Au cours des 50 dernières années, la proportion de zones de haute mer dépourvues de tout oxygène a plus que quadruplé. Quant aux sites à faible teneur en oxygène situés près des côtes, y compris les estuaires et les mers, ils ont été multipliés par 10 depuis 1950. C’est ce que révèle une étude menée dans le cadre du groupe de travail international Global ocean oxygen network mis en place par l’Unesco.
Les scientifiques estiment que la teneur en oxygène va continuer à chuter dans ces deux types de zones au fur et à mesure que la Terre se réchauffera. Pour mettre un terme à ce déclin, il est nécessaire de limiter le changement climatique et la pollution par les nutriments.
L’étude provient du Global ocean oxygen network (GO2NE), un nouveau groupe de travail créé en 2016 par la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO. L’article publié dans Science le 5 janvier est le premier à analyser si largement les causes, les conséquences et les solutions à la désoxygénation à travers le monde, à la fois en haute mer et en eaux côtières.
Près de la moitié de l’oxygène sur notre planète vient de l’océan. Cependant, les effets combinés de la surcharge en nutriments et du changement climatique augmentent considérablement le nombre et la taille des « zones mortes » en haute mer et en eaux côtières, où le niveau d’oxygène n’est plus suffisant pour assurer la survie de la majeure partie de la vie marine.
Dans les « zones mortes » traditionnelles, comme celles de la baie de Chesapeake (Etats-Unis) et de la mer Baltique, la teneur en oxygène atteint des niveaux si bas que beaucoup d’animaux meurent asphyxiés. Comme les poissons évitent ces zones, leur habitat se réduit et ils se retrouvent plus exposés aux prédateurs et à la pêche.
Or les auteurs font remarquer que le problème dépasse de loin le seul phénomène des « zones mortes ». Même de plus petites baisses en oxygène peuvent freiner la croissance des espèces, entraver leur reproduction et entraîner des maladies voire la mort. Le changement des teneurs en oxygène peut aussi déclencher le rejet de substances chimiques dangereuses telles que le protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre jusqu’à 300 fois plus puissant que le dioxyde de carbone, et le sulfure d’hydrogène toxique. Si certaines espèces peuvent effectivement prospérer dans ces zones, il n’en est pas de même de la biodiversité dans son ensemble. Dans les eaux côtières, la pollution par les nutriments provenant des terres crée des proliférations algales qui consomment énormément d’oxygène lorsqu’elles meurent et se décomposent.
Source: Reporterre
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