Depuis leur introduction formelle sur l'agenda international en 2005, réduire les émissions dues à la déforestation et la dégradation des forêts dans les pays en développement et la diminution de l’impact du carbone forestier (maintenant appelé REDD ) sont apparus comme des défis déterminants pour l'élaboration des politiques nationales et internationales. En effet, selon la Banque mondiale, « les forêts sont les écosystèmes terrestres les plus diversifiés, préservent les bassins versants et les sols, régulent le climat et fournissent du bois, de l'énergie, la nourriture, les médicaments et l'eau à la société, en particulier aux peuples tributaires des forêts, dont un grand nombre vivent dans une situation précaire. »
D’autre part, la déforestation en cours et la dégradation des forêts, que le FAO estime à 5,2 millions hectares nets par an (plus de la taille du Costa Rica), représente jusqu'à un cinquième des émissions mondiales de carbone. La préservation et la diminution de l’impact du carbone forestier sont désormais envisagées comme des priorités critiques à l’échelle mondiale, et la Guyane est particulièrement concernée par ces objectifs. En effet, plus de 80% de la Guyane est couverte par la forêt. Une stratégie de développement à bas carbone pour la Guyane implique donc un engagement de l'espace terrestre et des ressources économiques, un engagement qui génère des conflits d’utilisation des terres et des calculs controversés en fonction des coûts et des avantages pour les acteurs concernés. En particulier, la position politique du pays quant à son capital naturel pose problème, notamment l’exploitation de ses ressources minérales, qu’il s’agisse de l’or, de diamants ou de l’uranium. Pour restreindre ou interdire leur exploitation, les coûts en termes d’opportunités sont énormes.
C’est face à ce dilemme qu’intervient l’initiative Guyane REDD , une initiative présentée comme un modèle pour d'autres pays et qui pourrait devenir une source de bonnes pratiques de développement durable. En effet, l’objectif du système REDD , dont l’acronyme signifie la Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts, vise à diviser et attribuer l’espace forestier à différentes activités, proportionnellement aux besoins requis par ces activités. Comme l'exploitation minière est le facteur de déforestation le plus important en Guyane, un espace bien délimité de la forêt est dédié à la protection de la biodiversité, ce qui n’empêche pas sa coexistence avec d’autres espaces dédiés davantage à la production et l’exploitation minière, afin que ces activités coexistent sans empiéter l’une sur l’autre. Cette initiative décourage ainsi la mise en place de politiques trop strictes, que ce soit pour les exploitants de matière première fournie par les sols, ou les défenseurs de l’environnement amazonien de la Guyane. Ainsi, les considérations du système REDD incluent la contribution de l’exploitation minière à l’économie en proposant une exploitation raisonnée de la forêt en faveur d’un développement économique contrôlé et durable, tant sur le plan social qu’environnemental.
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