Cet été encore, armés de sécateurs et de détermination, ils coordonnent leurs attaques contre l’ennemi vert numéro un de l’île de Montréal, le nerprun cathartique. Du 28 juin au 13 août, une trentaine d’étudiants âgés de 16 à 19 ans s'affairent à éradiquer la plante envahissant parcs et terrains vacants. C’est le cas de Lerby Jean-Calixte, un des six chefs d’équipe du projet, qui en est à sa troisième année de participation.
Pour Lerby, l’aventure a commencé en 2008 alors qu’il était finissant à l’école secondaire Saint-Laurent. Dans son cours d’éthique, le professeur a parlé du Projet de restauration et de valorisation de la biodiversité en milieu urbain, plus communément appelé le Projet nerprun. Intéressé, le jeune étudiant a fourni son nom de même qu’une lettre de motivation. « La nature me tient à cœur », explique-t-il. De plus, « tout ce qui touche le paysage » l’importe, étant donné qu’il projette poursuivre ces études pour devenir architecte.
Un travail d'équipe
La coordonnatrice du projet à la Société de verdissement du Montréal métropolitain (SOVERDI),
madame Malin Anagrius, précise que l’objectif du Projet nerprun,
au-delà de l’éradication de la plante, est de « motiver les jeunes des
quartiers défavorisés à travailler » tout en leur en « apprenant
beaucoup sur la nature » et en « les responsabilisant. » Outre un
salaire variant entre 10,50 $ et 12,00 $ de l’heure selon l’ancienneté,
une formation d’une journée ainsi qu’un cours de premiers soins sont
offerts aux étudiants participants. Pour le processus d’éradication,
SOVERDI collabore avec deux autres organismes sociaux à but non
lucratif, soit le Groupe uni des éducateurs-naturalistes et
professionnels en environnement (GUEPE) et les Amis de la montagne.
Même si plusieurs étudiants du projet ne reviennent pas l’année suivante car le « travail est physique », explique Lerby, l’ambiance est « très bonne dans le groupe. » Et l’expérience est enrichissante, ajoute-t-il. « On n’est pas tous du même coin et des mêmes origines. […] À force de travailler ensemble, on est rendu comme une famille. »
Des partenaires importants
Cette année, ce sont 235 000 $ qui ont été injectés pour
éradiquer la plante exotique envahissante dans trois secteurs de la
région de Montréal, soit le mont Royal, l’Île-de-la-Visitation et le
Bois-de-Liesse. Les partenaires financiers sont la Fondation
Hydro-Québec pour l’environnement (100 000 $), le ministère des
l’Immigration et des Communautés culturelles par le biais du Programme
Valorisation Jeunesse – Place à la relève (96 000 $), la Ville de
Montréal et le ministère de la Culture, des Communications et de la
Condition féminine dans le cadre de l’Entente sur le développement
culturel de Montréal (35 000 $) et la Fondation de la famille Claudine
et Stephen Bronfman/Programme C-Vert (4 000 $).
Principale menace à Montréal
Résistants à plusieurs niveaux d’ensoleillement et
d’humidité, les nerpruns seraient la « principale menace pour les
écosystèmes des grands parcs à Montréal », selon la Ville. Le nerprun
cathartique, produisant une foule de petites grappes de fruits
noirâtres, se reproduit rapidement, aidé des oiseaux qui disséminent ses
graines. Pouvant atteindre « jusqu’à six mètres de haut » et ayant des
ramifications « jusqu’au ras du sol », l’arbuste a un important impact
sur la biodiversité des espèces naturelles au Québec.
En provenance d’Europe, « le nerprun cathartique a été introduit [au Québec] pour fins ornementales il y a plusieurs années », raconte l’agronome-botaniste de la MAPAQ Romain Néron. Cet arbrisseau généralement touffu n’a pratiquement pas « d’ennemis naturels dans l’écologie québécoise » et donc « si on ne fait rien, il progresse. »
Le botaniste explique sur une fiche descriptive que l’arbuste envahissant est « très présent » à Montréal, Laval, Gatineau, Longueuil, Québec et Sherbrooke. Il est « surtout abondant dans la partie sud-ouest de la plaine du Saint-Laurent, particulièrement dans les régions de Hemmingford, Huntingdon, Godmanchester et de Vaudreil-Soulanges. »
Depuis 2008, ce sont « plus de 4 000 plans indigènes » provenant d’une quinzaine d’espèces telles que l’érable à sucre, le chêne rouge d’Amérique, le tilleul d’Amérique et des amélanchiers qui ont été plantés pour remplacer l’envahisseur. Et le taux de survie de ces pousses – qui est d’environ 75 % – est « assez bon », spécifie Mme Anagrius. Toutefois, le travail n’est pas terminé, explique la responsable, car « ça prend cinq ans de coupe de tiges pour épuiser les racines du nerprun complètement. »
Fort heureusement, « les subventions de plusieurs organismes participants sont déjà assurées pour l’année prochaine ! », confie-t-elle.
Un articlé signé François René de Cotret, pour GaïaPresse.
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