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Croissance économique et érosion de la résilience des écosystèmes au Québec



  • En 2009, des chercheurs provenant d’horizons divers ont mis en commun leurs efforts pour évaluer scientifiquement l’état des écosystèmes planétaires. Ce qu’ils appellent le « système de la Terre » fut l’objet de leur étude : un ensemble complexe constitué des processus socio-économiques et des processus biophysiques, intégrant tous les cycles naturels à l’origine de l’état environnemental de notre planète dans ses dimensions spatiale et temporelle.

    Les différents cycles biologiques naturels ont été analysés sous l’angle de systèmes complexes non linéaires. L’atteinte d’un seuil, défini aussi comme une transition non linéaire agissant comme un point de basculement, peut donner lieu à un changement irréversible de l’état d’un écosystème entier.

    Le concept de « limites planétaires » se veut un cadre pour concevoir une nouvelle approche de gouvernance et de gestion, qui rompt avec les analyses sectorielles et fragmentaires ayant pour effet de minimiser les externalités. Les limites planétaires rappellent l’importance de déterminer une zone sécuritaire pour le développement humain et éviter un bouleversement à l’échelle planétaire, entrepris depuis le début de l’ère industrielle.

    Cette pression provenant des activités humaines pourrait entraîner des bouleversements irréversibles pour les systèmes biophysiques de la Terre. Cette approche basée sur l’établissement de seuils s’appuie sur trois champs d’études scientifiques :

    • L’échelle de l’action humaine en relation avec la capacité biophysique de la planète et la capacité des écosystèmes à se régénérer en regard de l’expansion économique;
    • La compréhension du système de la Terreet du développement durable;
    • La prise en compte du cadre conceptuel de la résilience des écosystèmes, des systèmes complexes et de l’autorégulation des systèmes vivants (James Lovelock).
    Une approche qui repose sur les principes suivants :
    • Limiter la croissance économique et démographique;
    • Établir des standards minimums de sécurité;
    • Respecter le principe de précaution;
    • Permettre des fenêtres tolérables sur l’avenir.

    Les scientifiques ont délimité neuf seuils planétaires. Les connaissances scientifiques seraient suffisantes pour quantifier sept limites planétaires, sauf en ce qui concerne la charge d’aérosol et la pollution chimique de l’atmosphère, dont les données sont insuffisantes.

    Les neuf seuils planétaires couvrent :
    • Les cycles biogéochimiques du nitrogène, du phosphore, du carbone et de l’eau;
    • Les systèmes de circulation physiques majeurs de la Terre : le climat, la stratosphère, les systèmes des océans;
    • Les caractéristiques biophysiques de la Terre, qui contribuent à la résilience sous-jacente des écosystèmes, et sa capacité d’autorégulation (les biodiversités terrestre et marine);
    • Deux caractéristiques critiques associées à des changements globaux anthropogéniques soit la charge d’aérosols et la pollution chimique.

    Les travaux des chercheurs permettent d’affirmer que l’humanité a déjà dépassé trois de ces seuils planétaires :

    • Les terres cultivables : les humains ont interféré dans le cycle du nitrogène notamment par la déforestation en raison de l’exploitation des terres agricoles et de l’usage intensif de pesticides depuis les années 50.
    • Le réchauffement climatique qui s’accentue depuis les années 1980. La quantité de gaz carbonique augmente à un rythme insoutenable. Le réchauffement climatique est à l’origine de l’acidification des océans dont le taux est 100 fois plus rapide qu’au cours des 20 dernières années. La limite proposée par les scientifiques (réduire le CO2 sous le seuil de 350 parties par million le plus rapidement possible)vise à minimiser la réponse non linéaire, abrupte et irréversible, des systèmes de la Terre. Et d’éviter le bouleversement des climats régionaux et l’effondrement de la dynamique climatique comme la circulation thermohaline;
    • L’usage de l’eau qui a atteint un seuil critique ainsi que l’altération des sols.

     

    Une analyse signée Sylvie Woods, pour GaïaPresse. La suite est accessible en cliquant sur le lien ci-dessous.

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