de la compatibilité des usages pour faire en sorte que le développement des uns ne se fasse pas au détriment des autres. Un projet de règlement est actuellement en voie d’approbation. Il donnerait une zone de protection visuelle autour du parc des Hautes-Gorges (16 kilomètres autour de l’Acropole des draveurs) pour protéger l’expérience unique que les visiteurs ressentent du haut de ce magnifique promontoire naturel. Ce règlement doit être approuvé par le ministère des Affaires municipales avant d’être appliqué. »
On rappelle que la Zec du Lac-au-Sable est limitrophe au Parc national des Hautes-Gorges et que ce périmètre de 16 kilomètres pourrait conduire à une redéfinition du projet RES.
Enfin, selon Jean-Claude D’Amours de Zecs Québec, « La fédération ne s’oppose pas systématiquement aux projets éoliens sur les zecs. Cependant, on croit que dans les zecs plus petites, de moins de 500 kilomètres carrés (c’est le cas de la Zec du Lac-au-Sable), il est difficile d’aménager le territoire de manière harmonieuse et sans conflit d’usages ». M. D’Amours rappelle que, dans une récente enquête d’opinion, la Zec du Lac-au-Sable s’est classée deuxième parmi les 63 zecs que compte le Québec et que les répondants se souviennent d’avoir visitées.
Selon Nature Québec et SNAP Québec, le développement de la filière éolienne se fait de manière anarchique au Québec et les projets poussent au gré du vent, sans véritable critère de localisation et sans grande consultation des autorités locales. Selon Marie-Ève Marchand, de SNAP Québec, « Il faut créer des zones tampons autour des parcs nationaux pour éviter la présence d’activités incompatibles à la périphérie des parcs ».
Et Christian Simard, de Nature Québec, d’ajouter « Nous ne comprenons pas que, d’une part, Hydro-Québec limite le développement éolien à 10 % de sa production et que, d’autre part, il ne se soucie pas de l’implantation anarchique des projets le long de la vallée du Saint-Laurent. »
« Il aurait été important de tenir des audiences publiques « génériques » pour fixer les balises du développement éolien au Québec. On aurait pu établir des critères de localisation qui auraient protégé notamment les abords des parcs nationaux et on aurait pu s’assurer d’un maximum de retombées économiques pour les régions, en favorisant par exemple les projets de coopératives issus du milieu. On aurait pu ainsi éviter aux communautés d’avoir à se liguer contre des projets comme celui de RES qui ne passent pas la rampe » de conclure Christian Simard.
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