Issu des mouvements populaires des années 1960 et particulièrement des événements de 1968, le Parti Vert Allemand a évolué dans un contexte totalement différent que celui du Parti Vert Canadien. Bien que les mouvements environnementaux des deux pays soient tout deux entrés dans la sphère politique formelle, ils se retrouvent politiquement dans des situations très différentes.
La rapidité des changements sociaux entrainés par les événements de 1968 en Europe furent de véritables propulseurs pour les revendications écologistes. Combiné à d'autres facteurs comme la montée du mouvement anti-nucléaire ouest-allemand, les Allemands ont créé une coalition écologique " les verts " qui a remporté plusieurs sièges lors d'élections locales dans les années 1970. Le mouvement anti-nucléaire allemand aurait débuté en 1971 suite à l'annonce de la construction d'un réacteur. L'opposition citoyenne obligea les autorités à abandonner le projet.
La table ronde organisée par le Goethe-Institut traitera de la montée des mouvements environnementaux dans l'après-1968. L'intitulé complet de l'événement est " Critique et violence. L'esprit de 1968 et la naissance du mouvement environnemental ".
La discussion se déroulera entre Andreas Pettenkofer, Stéphane Castonguay et Denise Proulx. Le premier est un sociologue, juriste et philosophe travaillant en Allemagne et dont les domaines de recherches sont la théorie sociologique et culturelle, les mouvements de protestation, la violence et la sociologie des émotions. Stéphane Castonguay est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire environnementale. Il a récemment dirigé deux publications sur l'histoire environnementale du Québec. Denise Proulx animera la discussion. Sociologue de formation, elle fut militante avant de devenir journaliste en environnement. La conférence devrait permettre aux participants de faire des parallèles entre la relative politisation canadienne des mouvements environnementaux et l'origine du Parti Vert en Allemagne.
Sidney Ribaux, Coordonateur général d'Équiterre proposera une réflexion sur le sujet par un discours d'ouverture. Équiterre est partenaire du programme " La langue de ton environnement ". L'organisation pousse les frontières du militantisme et fait partie de la nouvelle vague de mouvements environnementaux dont l'objectif est de contribuer à bâtir un mouvement de société axé sur la promotion d'un mode de vie responsable.
Le titre choisi, " critique et violence " rappellera aux participants qu'ils sont dans les locaux montréalais de la plus importante institution culturelle d'Allemagne alors que les Allemands soulignent cette année le 40e anniversaire des événements de 1968. Ceux-ci ne peuvent faire autrement qu'être associés aux révoltes étudiantes mouvementées. Rien de tel au Canada.
Bien que 1968 soit aussi une année charnière au Canada, le mouvement environnemental était déjà solidement implanté. On parle du mouvement " conservationniste ". Il s'agit d'un mouvement empreint de conservatisme qui demeurait mal organisé. Une mouvance réformatrice et revendicatrice est apparue en 1970. La Société Pour Vaincre la Pollution (SVP) publiait la revue Écologie-Québec. Une symbolique culturelle moins forte que les volées de pavés (ou de Pflasterstein) d'outre-atlantique.
Mechtild Manus, directrice du Goethe-Institut explique qu'en Allemagne il existe " une distinction entre l'avant et l'après 1968 ". Pour madame Manus, " 1968 semble être l'année où l'idée même de 'démocratisation par la base' a réussi à s'implanter. C'était à l'avantage des mouvements citoyens dont est issu le mouvement environnemental actuel ".
Voilà un sujet d'actualité à l'heure où le Parti Vert Canadien se remet des élections fédérales d'octobre 2008 alors qu'il n'a réussit à faire élire aucun candidat à travers le pays bien qu'il ait obtenu 7% des votes. Certains diront que le système électoral Canadien empêche l'entrée des petits partis dans l'arène politique symbolique qu'est la Chambre des communes. Dans ce contexte, la situation du Parti Vert Allemand semble enviable. Dans le système électoral Allemand, Elizabeth May aurait pu entrer au Bundestag en dépassant le seuil du 5%.
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