L'épinette noire est un sujet rarement traité dans une perspective d'histoire sociale. Cette essence n'a pas, dans la culture populaire, l'aura et la prestance du pin blanc, encore moins la noblesse et l'élégance de l'érable à sucre. L'attirance des êtres humains envers les choses rares et d'un grand esthétisme explique probablement un certain détachement des Québécois par rapport à cette espèce trop commune et au profil plutôt rude. Pourtant, elle est le symbole de la forêt boréale et forme des écosystèmes exclusifs à l'Amérique du Nord.
Qui plus est, l'épinette noire a été le moteur de l'économie québécoise du 20e siècle. C'est elle qui est au coeur de la naissance économique de la société québécoise grâce au développement de l'industrie de la pâte et du papier et c'est d'elle que pourrait provenir la relance de l'économie forestière dans les prochaines décennies à la suite du développement des bois d'ingénierie. Plus importante encore pour les ingénieurs forestiers du Québec, cette essence a joué un rôle majeur dans l'avancement de leur profession. Elle leur a permis d'introduire dans la forêt publique un concept clé de l'aménagement forestier scientifique : le rendement soutenu. Dans le contexte actuel où les modèles d'aménagement du passé sont remis en question, cet article propose un retour en arrière.
Cet article fait partie de la rubrique "Espèce de la semaine" proposée dans le cadre du dossier spécial de GaïaPresse sur l'Année internationale des forêts.
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