Médiaterre a rencontré Pascal Beauchesne à la suite à sa présentation à la journée Infopresse Novae sur le développement durable. Sa présentation portait sur l'activisme 2.0 ; une manière de transmettre un message qui s'éloigne des médiums de communication usuels et qui paraît l'allié naturel de la communication responsable.
Beauchesne est issu du monde de la communication. Il a travaillé au sein de grandes agences ainsi que pour le secteur privé et parapublic. Il se définit depuis 1999 comme stratège en communications et nouveaux medias et, de plus en plus, comme spécialiste en réseautage de talents. Sa philosophie : constamment remettre en question les façons de communiquer.
Découlant du web 2.0 (tendance décrivant l'utilisation de l'Internet pour faciliter l'échange et la collaboration entre individus), l'activisme 2.0 ou la "communication 2.0" trouve un terrain fertile alors que "nous entrons dans une ère où la collaboration, l'échange d'idées et de connaissances sont au coeur des processus d'innovation". Les réseaux sociaux virtuels sont emblématiques de cette nouvelle forme d'échange, de cette collaboration. Pour le LAB Foundation, l'enjeu principal est de pleinement prendre part à l'évolution technologique. Elles permettent le développement du potentiel de chaque individu.
Dans cette ère de changement technologique, "ceux qui se prêteront au jeu disposeront d'une longueur d'avance" souligne Beauchesne. " Mais attention, il faudra qu'ils aient l'ouverture d'esprit nécessaire". À ce sujet, les réseaux en développement durable ont cette longueur d'avance. Pour Beauchesne, "ils ont compris depuis longtemps qu'on touchait beaucoup plus la population en utilisant les voies de communication par la bande. Traditionnellement, ils étaient aussi hors-norme". Beauchesne offre d'ailleurs ses services de manière bénévole à quelques acteurs du milieu environnemental Montréalais. Parmi ceux-ci, Équiterre, une groupe connu pour le succès de sa stratégie de communication.
Lors de la conférence, Beauchesne a expliqué d'entrée de jeu qu'il avait développé une aversion pour les publicités vertes vides de sens. Il explique que cette aversion s'était confirmée quelques mois auparavant. Dans la même journée, il se faisait frapper par une voiture et il voyait une publicité ventant les mérites en durabilité de cette même marque de voiture. C'est cette sincérité que l'on ressent à la rencontre de celui qui est devenu une figure remarquée du milieu de la communication au Québec. Si de nombreuses compagnies se distancent du greenwashing (mascarade verte), l'énergie encore consacrée pour ce type de publicité doit trouver son pendant. Ce pendant doit être au bénéfice de la société et, pour Beauchesne, il n'y as pas meilleur instrument que celui qui se tonifie à partir des forces même de celle-ci : le pouvoir créatif des individus canalisé et consolidé par la collaboration.
Beauchesne cherche particulièrement à bâtir des ponts entre le milieu de la communication corporative et le milieu communautaire ou culturel. Pour ce faire, il a comme atout une connaissance approfondie des acteurs du milieu de la création. Cela se marie avec une ouverture sur l'utilisation de technologies d'avant garde et sur une passion pour l'exploitation de champs créatifs inédits (performances d'art de rue, néograffitisme, diode électroluminescente, campagnes virales, art environnemental, etc.).
Il travaille notamment avec le Goethe-Institut de Montréal à l'élaboration d'un projet utilisant une forme d'art contemporain mais dont il garde les détails secrets pour le moment. Le projet s'inscrit dans le cadre de la campagne " La langue de ton environnement " pour laquelle il voit beaucoup de potentiel. Rappelant son expérience intime " avec une voiture qui aurait pu (lui) faire perdre le vie ", il cherche par ce projet à faire réaliser aux gens la place que la voiture prend dans la ville, dans la vie. "Il y a beaucoup à apprendre de l'Allemagne où la voiture ne domine pas la ville comme elle semble le faire ici. C'est là que la campagne a une force ; elle vise, comme LAB Foundation, à l'émergence d'une conscience environnementale globale". Ici, l'art peut être utilisé dans toute sa puissance d'évocation pour faire réfléchir ou pour faire passer un message "sans attache de marque". Selon Beauchesne, c'est ce que recherche une frange de plus en plus importante de la population.
LAB Foundation collabore aussi avec la compagnie Crocs. Le "Crocs Designer Series" en est le fruit. La marque québécoise a ainsi jumelée son ADN avec celui de différents designers. "De l'innovation à l'état pur" explique t'il.
C'est en 2007 que Pascal Beauchesne lance avec Patrice Lacroix le "collectif de talents". Le LAB Foundation fait de la recherche et développement (R&D) en communication afin d'élaborer des stratégies innovantes pour positionner les marques. Ces recherches permettent d'expérimenter certaines stratégies encore trop nouvelles pour faire partie des stratégies de communication usuelles. Le groupe, qui voudrait à terme se transformer en fondation indépendante pour la promotion du talent créatif, offre des services conseil pour accompagner entreprises et organisations au delà du paysage traditionnel du monde de la communication. La période n'aurait pu être mieux choisie. Beauchesne explique que " le monde des médias a évolué plus rapidement ces dix dernières années qu'au cours des trois décennies précédentes ".
Pour le communicateur, les nouvelles manières de communiquer l'engagement environnemental vont aujourd'hui bien plus loin que le bilan de durabilité corporatif et bien plus loin que la multitude de médiums utilisés par le milieu communautaire. Si les deux sont essentiels, ce qu'il propose c'est de tirer profit des forces des deux approches pour en créer une nouvelle. Elle doit "prendre les gens par les trippes". La première question qu'il pose aux organisations avec lesquelles il travaille est : "voulez-vous innover ?".
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