Sans experts indépendants
Ce peu d'experts indépendants québécois est sans doute
normal puisque l'exploration (et l'exploitation éventuelle) des gaz de
schiste au Québec est un secteur d'activité tout nouveau. Certains
diront que le BAPE, qui doit faire appel à des experts lors de ses
audiences sur le sujet (c'est dans son mandat), pourra toujours utiliser
des scientifiques qui travaillent à l'extérieur du Québec. Auront-ils
toutefois une compréhension aussi fine des enjeux propres à la province?
Jean Baril, avocat et spécialiste en accès à l'information
environnementale, croit que les personnes désireuses d'intervenir devant
le BAPE n'auront pas grand-chose à se mettre sous la dent. " Les
citoyens touchés et les groupes environnementaux devront se fier à des
études étrangères sur le sujet, car peu ont été réalisées ici, dit-il.
Il y aura bien sûr le rapport du ministère (qui devrait être publié
prochainement), mais ce document mériterait d'être soumis à une
contre-expertise avant d'être utilisé. " Il craint que les Québécois n'y
lisent des demi-vérités ou même de fausses informations.
En fait, on peut se poser la question : en quoi notre expertise se situe-t-elle? Selon Denis Lavoie, géologue à la Commission géologique du Canada,
nous avons au Québec une bonne connaissance des formations géologiques.
" Le savoir qui se rapporte aux techniques de forage et aux techniques
d'exploitation des gaz de schiste est entre les mains des entreprises
spécialisées dans le domaine, dit-il. Les informations sur les volumes
totaux de gaz aussi. "
C'est tout un champ de recherches et de compétences qui
devra être développé dans les milieux universitaires, si les Québécois
veulent en avoir une analyse objective. Et il faudra que les sciences
pures acceptent de travailler avec les sciences sociales. Seule cette
multidisciplinarité pourra procurer une évaluation digne d'inspirer le
choix de société auquel les Québécois sont appelés à souscrire.
Dans le contexte actuel, rajoute Jean Baril, il sera
toujours difficile de se faire une idée juste et objective des risques
sociaux, économiques et environnementaux associés à l'exploitation de
ces gaz. Et il faudra se montrer critique face aux données des experts
et réclamer de connaître leurs antécédents et leurs présentes relations
professionnelles, pour mieux juger de la véracité de leurs
informations.
Enfin, aussi rigoureux que soient les scientifiques qui
gravitent autour du dossier des gaz de schiste, il faut retenir qu'au
Québec, l'expertise en sciences de l'énergie a d'abord été focalisée
vers l'hydroélectricité.
Un article signé Stéphane Gagné, pour GaïaPresse.
Mots-clés : énergie, gaz de schiste, experts, géologue, shales de l'Utica, Québec (province de).
[CME2010]
Lire l'article sur GaïaPresse (693 hits)
Système d’information géoscientifique pétrolier et gazier du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (1428 hits)