Des chercheurs de l'Université
McGill ont mis au point un procédé innovateur et économique pour filtrer
l'eau au moyen de nanoparticules d'argent
Les catastrophes naturelles, telles que les inondations, les tsunamis
et les tremblements de terre, entraînent souvent la propagation de
maladies comme la gastroentérite, la lambliase et même le choléra en
raison d'une pénurie immédiate d'eau potable. Le 23 février, des
chercheurs en chimie de l'Université McGill ont franchi un pas important
dans la réalisation d'un filtre papier économique et portatif recouvert
de nanoparticules d'argent, utilisable sur les lieux sinistrés.
" On utilise l'argent pour assainir l'eau depuis très longtemps. Les
Grecs et les Romains conservaient leur eau dans des cruches d'argent ",
nous dit le professeur Derek Gray, du Département de chimie de
l'Université McGill. Mais, bien que l'on utilise l'argent pour éliminer
les bactéries dans toute une variété de contextes, des pansements aux
chaussettes antibactériennes, on ne l'a jamais utilisé systématiquement
pour purifier l'eau auparavant. " C'est parce que cela semblait trop
simple ", affirme le professeur Gray.
L'équipe du professeur Gray, dont l'étudiante de troisième cycle Theresa
Dankovich, a recouvert des feuilles de papier poreux, absorbant et
épais (0,5 mm), de la taille de la main, de nanoparticules d'argent,
puis a répandu dessus des bactéries vivantes. " Vu au moyen d'un
microscope électronique, le papier semble recouvert de pois d'argent ",
nous dit Madame Dankovich, " et ce qui est formidable, c'est que les
nanoparticules d'argent adhèrent au papier, même si l'eau contaminée le
traverse ". Le résultat est convaincant. Même si le papier n'est
recouvert que d'une faible quantité d'argent (5,9 mg par gramme de
papier sec), le filtre parvient à tuer pratiquement toutes les bactéries
et à produire une eau qui satisfait aux normes établies par
l'Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis.
On n'envisage pas d'utiliser ce filtre pour le traitement quotidien de
l'eau. Il s'agit plutôt d'un dispositif d'urgence rapide que l'on
utilisera à échelle réduite sur les lieux de sinistres. " Le filtre est
efficace en laboratoire, nous dit le professeur Gray, mais il faut le
perfectionner et en faire l'essai sur le terrain. "
La recherche a été financée par le Conseil de recherche en sciences
naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et les travaux sont réalisés
dans le cadre du NSERC Sentinel Bioactive Paper Network [Réseau Sentinel
sur le papier bioactif du CRSNG].
Les résultats de la recherche ont récemment été publiés dans le Journal
of Environmental Science & Technology. Pour obtenir un résumé de
l'article (en anglais), visitez le site :
http://pubs.acs.org/doi/full/10.1021/es103302t